
Je crois utile de se le dire et de se le répéter : en temps de grande injustice, il se trouve toujours une minorité agissante. Et si, à la manière des traits récessifs dans le bagage génétique, cette minorité est souvent submergée par la monstruosité silencieuse des indifférents, des distraits, des peureux et des vilains, il suffit parfois d’une faible lumière dans la nuit pour faire la différence entre la vie et la mort pour une autre personne, ici et là.
C’est le cas ces jours-ci le long de la frontière en Pologne où la solitarité s’improvise au secours de migrants traités moins bien que des animaux. Des casernes de pompiers qui laissent leurs portes ouvertes comme abris temporaires. Des particuliers qui posent un lumignon vert à la porte signalant que des personnes affamées, assoiffées, aux vêtements détrempés et en hypothermie, trouveront un repas chaud, des vêtements secs et un soutien moral, à défaut d’aides à plus long terme qui sont hors de portée d’un ‘simple citoyen’. Là comme ailleurs, le ‘simple citoyen’ a pour unique fonction politique ‘officielle’ de voter puis de se taire.
Une lumière verte dans la nuit. Ou son équivalent, ailleurs.
*
À un autre niveau, plus personnel : que peut-on faire lorsqu’une personne à laquelle on tient beaucoup décide de vous effacer de sa vie et vous interdit de re-tenter de la contacter ? Je me débats avec cette question depuis des années déjà. J’ai décidé d’écrire une lettre; à savoir si je l’enverrai ou si elle restera comme élément dans un testament éventuel, je ne sais pas encore. Mais je ressens nettement le besoin d’exprimer mon propre point de vue, dans mes propres mots à quelqu’un de cher qui a choisi de faire comme si mon existence n’avait plus la moindre importance (sauf en termes négatifs, d’après ce qu’on m’en a dit).
La lettre sera ma propre petite lumière verte dans la nuit. Peut-être n’aura-t-elle aucun autre effet que de me permettre d’y voir plus clair dans l’obscurité, moi-même.
*
I thinks it’s useful to repeat it over and over again: in times of great injustice, there is always an active minority. And if, just like recessive traits in the genetic parcel, this minority is often submerged by the silent monstrosity of the indifferent, the distracted, the scaredy-cats and the nasties, all it takes at times is a slight glimmer in the night to spell the difference between life and death for one person, here and there.
Such is the case these days along the Polish border where solidarity has been improvised to help migrants treated worse than animals. Firefighters leaving the station doors open as temporary shelters. Private citizens who place a green light at their door signaling that famished, thirsty people with wet, sodden clothing and suffering from hypothermia, will find a hot meal, dry clothing and moral support, absent longer term help a ‘plain citizen’ cannot provide. There as elsewhere, the ‘plain citizen’ has for sole ‘official’ political function to vote then to shut up.
A green light in the night. Or its equivalent, elsewhere.
*
At another, more personal level: what can you do when a person you care about deeply decides to erase you from their life and forbids you to attempt re-establishing contact? I’ve been struggling with this question for years now. I’ve decided to write a letter; whether I’ll send it or whether it will remain as an element in my last will, I don’t know yet. But I definitely feel the need to express my own point of view, in my own words, to someone who is dear to me and has chosen to act as if my existence no longer mattered in any way (except in negative terms, I am told).
The letter will be my own little green light in the night. Perhaps it will have no other effect than to allow me and me only to see more clearly in the murk.