
Juste à l’idée que le représentant ukrainien devra se rendre en Turquie aujourd’hui pour “négocier” avec le représentant du Kremlin sous l’aimable médiation du représentant du régime raciste et autocratique de Turquie, ça me rend malade. Négocier. Un salaud te balance bombes et roquettes sur hommes, femmes, enfants, femmes en train d’accoucher. Un enfant meurt de déshydratation (enfin, un dont on a entendu parler, tout le monde n’est pas muni d’un téléphone, ni d’accès à un endroit pour le recharger.) Bref, qu’il faille s’asseoir pour “négocier” le retrait du salaud, en lui accordant quelque chose, nécessairement, ça me rend malade.
Mais les produits illustrés ci-haut ne sont pas pour moi. Avec voisins et voisines, nous préparons la première livraison au dépôt de la ville pour envoi aux réfugiés.
Autre chose qui me rend malade. Les réactions bêtes et stupides, tant à gauche qu’à droite. À droite: oui, bon, accueillir peut-être quelques-uns de leurs ingénieurs, médecins, experts en informatique (et que les autres aillent se faire voir là où le soleil ne brille jamais). À gauche: ah oui, c’est ça, blancs, catholiques et diplômés, hein? pas question que je m’en mêle (j’ai le regret de dire que ces paroles sont verbatim et me furent adressées par une militante convaincue). Désolant. Parce que la droite dit des conneries, il faut en remettre une couche ? Les bombes sont discriminantes, elles, peut-être ? N’est-ce pas plutôt le moment de dire ‘l’accueil n’est pas conditionné par le taux de mélatonine d’une personne.”
Et, s’il-vous-plaît, qu’on arrête de me dire que je suis une rêveuse, boudu, comme si la réalité devait rester collée à ce qu’il y a de pire dans le “c’est moi le plus fort, tu me donnes ce que je veux ou je t’assomme, je t’étripe, je t’explose et ta maison, et les femmes et les enfants et ton chien avec.”
Négocier avec un tueur. C’est possible, oui, c’est possible et parfois inévitable, mais ça rend malade pour longtemps.
Bien. Gardons le moral, vu que la morale, elle, on lui a tordu le cou en quelque part en 1914 et ne s’est jamais remise du traumatisme.
Allez. Dan Bigras avec ses Trois p’tits cochons… tiré de souvenirs personnels.
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post-scriptum: apparemment, au moment où j’écrivais ces lignes, la rencontre s’était déjà terminée. Kuleba (Ukraine) de dire qu’il avait été pénible d’écouter Lavrov (Russie). Je n’en doute pas même une seconde.
Il n’en est rien sorti, puisque Lavrov n’était pas autorisé à prendre des décisions. Curieux, qu’est-ce qu’il faisait là, alors?; doublement curieux, lorsqu’il déclare ensuite que c’est l’Ukraine qui a voulu une rencontre “pour la forme” – déploiement de mauvaise foi caractéristique qui consiste à accuser l’autre de son propre comportement. Peut-être le seul but de cette farce grotesque était-elle de permettre au ministre turc de faire le beau dans une poignée de main diplomatique avec Kubela.
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Just the thought the Ukrainian representative will have to go to Turkey today in order to “negotiate” with the Kremlin’s rep under the delightful mediation of the representative of a racist autocracy makes me sick.Negotiate. A thug throws bombs and rockets on men, women, children, women giving birth. A child dies of dehydration (that is, at least one we heard about, not everyone has a working phone or access to a charger.) In short, having to sit down and “negotiate” the thug’s withdrawal, by giving him something, necessarily, makes me sick.
But the products above are not for me. With neighbours, we’re preparing a first delivery to the depot here in town for send-off to refugees.
Another thing that makes me sick. Stupid, idiotic reactions, both left and right. On the right: yes, I suppose we could take in some of their engineers, doctors, computer experts (and the rest can go where the sun don’t shine). On the left: oh right, because they’re white, catholic and educated, huh? no way am I getting involved (this unfortunately is verbatim as spoken to me by a dedicated activist). Distressing. Because the right talks garbage, you have to add another layer to it? Bombs practice discrimination, maybe? Wouldn’t this rather be the time to say “welcoming is not conditional on the level of melatonin in a person.”
And please, stop telling me I’m a dreamer, goddamnit, as if reality had to stay stuck in the worst of “I’m the strongest, give me what I want or I’ll knock you out, I’ll tear your guts out, I’ll explode you and your house, and the women, and the children, and the women in childbirth, and your dog too.”
Negotiating with a killer. It can be done, it’s sometimes inevitable, but it leaves you feeling sick for a long long time.
OK. Let’s keep our morale, since morality had its neck wrung at some point in 1914 and never recovered from the trauma.
Dan Bigras with his three little pigs from my personal “old days”.
P.S. Apparently, as I was writing these lines, the meeting had already adjourned. Kuleba (Ukraine) said “it was not easy” to listen to Lavrov (Russia). I don’t doubt it for a minute.
Nothing came out of it, since Lavrov had no decisional power; an oddity – why was he there then?; doubly odd since he then went on to accuse Ukraine of wanting “meetings for the sake of meetings”; typical bad faith manoeuver that consists of accusing your opponent of your own behavior. Perhaps the whole purpose of this grotesque farce was to allow the Turkish minister to look all perky in his diplomatic handshake moment with Kubela.