
(L’illustration n’a rien à voir avec le titre ? Bien vu !)
Vous ne comprenez pas l’anglais ? Pas grave. Les images parlent d’elles-même (non, elles n’ont pas été filmées en terre lointaine. Calais, France, ça vous dit quelque chose ?
Quant à l’arrogance, elle suinte, elle coule, elle déferle. L’agresseur pose ses conditions à l’agressé, des journalistes ont le culot de parler des “tendances à l’autocratie” du président de la Turquie – de toute évidence, ils ne font pas partie des journalistes croupissant dans ses prisons. Des dirigeants dénoncent la Russie à tour de bras (ce sont les mêmes qui offraient des passeports dorés aux oligarches en échange de leur argent), pour aussitôt se précipiter dans ceux des producteurs de pétrole au Moyen Orient, là où le bétail est mieux traité que ne le sont les travailleurs étrangers et où les femmes sont des commodités. Quant aux malheurs des femmes afghanes, elles n’ont plus la cote, apparemment, et ah! que voilà des perspectives enchanteresses que celle d’un monde plus “juste, plus démocratique” grâce à l’alliance des autocraties contre des “démocraties”, celles-là même qui utilisent le rituel des élections comme feuille de vigne supposée recouvrir leur entière dévotion et dépendance sur les lobbies des puissances financières.
A part ça, tout baigne, plus ou moins. Les tulipes n’en ont cure; qu’elles en soient bénies (voir illustration.) Et, question écriture, je passe beaucoup de temps à me poser des questions sans réponse au sujet de toute la noirceur que traverse la lumière des étoiles lointaines.
Pour l’heure, le récit s’intitule “Visiteur” et il débute ainsi :
La difficulté commence ici même. Evidemment, vous ne la voyez pas, puisque vous êtes terriens. Je vous parle de la langue – cet appendice charnu dans votre bouche, ainsi que des sons que vous produisez et qui vous servent d’instrument de communication – ou de son contraire, selon l’usage que vous en faites.
Vous n’êtes même pas conscients du fait qu’en plus d’exiger une certaine anatomie, vos langages font appel à une notion qui vous paraît évidente – le temps. Non seulement en termes de ’passé -présent-futur – mais aussi dans le déroulé même du sens de cette communication. Le langage présuppose la durée. Cette évidence n’en est pas une pour vos visiteurs et il ne faut pas vous étonner si nous sommes si peu nombreux à tenter le défi de la ’communication’ avec vous.
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(The illustration has nothing to do with the title? Right on!)
No these images were not filmed in some foreign land far away. Ever hear of Calais, France?
As for arrogance, it oozes, it runs, it flows. The aggressor states his conditions to the aggrieved, journalists have the gall to write about the “autocratic tendencies” of Turkey’s president – clearly, they are not among the journalists rotting in his prisons. Leaders fall over one another in denunciations galore against Russia (the very same leaders who offered oligarchs golden passports against money), the better to rush into the arms of Middle Eastern oil producers in countries where cattle is better treated than are foreign laborers and where women are considered to be commodities. As for the misery endured by Afghani women, it no longer rates coverage, apparently, and ah! such enchanting perspectives lie ahead for a “more just and democratic” world thanks to the alliances of autocrats against “democracies” that use the ritual of elections as a fig leaf supposed to cover up their whole-hearted devotion and dependency on the lobbies of powerful financial interests.
Apart from which, all’s well, more or less. The tulips don’t care, bless them (see illustration). Writing wise, I spend a lot of time pondering questions with no answers concerning the humongous stretches of darkness through which shines the light from distant stars.
For the time being, the story is titled “Visitor” and begins as follows:
The difficulty starts right here. Of course, you don’t see it because you are earthlings. I’m speaking about the tongue – that fleshy appendage in your mouth, as well as the sounds that you produce and that are your instruments of communication – or its opposite, depending on the use you make of them.
You are not even aware of the fact that, apart from requiring a certain anatomy, your languages call upon a notion you consider self-evident – time. Not only in terms of “past-present-future” – but also as the unfolding of the meaning of this communication. Language presupposes duration. What you consider obvious is no such thing for your visitors, and you mustn’t be surprised if there are so few of us who attempt the challenge of “communication” with you.