“Et tournera la roue”*/ “And the wheel will turn”

La pseudo-neutralité de “l’objectivité journalistique” m’énerve. Beaucoup.

Un exemple ? Hier, les articles de presse nous apprenaient “qu’à la demande de la Pologne”, Recep Tayyip Erdogan, président de la Turquie et grand amoureux de paix et de concorde pour tous, comme chacun sait, interdisait l’achat de billets d’avion depuis la Turquie vers Minks à tout ressortissant provenant de Syrie, d’Irak ou du Yemen, présents sur le territoire turc.

Ah, c’est bien ça, de dire les amoureux distraits de paix et de concorde. Sauf qu’évidemment, un texte plus proche de la vérité aurait probablement donné : “Nouvelle crise de rage au palais présidentiel. Erdogan avertit Loukachenko qu’il lui en coûtera s’il continue à toucher aux billes de Recep. “Ils sont ma monnaie d’échange !” hurle-t-il. “Qu’il aille se trouver les siens directement à la source ! Ceux qui sont en Turquie y restent, sauf si moi, je les lance contre la frontière grecque ! Pas touche, salaud! Non mais, quel culot !”

Pendant que la justice (a la turca) suit son petit bonhomme de chemin sur tous les fronts. Par exemple, prenez une certaine Basak Demirtas, enseignante, mère de 2 enfants et, accessoirement sans doute, épouse du leader HDP Selahattin Demirtas, emprisonné depuis 2016 dans l’un de ces procès à multiples entourloupes qui sont une marque de commerce du régime. Et bien, en 2015, Basak a dû subir deux interventions chirurgicales donnant lieu à un arrêt-maladie. Et sur l’un de ces documents, il y a une coquille; au lieu d’écrire le 11 décembre, la personne qui a préparé le document a noté le 14.

Voici donc Basak (et son médecin) condamnés à 30 mois de prison pour “fraude”. Une mauvaise blague, vous vous dites. Ben non.

Raison pour laquelle, le libellé de l’article “à la demande de la Pologne” me donne un urticaire moral caractérisé.

Dans une lettre écrite le 4 mai 2019, Selahattin Demirtas disait: “J’écris, je dessine, je crée et je n’abandonne rien. Parce que la lutte pour la liberté de tous est une position de principe et une philosophie de vie. “

Rappel utile, pendant que les “chefs” à la moralité de sauriens se comportent comme la reine dans Alice au pays des merveilles, lors du procès du valet : “…l’arrêt d’abord, on délibérera après.”

*il s’agit du titre du deuxième livre de nouvelles de Selahattin Demirtas, Editions Emmanuelle Colas, 2019 (et maintenant disponible en livre de poche.)

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The pseudo-neutrality of “journalistic objectivity” annoys me. Greatly.

An example ? Yesterday, news articles mentioned that “at Poland’s request”, Recep Tayip Erdogan, President of Turkey and great lover of peace and concord for all, as everyone knows, forbade the buying of plane tickets from Turkey to Minsk to any Syrian, Iraqi or Yemeni present on the Turkish territory.

Ah, good, say all distracted lovers of peace and concord. Except, of course, that a text closer to the truth would have read: “New Temper Tantrum at the Palace : Erdogan warns Lukashenko he will pay dearly if he keeps on messing with Recep’s property. “They are my bargaining chits !” he hollered. ” He can go find his own at the source ! Those in Turkey stay here except when I choose to push them up against the border in Greece ! Hands off, you scum ! I mean, the nerve !”

While justice (a la turca) proceeds on its merry way on all fronts. For example, take a certain Basak Demirtas, a teacher, mother of 2 children and incidentally no doubt, wife of HDP leader Selahattin Demirtas, jailed since 2016 in one of those multi-layered trials that are a trademark of the current regime. Well, in 2015, Basak had two surgeries that led to a work stoppage. And on one of the documents, there is a typo; instead of writing December 11, the person preparing the document wrote December 14.

Well, as a consequence, Basak (and her doctor) have been sentenced to 30 months in jail for “fraud”. Just a lousy joke, you say. Nope.

Reason for which, articles in the mode of “At Poland’s request…” cause a characterised moral itch in me.

In a letter he wrote on May 4 2019, Selahattin Demirtas said: “I write, I draw, I remain creative and I don’t give up on anything. Because the struggle for everyone’s freedom is a matter of principle and a philosophy of life.”

A useful reminder, while “leaders” with the minds of saurians carry on like the Red Queen in Alice in Wonderland at the Knave’s trial : “Sentence first – verdict afterwards.”

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