26 décembre 2021

Surtout, qu’on n’aille pas croire que je suis contre la détente et la bonne humeur. Rien ne serait plus éloigné de la vérité.

Mais voilà : pendant que certains rigolent, d’autres traficotent. C’est d’ailleurs une spécialité, même qu’il faut croire que c’est un de leurs plaisirs les plus vifs. Comme, par exemple, d’émettre des décrets dérangeants pendant que la plupart des gens sont en vacances. Ensuite, quand il y en a quelques-uns pour protester, eh, too bad, too late (j’ajoutes ces anglicismes dans le texte français, on me dit que c’est vraiment la mode too much à Paris.)

Bref, pendant que vous tentez de réparer le jouet électronique en plastique du gamin ou découvrez qu’il vous fallait acheter des piles pour le lanceur électronique de fléchettes, sachez que :

-les dates de péremption sur les produits laissent une marge plus-que-généreuse d’utilisation sans risque. C’est le cas des masques sanitaires, par exemple. Les lecteurs français se souviendront des commentaires de leurs dirigeants au début de la pandémie selon lesquels les masques c’était vraiment du bof sans importance. Sans réelle efficacité, une sorte de mode, en fait (c’était juste avant la séquence où le masque devint un élément obligatoire – et l’un des détritus les plus communs le long de la voie publique.) On nous apprit que les stocks de masques existants avaient été détruits, parce que périmés. Pas du tout, selon les informations contenues dans Le traître et le néant, en pp 540-541. Les masques en question étaient stockés en prévision de leur destruction. Mais leur “vie utile” pouvait être prolongée jusqu’en… 2099.*

Je laisse à d’autres d’engager les polémiques qu’ils ou elles voudront à ce sujet. Mais vu le silence d’outre-tombe des dirigeants en question qui ont toujours la menace des poursuites judiciaires à la bouche, “ça interpelle”, comme le veut l’expression. (En anglais, on dirait: “there’s something fishy going on.“, bref date de péremption du poisson est largement dépassée.)

-deuzio: examinons de plus près le mot “sélection”, sans trop nous appesantir sur le sens qu’a eu ce mot au moment de la 2e guerre mondiale. C’est aussi le mot décrivant les choix que doit poser le personnel médical lorsque les lits sont tous occupés et les soignants sont débordés, pas assez nombreux, et au-delà de l’épuisement. Qui admettre en ré-animation ? Qui refuser ?

Un document des plus instructifs (“préliminaire, n’allez pas croire…) nous éclaire sur la question. J’y apprends que si la tendance des hospitalisations se maintient, j’ai plus que jamais intérêt à maintenir un niveau de santé acceptable. Car, dans ce cas de figure, vu mon âge et mes “conditions pré-existantes”, au mieux, on pourrait me fournir de l’oxygène à domicile, tant qu’il y en aura, avec une copie du De Senectute de Cicéron (merci, je l’ai déjà.) Bref, il n’y a pas qu’à la guerre qu’on peut mourir avant l’heure pour cause de sacrifice à la nation.

Il va sans dire que la règle du motus bouche cousue prévaut à ce sujet aussi. Question d’éviter la panique, supposément. Plutôt que de paniquer, on serait plutôt en droit de se demander comment et pourquoi on élit des imbéciles pareils. (Pour rappel: les coupures budgétaires aux hôpitaux publics se poursuivent.)

-les afghans qu’on renvoie dans leur pays, maintenant que “la guerre est finie” ?…enfin, qu’elle est terminée pour les troupes étrangères et pour les chiens exfiltrés par les britanniques. Mourir loin des médias, c’est beaucoup mieux pour les kurdes, les ouïgours, les entassés sur des rafiots, se noyant dans la Méditerranée ou la Manche.

Bon. Suffit, dites-vous. D’accord pour tout de suite. Quelques-unes des paroles d’enfants, inspirés par le dessin du gros et du petit poisson ayant servi de point de départ aux textes et images sur l’illustration ci-haut lors d’une fête où l’ambiance était à la bonne humeur :

Aïcha dit à l’oral et je note : “Le gros poisson a un bouchon dans la bouche. Il ne peut pas manger le petit. Le petit veut l’aider à enlever sinon le gros poisson va mourir de faim.”

Hadda ajoute à l’oral et je note: “C’est le mois d’août. La mer est pleine de poissons. Le gros va pouvoir manger d’autres poissons, hormis celui-là qui devient son ami.”

Et moi, j’ajoute aujourd’hui et je note ici: “toute consolation est relative.”

*Gérard Davet, Fabrice Lhomme, Le traître et le néant, fayard, 2021

*

I hope no one starts thinking I am against relaxation and good humour. Nothing could be further from the truth.

But there you are: while some laugh, others wheel and deal. It’s even a specialty, to such an extent one might think it’s their idea of a good time. Such as publishing disturbing decrees while most of the folks are on holiday. Then, when a few start protesting, eh, too bad, too late (I used the same English terms in the French copy, I’m told this is the latest “too much” fashion in Paris.)

So while you’re attempting a repair on the kid’s new electronic plastic toy, or realising you forgot to buy batteries for the new electronic dart thrower, know that

– expiry dates on products leave a more-than-comfortable margin for further use. Such is the case on sanitary masks, for instance. French readers will recall the comments of their leaders at the beginning of the pandemic, according to whom masks were really a negligible factor, more a fashion item than anything else (this was just before the sequence when masks became a mandatory feature – and the main garbage to be found on sidewalks.) We were told existing stocks of masks had been destroyed because beyond their expiry date. Not at all, according to the information on pp 541-542 of Le traître et le néant (The Traitor and the Void), The masks in question were stockpiled in anticipation of their destruction. But their “useful life” could have been prolonged until…2099.

I leave to others the fun of joining in polemics on the topic. But considering the beyond-the-tomb-like silence from those constantly threatening judiciary measures, there’s something fishy going on.”

-segundo: let’s have a closer look at the word “selection”, without resting too heavily on the meaning the word had during the 2nd World War. This is also the word medical personnel uses when having to choose who to treat when beds are all occupied and the hospital staff is overrun, overworked, and beyond exhaustion. Who to admit for re-animation? Who to refuse?

A most instructive document (preliminary, it should go without saying) enlightens us on this very topic. In which I learn that, should the current rate of hospitalisations continue, I have more interest than ever in maintaining an acceptable level of health. Because, given my age and my ‘pre-existing’ conditions, the best I could hope for would be a home-delivered canister of oxygen – while still available – and a copy of Cicero’s De Senectute (thanks I have it already). Briefly stated, there’s not only at war that you can die before your time as a sacrifice for the good of the nation .

It should go without saying that the denial rule prevails on this topic also. So as to avoid panic, I assume. Rather than panicking, we should really ask ourselves how and why we elect such total imbeciles. (As a reminder, budgetary cuts to public hospitals are ongoing.)

– people being sent back to Afghanistan because “the war is over.”…It may well be over for foreign. troops and for the doggies exfiltrated to Britain. Dying far from media coverage is much better for Kurds, Uighurs, people crammed into rubber tubing drowning in the Mediterranean or the Channel.

All right. Enough you say. Fine, for now. Here are a few of the words spoken by children illustrating the drawing of a big fish and a little one that served as a prompt in the illustration above on a day when the mood was to good humour:

Aïcha said (and I noted): “The big fish has a plug in its mouth. He can’t eat the little one. The little one wants to help him remove it or else the big one will die of hunger.”

Hadda added (and I noted): “This is the month of August. The sea is full of fishes. The big one will be able to eat a lot of others except that one who becomes his friend.”

And today, I add and note here: “All consolations are relative.”

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