lundi

deux métaphores concernant la tenue de ce blog :

la première : bien que les habitants des grandes villes ne s’en rendent plus compte à cause des éclairages de nuit, il y a des milliards d’étoiles dans le ciel; pas une seule d’entre elles, que je sache, qui s’interroge à savoir si elle devrait continuer de briller, même si les habitants des grandes villes ne savent même pas qu’elle existe.

la seconde: on peut aimer jeter des bouteilles à la mer qui ne contiennent pas des appels à l’aide. Si quelqu’un en trouve une, les mots peuvent lui être utiles…ou pas. Reste toujours le plaisir de placer des mots dans une bouteille.

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Je n’ai pas le droit de vote dans ce pays. J’en suis à m’en réjouir, puisque cela veut dire qu’on ne peut pas me jouer le chantage du abstention=l’autre (bien que tu ne veuilles pas de moi non plus.)

Comme Roland Gori le dit dans son livre,* dans certains pays comme celui-ci,” l’Etat remplace la religion dans la prescription des conduites, le politique comme ‘conduite des conduites’ opère insidieusement et fermement au moyen de ces structures symboliques.” D’autres pays opèrent différemment, en englobant la religion dans l’Etat; il y en a même où il est interdit de ne pas voter. La liberté…bof, pour quoi faire, au fond.

Ici, on nous répète démocratie, démocratie sans arrêt, et les mots me semblent aussi vides que le Domine vobiscum et cum spiritu tuo des incantations de mon enfance. On a parcouru tout ce chemin pour se faire dicter nos comportements par des algorithmes définissant quels arguments sont les plus aptes à nous séduire, vu nos lectures, nos films et musiques préférés, nos achats, nos revenus…

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quant au covid (au quoi ?), nous en sommes maintenant à glisser dans le mode qu’il aille au diable, certains en crèveront et d’autres pas, ça suffit maintenant, il est temps de vivre avec, les gens, après tout il faut bien mourir de quelque chose.

C’est comme si, collectivement, on nous invitait tous à adopter l’attitude lundi-matin-froid-et-pluvieux, comme mode de vie (mais que de choix excitants nous avons à vous proposer sur Switflixou ! Pour seulement 49,99 par mois, profitez du meilleur des…-

*Roland Gori Et si l’effondrement avait déjà eu lieu, l’étrange défaite de nos croyances, éditions Les Liens qui Libèrent, 2022

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post-scriptum au sujet de James Joyce: non seulement ne trouverait-il pas d’éditeur de nos jours, mais s’il s’était agit d’une Jeanne et non d’un James, elle se serait sans doute retrouvée en prison pour je ne sais combien d’outrages aux bonnes moeurs (accusations qu’il a eu à subir mais qui furent levées subséquemment.)

En ce qui me concerne, il y a de nombreux passages de son Ulysse que je trouve terriblement ennuyeux, je n’en demeure pas moins estomaquée par le fait qu’il ait tenu bon, quoique les autres aient pu en dire ou en penser.

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two metaphors concerning keeping this blog:

the first: although residents in large cities no longer are aware of it because of lighting in night time, there are billions of stars in the sky; to my knowledge,not a single one of them wonders if it should go on burning despite the fact residents in large cities don’t even know it exists.

the second: you can love throwing bottles into the sea that do not contain calls for help. If someone finds one, the words in it may prove useful…or not. Still, there remains the fun of putting words inside a bottle.

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I don’t have the right to vote in this country. I’m at the point of rejoicing in this since it means no one can pull the blackmail number on me of abstention=voting in that other one (even though you didn’t really want me either.)

As Gori has it in his book, in some countries such as this one, the State has taken over all the prescriptive duties once handled by religion (in other countries, they’ve worked it out differently, with the religion being part and parcel with the State). There are even some countries where it is illegal not to vote. As for freedom in all that…heck, what for.

Here, they repeat democracy over and over again, and it sounds as empty to me as the Domine vobiscum et cum spiritu tuo incantations of my youth. Have we come all this way only to have our behaviours determined by algorithms defining which arguments are most apt to sway us, given our reading, our viewing and favorite music, our buying patterns, our income…

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as for covid (covid? what’s that?), we’re now sliding into the to-hell-with-it-all phase, some will die, some won’t, c’est la vie, ok, sure, we made a big fuss over it but it’s time to just live with it, folks, you gotta die of something.

It all feels as if collectively, we were all invited to move into a cold and rainy Monday morning as an overall lifestyle (but such exciting viewing we have for you on Switzflixeroo! For only 49,99 per month enjoy the best of…)

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p.s. concerning James Joyce: not only would he not find a publisher nowadays, but had the name been Jane rather than James, she would have found herself in jail for any number of offenses against morals (accusations levied against him, but subsequently lifted.)

As far as I’m concerned, I find several passages of his Ulysses terrifically boring while gobsmacked by the fact he forged on, notwithstanding what anyone had to say.

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