
(Illustration: une autre affiche du temps où je m’amusais à recopier celles issues de campagne d’alphabétisation dans les jeunes années de l’Union soviétique. Sur celle-ci, on avertit que “les analphabètes sont comme des aveugles”. En fait, dans le cas de ce malheureux bonhomme, non seulement est-il aveugle, mais il a les yeux (aveugles) bandés, en plus d’être somnambule et d’avoir un pied déjà dans le vide, alors je crois que les choses sont mal barrées pour lui, analphabète ou non.)
Paroles sur la frontière Biélorussie-Pologne. De la part des “autorités”, qu’elles soient polonaises ou de représentants de l’Union européenne: la seule, l’unique préoccupation porte sur l’enchevêtrement des questions politiques qui vient envenimer davantage le climat entre “partenaires” européens. Les humains en chair et en os coincés dans le froid ne suscitent qu’une seule crainte: reconnaître leur existence et leurs droits = susciter une afflux encore plus massif de demandeurs d’asile, chose inacceptable entre toutes.
Paroles d’une jeune femme, membre d’une équipe de polonais venant en aide aux réfugiés ayant réussi à passer la frontière: “… ici, sur cette frontière, ce qui est légal est tellement éloigné de ce qui est moral.”
Et puis, franchement, dans un bloc de 26 pays avec une population de plus de 750 millions d’habitants, on ne me fera pas croire qu’il n’y aurait pas moyen et de se répartir de nouveaux arrivants tout en exerçant des représailles contre la Biélorussie. Sauf, évidemment, que nous aussi, nous sommes les otages de politiques scélérates débouchant sur les culs-de-sac que nous connaissons présentement.
Alors, quand je regarde l’affiche en question, ces jours-ci, je nous y vois tous. Evidemment, dans cet état d’esprit, j’ai un peu l’impression de proposer une emplâtre sur une jambe de bois, en parlant d’une pétition en ligne. Personnellement, je ne crois guère à leur efficacité. Sauf que dans l’article que je traduisais ce matin pour Kedistan – Migrants, l’arme de mort n’est pas une nouveauté – j’ai noté un argument qui retient mon attention: celui de signer la pétition, ne serait-ce que pour pouvoir se compter, et savoir que nous ne sommes pas seuls à insister sur le droit à la vie et à la dignité. Dans le climat mortifère de haine entretenu par ceux dont ça sert les intérêts, ici et ailleurs, l’argument vaut la peine d’être entendue. Raison pour laquelle, je signe et invite les autres à en faire autant.
Puis, retour à des occupations locales, malgré les appels à la haine empoisonnant le climat pour tout le monde.
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(Illustration: another poster from the days when I amused myself by copying those published during literacy campaigns in the early days of the Soviet Union. On this one, the warning reads that “the illiterate are like blind men’. In fact, in the case of this sorry character, not only is he blind, but his (blind) eyes are blindfolded, he’s sleepwalking to boot and has already taken one step into the void, so I think things aren’t headed in the right direction for him, whether literate or not.)
Words from the Belarus-Poland border.
From the “authorities”, be they Polish or representatives of the European Union: the one, the only preoccupation is over the tangle of political issues further poisoning the climate between European ‘partners’. Flesh and blood humans locked out in the cold causing one concern only: acknowledging their existence and their rights = causing an even greater influx of asylum seekers, the most unacceptable response of all. Because of “their duty” toward fellow Poles and other Europeans, of course.
Words from a young Polish woman, a member of a team of volunteers helping those refugees who managed to make it across the border : “…here in this piece of border, what is legal is far from what is moral.”
And, frankly, in a block of 26 countries counting over 750 million inhabitants, no one will convince me there could not be both a dispatch of migrants to different countries while also taking strict measures against those willing to sacrifice other people’s lives for material gain. Except, of course, that we are also hostages to the rogue policies that have led to this blind alley.
So when I look at the poster, these days, I see us all. Of course, in such a state of mind, I have the feeling of suggesting putting a band-aid on a wooden leg when speaking of an online petition. Except that, while translating an article for Kedistan this morning – I noted an argument I find worthwhile: that of signing the petition, if only so that we can count one another and know we are not alone in insisting on the primacy of the right to life and dignity. In the deadly climate of hatred stoked by those whose interests it serves, and prevailing here and elsewhere, the argument is worth hearing. Reason for which I am signing and inviting others to do so as well.
And back to local occupations, despite the calls to hatred poisoning the climate for everyone.