Le veau

Aux grands maux, les grands remèdes : bien sûr, je ferai plus que de survoler les grands titres des journaux, mais plus tard. Pour l’heure, je fais appel à l’important, au futile et à l’inutile, selon mes définitions personnelles, et non pas celles des chefs de pupitre à Londres, Paris ou New York.

Par exemple: au détour d’une lecture hier soir, je découvre que la fameuse scène à la fin du Macbeth de Shakespeare – quand la forêt de Dusinan s’avance pour venger le meurtre du roi – s’inspire d’un ancien mythe celte recueilli dans Le livre de Taliesin vers le 13e siècle, au sujet de “la forêt combattante” lors d’une terrible bataille contre les démons de l’Autre Monde. Je vous prie de me croire que les fougères n’étaient pas en reste et que les poiriers se distinguèrent itou; les houx et les aubépines infligèrent des blessures cruelles; les troènes y sont décrits comme “des taureaux de combat”. Je vous fais grâce des exploits réalisés par les chênes, les bouleaux, les peupliers… Bref, message livré à Macbeth: la forêt avance et il n’a qu’à bien se tenir.

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Le veau illustré ci-haut maintenant. C’est vrai, il est anonyme et nul n’a raconté sa fin ultime. Sa maman, elle, est la star des créations de Benjamin Rabier. Elle est bien plus connue que son créateur, en fait, puisqu’elle est la seule, l’unique, l’incomparable Vache qui rit , ce must des pique-niques conviviaux (et des plateaux-repas dans une clinique médicale dont je ne dévoilerai pas le nom pour lui éviter des foules de malades réclamant leur admission.) Durant mon séjour de dix jours à la dite clinique, j’ai conservé dans mon carnet de notes les petits collants de la vache en question, avec ses commentaires. Pas de quoi casser des briques, mais un bon moyen de me distraire quand je m’auto-ligotais dans tous les fils me reliant aux diverses machines.

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À part ça ? Relu Coeur de chien de Boulgakov hier soir. Certains diront que c’est une drôle de façon de retrouver la forme. Libre à eux/elles de le penser; personnellement, Boulgakov m’enchante et le chien Bouboule aussi.

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Côté élucubrations personnelles ? Quelques progrès en vue ? C’est peu, mais un autre locataire a un nom dorénavant. Il est divorcé et je crois qu’on retrouve son ex dans un autre logement, à une autre adresse. On (je) avance plus lentement que les arbres à Caer Nefenhir, mais on(je) n’a pas l’avantage de connaître le grand Gwydion qui d’un coup de sa baguette magique mit en marche la forêt entière. (Je crois qu’il en reste une peau de serpent enfilé sur un bâton de marche, quelque part. À voir.)

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Desperate times call for desperate measures: of course, I will do more than glance at newspaper headlines, but later. For now, I’m concentrating on my appeals to the important, the futile and the useless, as defined by me, and not by desk editors in London, Paris or New York.

For example: at the turn of a page last night, I discovered that the famous scene at the end of Shakespeare’s Macbeth when the forest of Dusinan moves forward to avenge the king’s murder is inspired by an ancient Celtic myth recorded in The Book of Taliesin around the 13th century, concerning a “fighting forest” that gave fierce battle to the demons from the Other World. The ferns were not to be outdone, I’ll have you know, and the pear trees made a distinguished showing also; the holly and hawthorn inflicted cruel wounds; the troenes are described as “fighting bulls”. I spare you the exploits of the oak trees, the birch, the poplars… To make a long story short, the message delivered to Macbeth: the forest is coming and you had better ready yourself.

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Now for the calf shown above. True. The calf in question is anonymous and his ultimate fate, unknown. Whereas his mummy is the star among Benjamin Rabier’s creations. She is better known than her creator, in fact, since she is the one, the only, the incomparable Vache Qui Rit, a must at convivial picnics (and on the trays of a certain medical clinic the name of which I will not reveal here in order to avoid a crowd of sick people clamouring for admission.) In my notes done during my ten-day stay at said Clinic, the Laughing Cow’s little stickies each had a bit of a tale to tell. Nothing to write home about but it worked as a diversion from my self- entanglements in all the cords connecting me to this and that machine.

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What else? I re-read Bulgakov’s Heart of a Dog last night. Some will consider this an odd way to get back into fighting form. To each his own; personally, Bulgakov delights me, and so does Sharik the dog.

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As far as my personal meanderings go? Any progress? Not much, but another of the tenants now has a name. He’s divorced and I think we find his ex in another apartment at a different address. One (I) move(s) more slowly than the trees at Caer Nefenhir but one (I) do(es) not have the advantage of knowing the great Gwydion who, with one stroke of his magic wand, sets the entire forest on the march. (I think there’s a snakeskin slipped on a stick left somewhere. Must check on it.)

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