journalisme/(same in English, minus the e)

Le 8 octobre, dans un titre sur le journal Le Monde, un général de l’armée française disait : “Je ne suis pas sûr que d’imposer la démocratie et nos valeurs fonctionne.” Je n’ai pas perdu mon temps à lire l’article tant il semble évident ‘qu’imposer’ par les armes et la propagande une démocratie et des valeurs qu’on ne pratique plus sauf à titre d’incantations ne peut même pas fonctionner, là où les incantations résonnent le plus fort.

Puis, on nous apprenait que le comité responsable du prix Nobel de la paix l’attribuait à deux journalistes, Maria Ressa des Philippines et Dmitri Muratov de Russie, pour leur soutien à la liberté de la presse. Vu le nombre de journalistes tués ou emprisonnés pour l’exercice de leur devoir d’information, le sentiment a sa valeur, évidemment. Mais, personnellement, je suis de moins en moins sensible aux effets d’annonce, et de plus en plus attentive aux petits faits quotidiens.

Or, qu’en est-il du journalisme “au quotidien” ? Il ne se porte pas très bien, en fait. Mises à part les “purges” rédactionnelles liées aux achats des grands titres de presse, le travail du journaliste se fait sous l’oeil d’un chef de pupitre, se rapportant lui-même au rédacteur-en-chef, faisant rapport au conseil d’administration ou aux actionnaires et au grand patron, l’oeil bien fixé sur sa marge de profit. Alors, si vous croyez que le ou la journaliste lambda assure quotidiennement “le droit du public à l’information”, j’ai le regret de vous dire qu’il n’en est rien. Vu la sacro-sainte règle du “traitement objectif”, par exemple, le point de vue critique de l’un se doit d’être contre-balancé par la réplique de l’autre, quelle que soit la valeur relative des points de vue en cause. Résultat: un relativisme déprimant, démotivant où les cris d’alarme se perdent dans des montagnes de mensonges lénifiants, sans parler des tonnes de “nouvelles” qui ne sont rien d’autres que des pubs déguisés pour des trucs inutiles ou des “révélations” au sujet d’une vedette dont vous ignoriez même l’existence.

Alors, liberté de la presse ? Oh oui, s’il-vous-plaît. D’où l’intérêt de se créer son propre bouquet de sources d’information pour ne pas rater toutes ces choses que le comité éditorial lié au conglomérat n’a pas cru bon de signaler. Par exemple : ces fuites du rapport de la giec, (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évaluation du climat) fuites organisées par ses rédacteurs craignant que les “grands de ce monde” en occultent à nouveau les points les plus importants, concernant la nature mortifère du capitalisme, par exemple. (Soit dit en passant, la traduction française est tirée de l’original en espagnol.)

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On October 8th in a heading on the newspaper Le Monde, a general of the French army said: “I’m not sure that imposing democracy and our values works.” I didn’t waste time reading the article so obvious does it seem that “imposing” through weapons and propaganda a democracy and values no longer practiced except as incantations can’t even function where the incantations are the loudest.

Then we learned that the committee responsible for the Nobel Peace Prize was giving it to two journalists, Maria Ressa from the Phillipines and Dmitri Muratov from Russia, for their work supporting freedom of the press. Considering the number of journalists killed or imprisonned for exercising their duty to inform, the intent is note-worthy, obviously. But personally, I’m less and less touched by announcements, and more and more attentive to small daily realities.

So, how does journalism fare “at the daily level”? Not that well, in fact. Besides the “purges” at the writing desks linked to the purchase of newspapers by large conglomerates, a journalist’s job is carried out under the eye of the copy editor who reports to the editor-in-chief, who follows his instructions from the board of governors or the shareholders, under the boss’ gimlet eye on his profit margin. So if you think your average journalist does a daily job of “insuring the public’s right to know”, I’m sorry to tell you this is not so. Given the sacred rule of “objective treatment”, a critical viewpoint expressed by one, for example, must be counter-balanced by the response from the opposing view leading as a result to a depressing and demotivating relativism in which cries of alarm get smothered under mountains of soothing lies, before even mentionning the tons of “news” that are nothing but thinly disguised ads for useless products, or “revelations” about a famous person you did not even know existed.

So, freedom of the press ? Oh, yes, please. Which makes it that much more useful to gather one’s own collection of news sources so as not to miss out on those things the editorial committee did not find useful to bring to public attention. For instance: the job of whistle blowing performed by none other than the writers of the IPCC report (Intergovernmental Panel on Climate Change), fearing as they did that the “world grandees” would hide its most important findings, notably those on capitalism’s deadly nature. (This paper is in French, translated from the Spanish; I’ll add an English version, should I find one.)

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