
Lire les journaux, en ce moment, me conduit uniquement à m’interroger sur ce que les humains appellent l’intelligence de notre espèce ou, comme l’exprime l’un de mes personnages, à l’impression d’observer des bactéries vibrionner dans une flaque d’eau.
Le même sentiment me survient à la lecture de certains livres. Je ne me donne pas la peine de mentionner le nom de l’écrivain, parce que ça n’est pas de lui qu’il s’agit, en tant que tel. Il est bien connu en France, a remporté de nombreux prix littéraires et la collection de nouvelles que je viens de lire fut publié en 2014 – il y a à peine sept ans.
J’étais à mi-chemin dans ma lecture lorsque je me suis demandé si j’allais le lire jusqu’à la fin (et décidé que oui.). Ce qui m’interpellait c’était la totale assurance de tous ses personnages masculins en tant que “vrais mecs” – c’est-à-dire des buveurs qui parlent de voitures, d’aventures, de sports et de femmes. Enfin, des parties des femmes qu’ils estiment valoir leur attention , j’ai nommé les “nichons”, le ‘cul’ et la ‘chatte’, avec une mention occasionnelle de ‘crinières’ de cheveux désirables. Hors le domaine des femelles désirables, les autres femmes n’existent pas du tout – trop vieilles, trop moches, ne possédant pas l’attrait de ces trois caractéristiques essentielles.
Evidemment, je ne me souviens d’aucune période dans ma vie adulte pendant laquelle la littérature n’était pas fortement teintée de cette perspective – au point de la faire paraître normale. Et, bien sûr aussi, c’est une perspective des plus déprimantes dans ce qu’elle suppose pour ces autres femmes. Mais personnellement, je trouve tout aussi déprimant l’effet que ça a sur les hommes, en convainquant tellement d’entre eux, que cette attitude est évidente et normale et les femmes, quantité négligeable hors leur potentiel pour la satisfaction de leur libido.
L’évidence ne devient évidente qu’à force de répétition, alors il semblerait que nous ayions encore une longue marche devant nous, avant que les hommes et les femmes éprouvent un processus définitif de transformation qui dépasse les révélations de l’une ou de l’autre, pendant que le grand tourne-boule se poursuit.
L’intelligence humaine. Sa maturation se fait attendre.
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Reading the papers these days only leads me to wonder about what we humans call intelligence in our species or, as one of my characters puts it, the sensation of observing bacteria wriggling in a puddle.
The same feeling overtakes me in reading some books. I don’t bother mentioning the writer’s name, because he isn’t at issue, as such. He’s a well-known writer in France, winner of several literary prizes and the collection of short stories I just read was published in 2014 – barely seven years ago.
I was half-way through reading the collection when I asked myself if I’d go on reading to the end (and decided I would). At issue was the total self-assurance of all his male characters in being “real guys” i.e. men who drank hard, talked about cars, adventures, sports and women. That is, I should say about some body parts of women worthy of their attention i.e “tits”, “ass” and “pussy” with an occasional mention to desirable “manes” of hair. Outside the realm of desirable females, all other women simply didn’t exist for any of them – too old, too ugly, not attractive in those three essential features.
Of course, I can’t think of a period in my adult life when literature wasn’t heavily skewed toward that perspective – to the extent of this seeming almost normal. And, of course, it’s a damned miserable outlook when you see the implications this holds for women. But, personally, I’m just as depressed by what it does to men, in convincing so many of them that this is self-evident and normal and that all women are negligible quantities, outside their ability to satisfy the male libido.
Self-evident matters only becomes so through repetition so it looks like there’s a long haul ahead before expectations for both males and females go through some definitive transformative process that go beyond the revelations of this one or that other, while the great hurly-burly carries on.
Human intelligence. It’s ripening still awaits.