
Jour après jour après jour, les journaux nous présentent “ce qu’il faut savoir”, dans le même ordre: d’abord, la plus récente catastrophe (ou victoire éclatante de l’ équipe sportive locale), suivie, en ordre décroissant, des catastrophes qui ont la mauvaise idée de perdurer (les incendies dévastant des territoires entiers, par exemple, et le covid, bien sûr, ah le covid et ses variantes). Et puis, parce qu’il faut quand même se remonter le moral, un paquet de trucs à paillettes (les malheurs d’une starlette, ou les bons conseils d’un petit princelet, quelques réponses à des questions existentielles, par exemple “Mon mari est bisexuel, dois-je craindre pour mon mariage?” des recettes, du sport et encore du sport, et – truffes égarées dans le pouding – une analyse par un analyste. L’analyste vous apprendra le comment du pourquoi et ce qu’il faut en penser. Vous pourrez ensuite répéter son analyse à qui voudra bien l’entendre.
À l’occasion, un morceau plus substantielle de journalisme d’enquête. Mais qui a le temps de le lire (oui ! certains journaux vous disent même combien de vos précieuses minutes seront englouties dans la lecture d’un article.)
Et le tout à l’avenant. Alors, dites-moi: comment prendre au sérieux quelque désastre que ce soit quand les dernières nouvelles sur l’apocalypse sont accompagnées des plus récentes tendances pour la mode automnale ??
Je pose la question. Je n’attends aucune réponse.
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Un effet de l’âge ? Peut-être. Les souvenirs affluent, ces jours-ci. Je les note. Evidemment, ils appartiennent à mon passé, mais ce passé me semble de plus en plus à l’image de celui de millions d’autres personnes, élevées selon certaines règles et qui les ont bien intériorisées, soit en s’y opposant ou en s’y conformant – dans les deux cas, leur reconnaissant le pouvoir de déterminer le cours de leur existence. Ce qu’il faut en faire, je ne sais pas. Pour l’heure, je note.
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Day after day after day, the news tell us “what we must know”, and in the same order: first of all, the most recent catastrophy (or resounding victory of the local sports team) followed, in descending order, by those disasters that have the bad manners of sticking around (fires devastating entire territories, for example, and covid, covid of course, ah, covid and its multiples variants). Then, because you have to boost people’s morale a bit or they’ll stop reading you, a bunch of glittery stuff (a starlet’s woes, sound vaccination advice from a princeling, a bit of advice eg “My husband is bisexual, should I fear for my marriage?”; recipes, sports and more sports and – errant truffles in the pudding – an analysis by an analyst. The how of the why and what we must think about it.
Occasionally, a longer piece of investigative journalism. But who has time to read (yes! several newspapers even tell you how many minutes of your precious time a given article will use up.)
And everything else in the same manner. So, tell me, how is anyone to take any disaster whatsoever seriously when the most recent news about the apocalypse come with the newest tendencies for the fall fashions??
I put the question. I don’t expect any answers.
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As a result of ageing? Perhaps. Old memories abound, these days. I write them down. Of course, they are pieces from my past, but more and more, that past strikes me as being the same as that of millions of other people, raised according to certain rules they have fully internalized, either in their opposition to them, or in their conformity – in both cases, acknowledging the power they had in determining the course of their existence. What to do with them, I’m don’t know. For now, I write them down.