Bancs publics !/ Public benches !

©Stephen Tayo

Il est rare que j’utilise une photo prise par quelqu’un d’autre, mais là, vraiment, dans The Guardian ce matin, j’ai été conquise par le coup d’oeil du photographe nigérien Stephen Tayo, en vacances au Maroc.

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Quant à moi, vous pardonnerez l’ enthousiasme dans mon titre lorsque vous saurez que j’habite une petite ville désindustrialisée, aux trottoirs défoncés et où il n’existe de bancs publics qu’à quelques endroits, dont devant la mairie. Endroit tout désigné pour regarder passer les voitures, sans doute. Je grimperais volontiers aux platanes sauf qu’ils sont difficiles d’accès – un petit escabeau, peut-être pour une vue plongeante à vol d’oiseau – pardon à perspective de chèvre – sur les trottoirs défoncés ?

Mais voilà : hier, j’étais à Toulouse par une journée ensoleillée, à prendre le soleil sur un banc public tout en profitant du spectacle de rue en changement continu. Pas un seul visage connu. Pas un. Le kaléidoscope humain. Puis le café à la librairie Ombres Blanches, accompagné d’une pile de livres glanés dans la librairie pour y opérer un choix cornélien. Puis promenade à nouveau et repas d’un bibimpap abondant dans un café coréen, lecture, lèche-vitrine. Arrêt sur d’autres bancs publics.

Des bancs publics – réclamation ici qui remonte à des lustres; on nous répond que ‘les jeunes’ les démoliraient et/ou que les SDF les squatteraient. Apparemment, la mairie considère la jeunesse et l’absence de domicile comme des sortes de maladies chroniques – déplorable, certes, mais qu’y faire. De droite, de gauche, les équipes se succèdent à la mairie, les arguments, eux ne changent pas.

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J’ai un personnage fictif qui sera ravie d’apprendre que Christiane Taubira se lance dans la course à l’échalote – pardon, dans la course présidentielle. Tous les avis lus ce matin annonçaient la couleur des fines bouches lui imposant le type d’examen qu’on se garde bien d’appliquer à – je ne sais pas, moi, Zemnour, peut-être ? – Mais voilà: madame Taubira vient de Guyane alors, vraiment, une guyanaise, présidente de la République française, vous rigolez ou quoi ?

À tout le moins, j’admire son cran.

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Ombres Blanches était en rupture de stock du titre du psychanalyste Roland Gori, Et si l’effondrement avait déjà eu lieu. L’étrange défaite de nos croyances. Qu’à cela ne tienne, je le commanderai de ma librairie locale.

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I rarely publish photos by others but this time, really, I was conquered by this one in The Guardian, snapped by Nigerian photographer Stephen Tayo while vacationing in Morocco.

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As for me, you will pardon my enthusiasm once you know that I live in a small de-industrialized town with busted sidewalks and where you find public benches in very few places – one of them being in front of City Hall where I suppose you can always take a seat and watch the cars go by. I would gladly climb into a plane tree except they are hard to climb – unless supplied with a stepladder perhaps for a bird’s eye – sorry, goat’s eye – view on the busted sidewalks?

But there you have it: yesterday, I was in Toulouse on a sunny day, soaking in the sunshine from a public bench, while watching the ever-changing street scene. Not a single known face among them. Not one. A human kaleidoscope. Then, at the café at the Ombres Blanches library, with a stack of books garnered in the shop, in order to operate heart-rending decisions. Then, more of a walk-about, lunch on an abundant bibimbap at a Korean café, reading, window shopping. Stops at other public benches.

Public benches – a demand going back ages in this town; the answer being that “youths” would demolish them and/or that the homeless would take up squatting rights. Apparently, City Hall considers youth and homelessness as chronic diseases – deplorable, no doubt, but what can you do about them. Be they right-wingers or left-leaners, the teams at City Hall follow on one another, but their arguments never vary.

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I have a fictional character who will be delighted to hear that Christiane Taubira has joined the bum’s rush – excuse me, the run-up candidacies for President. All the comments read this morning gave a colour of the kind of treatment to which she will be subjected, the kind of in-depth exam not shown for – oh, I don’t know, a Zemnour, perhaps ? But then, Madame Taubira is from French Guiana, don’t you know, so really, a ‘coloured’ woman from Guiana as president of la République française, you’re joking, right?

If nothing else, I admire her guts.

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Ombres Blanches had run out of copies of psychoanalyst Roland Gori’s book Et si l’effondrement avait déjà eu lieu. L’étrange défaite de nos croyances. (And what if the collapse had already occurred. The strange defeat of our beliefs.) No problem, I’ll order it through my local bookshop.

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