
Un secret ne l’est plus, dès qu’il est partagé.
L’intimité n’est plus lorsqu’elle s’étale, accessible à tous et à toutes. Et. les mots perdent toutes leur valeur à se diluer en bavardage et en arguments de vente.
Hier, une journée à écrire en atelier avec sept autres participants réguliers; atelier dans lequel règne un climat de confiance et de respect mutuel . Une même proposition de thématique donne sept récits différents (la rencontre a lieu une fois par mois, dure une journée à la fin de laquelle chacun(e) se retrouve avec un premier jet de nouvelles que chacun(e) aura développer à sa manière. À retravailler individuellement, ou pas.
Je me sens de moins en moins encline à poursuivre ce blog, de moins en moins intéressée de m’adresser à des anonymes, et à des robots numériques me proposant des images dites ‘intimes’ de corps humains traités comme des objets. On me dit que c’est chose tellement courante qu’il faut tout simplement ne pas y prêter attention.
Les gens se rendent-ils compte à quel point ils et elles endommagent leur sens de l’observation à éviter constamment de faire attention aux mini et maxi aggressions anonymes ou personnalisées auxquelles nous sommes tous et toutes soumis(es) ? L’internet dont nous rêvions dans les années soixante-dix n’avait rien à voir avec cette invasion massive de merde non sollicitée et de miroirs à sens unique tentant de modeler nos perceptions du monde et des autres.
Peut-être le petit humain ne guérit-il jamais de sa naissance prématurée, suivie de son entière dépendance sur des adultes dont il ou elle mimera les comportements plus tard, soit en s’octroyant des attitudes de Chef toute-puissant ou en cédant à cette habitude de laisser les autres décider à sa place, que la décision soit bonne, mauvaise ou carrément catastrophique.
Voilà où s’en tient la réflexion en ce moment.
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Once shared, a secret is no longer.
Same holds true for intimacy revealed to all. And words lose all their value when they are diluted in gossip or sales arguments.
Yesterday, the day was spent at the workshop, writing with seven other regular participants; a workshop in which there’s a climate of trust and mutual respect. An identical theme gives rise to seven very different stories (the meeting occurs once a month, lasts all day, at the end of which everyone leaves with the first draft of a short story) developed in his or her own way. To be re-worked individually, or not.
I feel less and less inclined to maintain this blog, less and less interested in addressing myself to anonymous people, and to digital robots offering me so-called “intimate” views of human bodies treated like things. I’m told this is such a commonplace occurrence that I should simply ignore it.
I don’t know if people realize the extent to which they inflict damage to their own powers of observation with this constant avoidance of mini and maxi aggressions, be they anonymous or personalized, to which we are all subjected ? The internet we imagined and dreamed of back in the 70s had nothing to do with this massive intrusion of unsollicited crap and one-way mirrors attempting to shape our perceptions of the world and of one another.
Perhaps the little human never recovers from his or her premature birth, followed by a long and total dependency on adults whose behaviors he or she will mimic later, either by adopting attitudes of the total overbearing power of the Chief, or by giving in to this habit of letting others decide for him or her, be the decision good, bad or thoroughly catastrophic.
Voilà where the reflection stands at this point.