“De sources bien informées…”/”From well-informed sources…”

Est-ce que quelqu’un d’autre à remarquer la quantité d’immeubles et de rues parlantes qui nous donnent leur avis, ces jours-ci ? Nous avons le 10 de la rue Downing à Londres qui a la langue bien pendue, la Maison Blanche se débrouille pas mal vu son jeune âge, et l’Elysée – ah, l’Elysée – avec une culture comme la sienne… Et quand les immeubles et les rues sont à court de déclarations, il y a toujours un “gouvernement” ou une “administration” pour prendre la relève avec un mot ou deux.

Quant aux excuses…que dire sinon que les excuses sont une forme d’art au maniement des plus délicats. Primo, on ne s’excuse pas pour tout et pour rien, ou on passerait ses journées à le faire; on commence par refuser de répondre à de telles stupidités. Secundo, lorsque ça devient inévitable, on dose l’excuse, non pas à l’offense mais au calcul de ces bénéfices probables et à la somme des dommages qu’on peut transférer sur un(e) adjoint(e) ou autre que-sais-je-encore. Et si quelqu’un insiste toujours, l’impatience est de mise: “Ecoutez, je me suis excusé à ce sujet, la nation a des motifs de préoccupation autrement plus importants sur lesquels je concentre toute mon attention”…

ce qui nous ramène aux déclarations par des immeubles et des adresses de rue pour se charger du lot des mensonges non attribuables.

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Quant à la Bataille des Ineptes qui fait toujours rage à Londres – à savoir lequel des incapables pourrait remplacer celui qu’ils et elles avaient choisi pour remplacer la nouille de service qui l’avait précédé. Les éditeurs de journaux ne devraient pas oublier qu’il s’agit d’une vraie bénédiction, ce Boris Johnson: il assure les titres, les articles de fond, les analyses et les opinions des trois-quart de la classe journalistique et personne n’a besoin de réfléchir à des questions du domaine du pratico-pratique. Son absence sera bien regrettée lorsque les ventes se tariront en raison de toutes ces informations déprimantes – vous savez, le climat, le covid, les migrants, la Russie lancera-t-elle une offensive, les catastrophes naturelles et celles causées par les humains… (Vigilance, éditeurs de journaux ! Voyez ce qui se passe aux Etats-Unis maintenant que Trump n’est plus le Twitteur-en-chef.

Je n’insiste pas sur la situation ailleurs – en France, par exemple. On y passerait la journée à râler. Belle perte d’énergie en conséquence.

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Ici, le cours est à nouveau annulé au cirque – cette fois, je suis la seule du groupe à ne pas présenter de symptômes du virus.

Question écriture, je sens que le moment approche où je vais devoir ouvrir le Finnegans Wake de Joyce* au hasard pour retrouver force et vigueur à jouer avec les mots, plutôt que de les ressentir comme des enfilades convenues de mots dans leurs fonctions habituelles, prévisibles et bien de leur personne dans leurs fonctions de porte-parole officiel de celle-ci ou de celui-là.

*Ou alors son Ulysse ? “Oh, tais-toi dit-elle. Il est un avertissement pour les serpents à sonnettes. Il est là en ce moment même, à consulter ses textes juridiques pour se renseigner sur les lois contre la diffamation.” (J’adore ouvrir les livres au hasard.)

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Has anyone else noticed the number of talking buildings and streets giving us their opinions, these days? We have number 10 Downing Street in London proving quite talkative, the White House isn’t doing too badly given its young age and the Elysée – ah the Elysée – which such a culture backing it up…And when the buildings and the streets run short of declarations, there are always reliable “governments” or “administrations” ready to pitch in with a word or two.

as for apologies…what can I say other than apologies are an art form to be handled with the greatest of delicacy. First of all: you don’t apologise for every piddly little thing, or you’d be at it day in and day out. You start by refusing to answer such rubbish. Secondly, the dosage on the apology must be carefully weighed not against the offence but against its probable benefits and the net sum of the damage one can transfer onto one or another of the aids/assistants and other whatevers. And if someone goes on insisting, impatience is in order: “Listen, I’ve already apologised for that, and this nation has more important matters on which I am concentrating my full attention”…

which brings us back to declarations signed by buildings and/or street addresses to pick up the bulk of the unattributable lying.

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As for the Battle of the Inept raging on in London – as to which of the useless ones will replace the useless one they had chosen to replace the wet noodle they had chosen previously, newspaper editors should bear in mind that this Boris Johnson is a real blessing: he guarantees headlines, articles, analyses and opinion papers for three-quarters of the journalistic class. He will be sorely missed when the sales figures slump over all that dreary, dismal stuff – you know, climate change, covid, migrants, will Putin launch an offensive, natural and man-made disasters… (Take heed, newspaper editors! See what’s happening in the States, now that Trump isn’t Tweeter in chief anymore.)

I won’t insist on the situation elsewhere – in France, for example. We would spend the entire day kvetching – a fine waste of energy as a consequence.

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Over here, the class at the circus is cancelled again – the instructors are better, but I’m the only participant who is not down with viral symptoms.

Writing-wise, I sense the approach of the moment where I will have to open Joyce’s Finnegans Wake* at random, to regain the strength and vigour of playing with words rather than experiencing them as conventional strings of words in their usual functions as predictable and proper spokespersons for this one or that one.

*Or his Ulysses perhaps ? “Oh, don’t be talking, she said. He’s a caution to rattlesnakes.He’s in there now with his law books finding out the law of libel.“** (I love opening books at random.)

** James Joyce, Ulyssses – The 1922 text – Oxford World’s Classics 2008 re-issue.

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