expressions

“La trois nous fait une Traviata” dit l’aide-soignante à l’infirmière durant la nuit. Mais c’était une fausse “Traviata” due à la perte du signal cardiaque  pour cause de décollement d’une des électrodes. (Le problème corrigé, j’ai chantonné Addio nell passato jusqu’à l’endormissement. J’aime beaucoup l’expression.)

Je lis Cervantès. Il y a des trouvailles géniales. Par exemple:

s’entoupillonner dans les draps“, cette expérience bien connue de se retrouver ligoté dans les draps après une nuit agitée. Ajoutez les fils d’un moniteur cardiaque, d’un tensiomètre et de perfusions, et depuis 1602 à 2021, ” s’entoupillonner” passe dans le vocabulaire courant, du moins, dans le mien.  (Si quelqu’un connaît l’original en castillan, je serais ravie de voir le mot dans sa version d’origine.)

Ensuite dans Cervantes, nous avons le “chapeau de docteur” pour décrire le monceau de charpie absorbant le sang d’une blessure à la tête du valeureux soldat.

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Encore dans Cervantes: ce qui suit n’es pas une expression mais décrit une réalité se déroulant en ce moment, puisqu’on me dit que Kaboul est tombé, avec les mêmes scènes de fuite qui se répète, comme au Vietnam, comme au…

Ici, il s’agit du regret de la fin du valeureux métier de donner la mort par l’épée, expression aux accents curieusement contemporains  qui semblent sauter de 1602 à l’époque contemporaine si on remplace “la vilaine artillerie” par  la vilaine pratique de livrer la mort à distance par drone, après quoi le “noble soldat-technicien”, sa journée de travail terminée, rentre chez lui, probablement en râlant contre son salaire ou son surveillant.  Constatez vous-même: “Bénis soient ces siècles heureux qui n’ont point connu l’épouvantable furie de ces instruments endiablés de l’artillerie, à l’inventeur de laquelle je tiens, pour moi, que l’enfer donne la récompense de son invention diabolique de l’artillerie, par laquelle un bras infâme et couard peut ôter la vie à un vaillant chevalier et, sans savoir comment ni par où, … il vient une balle à la débandade…laquelle balle tranche et achève en un instant les pensées et la vie de celui qui méritait d’en jouir de longs siècles…” (De longs siècles, je ne sais pas, mais plus longtemps, c’est chose certaine.)

(la fonction “image” semble bloquée; peut-être apparaitrera-t-elle plus tard, ou pas du tout.)

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“Room 3 is pulling a Traviata” the nursing aide said to the nurse during the night. But it was a phony “Traviata” since the monitor had only flatlined because one of the electrodes had become unstuck. (Left me humming Addio nell passato for a while before I went back to sleep. I love the expression.)

I’m reading Cervantes, filled with great expressions. The first, “s’entoupillonner dans les draps” for which I haven’t found an English equivalent yet. It describes that  well-known sensation when, after a night of tossing and turning, you find yourself trapped in a twisted snarl of sheets. Add to the mix the connections to a heart monitor, the other for blood pressure readings and three drips and you are free to make up the word that best suits you. (I don’t have a Spanish version of Don Quixotte handy. If anyone can tell me how s’entoupillonner translates back into Castilian, so much the better.)

Next in Cervantes: a “doctor’s hat” which describes the mass of cotton rags stenching the flow of blood for a brave soldier’s head wound.

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Not an expression but current, since I hear the debacle has happened in Kabul with the scenes of fleeings and all the rest of it, as in Vietnam, as in…

In Cervantes a passage that sounds eerily contemporary when, bemoaning the loss of the noble art of slaying your enemy with a sword  because of the appearance of”villainous artillery”, with the jump from 1602 to the current villainous practice of killing you enemy from far far away by pressing on a button and watching a drone land thousands of kilometers away. The “noble soldier/technician” then going home, once the day is done, probably moaning over his lousy salary or his supervisor. To whit:

Blessed be those happy centuries that did not know the horrid fury of those devilish instruments of artillery, whose inventor in my opinion deserves hell as the reward of his diabolical invention by which a cursed and cowardly arm can take the life of a brave knight and, without knowing how or from where…there comes a bullet… which bullet cuts short in an instant the thoughts and the life of one who perhaps deserved to enjoy them for long centuries” (I don’t know about enjoying them for long centuries, for a longer period, undoubtedly.)

(the image function appears blocked. Perhaps the photo will appear later, perhaps, not at all.)

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