“les valeurs imaginaires”/”Imaginary values”

Donc, monsieur le président de la Slovénie occupera le poste de président de l’Union européenne pour six mois. Il tient à avertir l’ouest du territoire ainsi désignée de ne pas chercher à imposer ses “valeurs imaginaires” (respect de tous sans distinction de race, langues, orientation sexuelle, et cetera) aux “vraies valeurs” représentées par son aimable personne ainsi que par les dirigeants actuels de Hongrie, Pologne…Vu les dérives qu’on observe dans “l’ouest”, je crois que monsieur le président de la Slovénie n’a pas trop de soucis à se faire, ses “valeurs réelles” progressent gentiment un peu partout.

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Je continue mon exploration des sites d’agents littéraires aux Etats-Unis. Dans certains cas, j’envoie des informations selon les critères qu’on y précise; parfois, je me contente de noter des propos ou des noms d’auteurs ou encore des couvertures de livres encore plus laides et clinquantes que d’autres.

Ou alors, des mots comme ceux d’une agente qui considère qu’une partie de son travail consiste à aider l’écrivain à réviser un récit “trop calme, trop tranquille” (“too quiet”, écrit-elle en anglais.) Apparemment, comme les couvertures de livres l’indiquent, il faut parler fort et occuper de la place dans un maelstrom de couleurs criardes – afin d’être emportés au plus tôt par une nouvelle déferlante; il faut croire que la réflexion fait partie des “valeurs imaginaires”, elle aussi. (De toute façon, bien qu’ouverte aux améliorations réelles, je considère le récit en question suffisamment ‘bruyant’ en lui-même.)

Donc, je poursuis le processus mais je doute fort d’y rencontrer des compagnons de route, et je m’attends à des refus, ou aux silences qui leur équivalent.

Je m’en tiens à mes propres “valeurs imaginaires”, nées à une époque où les couvertures de livres étaient aussi neutres que possible, pour laisser toute la place aux mots imprimés sur les pages intérieures – ou à des couvertures qui avaient quelque chose à voir avec le contenu… A vrai dire, il y a des “mondes réels” pour lesquels je n’éprouve aucune attirance, régis comme ils sont par des “valeurs” qui sont le contraire de tout ce que je chéris (salut discret au président slovène, en passant).

Et puis, lorsque les invectives publiques et les comportements abusifs deviennent la norme, le “calme” peut devenir une forme utile de résistance – et un préservatif nécessaire pour la santé mentale.

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So, Mister President of Slovenia will occupy the presidency of the European Union for the next six months. He feels impelled to warn the Western part of the territory known under this designation not to attempt imposing its “imaginary values” (respect of others no matter their race, language, sexual orientation, etc) on the “real” values represented by his delightful person and those of the current leaders in Hungary, Poland… Considering the general drift observed in the “West”, I don’t think Monsieur le Président of Slovenia has too much to worry about, his “real values” are progressing nicely everywhere.

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I’m pursuing my exploration of literary agencies in the United States. In some cases, I send along materials according to their specifications; in others, I note some words, or the names of some writers, or book covers, even uglier and louder than the others .

Or again, words like those of one agent who considers that part of her work consists in helping a writer revise a story that is “too quiet”. Apparently, just like those book covers indicate, you must talk loud and take up as much space as you can in that maelstrom of garish colors – the better to be swept along and out of sight and mind, to make room for the next onslaught, apparently, reflection seems to belong to “imaginary values” also. (In any event, while open to real improvements, I consider the story in question “loud” enough in its own right.)

Oh well. I keep on with the process although I have the profoundest doubts of encountering travelling companions and fully expect rejections or their silent equivalents.

I’ll stick with my personal, “imaginary values”, born at a time when book covers were as neutral as possible, leaving more room for the words printed inside – or carried images related to the story within. Truth be told, there are some “real” worlds for which I feel no longing whatsoever, governed as they are by “values” that are the opposite of everything I most cherish (slight nod to the Slovenian president, in passing).

Besides. When public rants and overbearing behaviors become the norm, “quietness” may prove a useful form of resistance – and a necessary preservative for mental health.

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