
malgré le déferlement de “post-vérités” tentant de noyer la réalité sous ses contraires, le “mentir vrai” de la fiction tient le cap, et on trouve encore et toujours des livres qui valent la peine d’être lus. En ce moment, je suis plongée dans des sagas islandaises du 9e au 11e siècle dans lesquelles la fiction a libre cours, qu’il s’agisse de la saga de Ketill le Saumon ou de Ragnarr aux Braies Velues…
Je n’ai pas encore lu “La faiblesse du vrai” de Myriam Ravault d’Allonnes, mais cette citation me paraît prometteuse:
“Peut-on induire des effets de vérité avec un discours de fiction ? Le « mentir vrai» pour reprendre l’expression d’Aragon, le propre du processus de narration: en transformant les faits réels par une composition fictionnelle, « menteuse», la narration est porteuse d’une vérité plus proche du réel que sa reproduction ou son redoublement. Si la fiction va au-delà de l’évidence du monde qui nous est donné et même la suspend, c’est pour que nous puissions imaginer d’autres (de nouvelles) manières de l’habiter. »
C’est toute la différence entre tenter d’enfumer les gens par des “post-vérités”, et permettre d’ouvrir les “portes de la perception” plus largement.
(et je retourne à mes écrits. En signalant que, pour l’heure, j’utilise d’anciennes photos comme illustrations, traitées au noir et blanc, parce que mon pauvre ordi peine à faire le strict nécessaire. Et puis, les islandais sont assez amusants avec leurs descriptions des dragons comme étant des “harengs de terre” ou des “saumons monstrueux” et je m’interroge sur le descriptif de la bête qui sert de prie-dieu à Jonas, ci-haut. En tout cas, ça grouillait de bestioles bizarres, à l’époque… et des glaives magiques pourfendaient le métal, la peau et les os avec une facilité déconcertante…)
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despite the flood of “post-truths” attempting to drown reality under its opposites, the “truthful lying” of fiction stays on course, and we can still find books worth reading. These days, I’m plunged in Icelandic sagas of the 9th and 11th century, in which fiction is given free reins, be it in Ketill the Salmon or in Ragnarr of the Hairy Britches…
I haven’t read “la faiblesse du vrai” by Myriam Ravault d’Allonnes yet (The weakness of the true), but the following quote seems promising :
“Can one induce truthful effects from a fictional discourse? To use Aragon’s expression “truthful lying” is the nature of the narrative process: by transforming real facts through a fictional, “lying” composition, narration bears truths that are closer to reality than would be its reproduction or doubling back. If fiction goes beyond reality as we know it, and even suspends it, it is so we can imagine other (novel) ways to inhabit reality.”
Which marks all the difference beween confusing people with “post-truths” and allowing a wider opening to the “doors of perception.”
(and now, back to my own writing. Pointing out, in passing, that I’m using previous photos as illustrations, in black and white, because my poor computer is creaking along even for the simplest operations. Besides, Icelanders are truly amusing in their descriptions of dragons as “earth herrings”, or “monstrous salmon”… and I’m curious about the nature of the fish Jonas is using as his prayer stall in the illustration above. In any event, the place teemed with beasties in those days, and magical swords cut through metal, skin and bone with unearthly ease…)