Au réveil ce matin : un besoin physique d’écrire ces mots et ceux du vers qui suit: “n’ayez point contre nous le coeur endurci.”

Toute personne ayant étudié en français reconnaîtra les premiers vers de la ballade du pendu de François Villon (1432-1463). Mais au moment de les noter sur le premier bout de papier à disposition, je pensais surtout aux humains à venir après nous, raison pour laquelle le verbe m’est venu au futur et non au présent de l’indicatif.

Et puis, je suis tombée sur les paroles proprement obscènes de Boris Johnson : “La chute de l’empire romain fut en grande partie le résultat d’une immigration incontrôlée. L’empire ne pouvait plus contrôler ses frontières, des gens sont arrivés depuis l’est, de partout, et nous sommes tombés dans l’âge des ténèbres, l’Europe s’est enfoncée dans une époque de ténèbres qui a duré très longtemps. Ce que j’essaie de dire, c’est que ça peut se reproduire. Les gens ne doivent pas être arrogants au point de s’imaginer que l’histoire est à sens unique.”

Passons sur le fait que sans l’effondrement de l’empire en question et des invasions venues du nord autant que de l’est, ce chamallow bouffi n’aurait pas de scène mondiale sur laquelle se pavaner… Hier, une amie me montrait des photos et des vidéos de son petit-fils de un an – touillant la pâte à crêpe avec son père, en sidération devant les poules que nourrissait sa mère – et j’ai pensé “mais quel monde préparons-nous pour Isaac et les autres qui naissent en ce moment ? ”

Il faut dire que, tout en fabriquant nos cahiers en papier recyclé, nous venions tout juste de parler de l’enthousiasme renouvelé de tous ici – droite et gauche confondues – pour le nucléaire comme source d’énergie de l’avenir…avec enfouissements de déchets qui demeureront toxiques pour cent mille ans. Mais – peuh ! – évidemment, avec une présidence qui ne dure que sept ans (dont la dernière année entièrement consacrée aux sondages en vue d’une ré-élection potentielle) même une perspective sur vingt ans paraît une éternité aussi insondable que les “âges de ténèbre” de l’imbuvable monsieur Johnson.

Il va falloir se préparer à un déversement sans précédent de mots toxiques, combinant des appels prétendûment inspirés par les sentiments les plus nobles avec des marchandages sordides pour une autre affaire juteuse, puis une autre, et une autre encore.

“Frères humains qui après nous vivrez…” sachez que nous avions à combattre des criminels occupés à nourrir des contre-vérités sidérantes aux armées des stupéfiés et des confus.

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Upon waking this morning: a physical need to write down those words along with the verse that follows: “do not harden your hearts against us.” Anyone who has studied in French will recognize the first verses of the Epitaph by François Villon (1432-1463). But while scribbling them down on the first scrap of paper available, I was mostly thinking of the humans that will come after us – reason for which the verb came to me in the future tense, not the present one.

And then, I came across Boris Johnson’s thoroughly obscene words : “When the Roman empire fell, it was largely as a result of uncontrolled immigration. The empire could no longer control its borders, people came in from the east, all over the place, and we went into a dark ages, Europe went into a dark ages that lasted a very long time. The point of that is to say it can happen again. People  should not be so conceited as to imagine that history is a one-way ratchet.”

Passing over the fact that, without the demise of said empire and the invasions from the North as well as the East, this bloated marshmallow would not have a world scene on which to strut his stuff… A friend showed me pictures and videos of her one year-old grandson yesterday – pottering in a bowl of crêpe batter with his father, awe-struck at the sight of chickens feeding on grains thrown to them by his mother – and I thought “what kind of world are we preparing for Isaac and all the others being born at the moment?”

I should add that – while making more notebooks out of recycled paper, we had just been talking about the fresh burst of enthusiasm over here – by right and left-wingers both – for nuclear energy as the solution for the future…along with the burial of waste that will remain toxic for one hundred thousand years. But – pfeh !- what’s one hundred thousand years for someone when the presidency lasts for seven years (with the final one entirely taken up by surveys measuring chances for a possible re-election) ? Even a viewpoint covering twenty years appears as an eternity as impossible to fathom as the insufferable Mr. Johnson’s “Dark ages”.

We had better all brace ourselves for unprecedent amounts of toxic words mixing lofty-sounding appeals with the crassest, most sordid haggling for one more juicy deal, and another, and another still.

“brother humans who after us will live…” know that we had to fight against criminals hard at work feeding stultifying pap to armies of the stunned and the lost.