
J’avais commencé à écrire ce papier sur le mode satirique. Mais je perds toute envie de rigoler à voir l’accélération dans les conneries, avant même que ne soit lancée officiellement la campagne présidentielle; le tout accompagné de la France occupant la présidence tournante de l’Union européenne, sous peu. Il n’y a vraiment pas matière à rire quand un “leader du monde libre” (comme la plupart ou la totalité de ses homonymes) ne songe qu’à damer le pion à ses adversaires, quoi qu’il en coûte. Cet homme est certainement du genre à quitter la scène en claquant la porte, plutôt que de reconnaître son impuissance à gagner en singeant les postures de ses adversaires. Je songe à la question que posait Hannah Arendt, à savoir si la politique était vraiment nécessaire, et je pousse un long soupir désolé. (J’ai hâte de lire le livre de la philosophe Myriam Ravault d’Allonnes “Pourquoi nous n’aimons pas la démocratie”, peut-être y trouverai-je quelques pensées utiles dans le désert actuel de véritable réflexion.)
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Et je retourne à mes occupations principales. Hier, après une séance de révision, j’ai traduit un texte dans lequel l’écrivaine kurde Roza Mêtina affirme qu’on écrit avec la langue dans laquelle on rêve. L’idée m’a intriguée alors, avant de m’endormir hier soir, j’ai souhaité en faire l’expérience. Le rêve a répondu : dans une séquence, quelqu’un parlait en français et, plus tard, un soldat américain s’exprimait en anglais. (La plupart du temps, les paroles ne sont pas très présentes dans mes rêves qui utilisent surtout gestes, images, animaux et expressions faciales pour transmettre de l’information.)
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Même programme pour la journée: une partie révision, une partie traduction et un moment de promenade pour contrecarrer l’ankylose liée au travail intellectuel.
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I started writing this paper in a satirical mode. But I lose all desire for a good chuckle when I see the acceleration in bloody rubbish even before the official launch of the presidential campaign; with the added disaster of France soon occupying the revolving presidency of the European Union. There is nothing to laugh about when a “leader of the free world” (as most or all of his homonyms) thinks of nothing other than checkmating his opponents at any cost. This is a man who would probably leave, slamming the door, rather than lose after aping his aversaries’ every posture. I think of Hannah Arendt’s question asking if politics were truly necessary and heave a long and desolate sigh. (Looking forward to reading philosopher Myriam Ravault d’Allonnes’ book titled “Pourquoi nous n’aimons pas la démocratie” (Why we do not like democracy), perhaps it will contain a few useful thoughts in the current desert of real thinking.)
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And back I go to my usual occupations. Yesterday, after a session of revision, I translated an interview with Kurdish writer Roza Mêtina in which she says you dream in the language you write in. I found the thought intriguing, so before going to sleep, I hoped to experience the truth in it. The dream responded: at first, one of the characters spoke in French, then an American soldier showed up and spoke in English. (Usually, words don’t show up much in my dreams, where gestures, images, animals and facial expressions handle the transmittal of information.)
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Same program for today: part revision, part translation, with a break for a walk in order to ward off the ankylosis of intellectual labor.