
“Les meilleurs délais”
Si le dossier ne sera pas réglé dans “les meilleurs délais”, c’est qu’il est “en cours de traitement”.
Et la seule consolation: en rangeant les “autres papiers” – ceux qui n’intéressent pas les bureaucrates – de découvrir un lamento noté en 2009 lorsque suite à une interruption inopinée du versement de ma pension, j’avais contacté un fonctionnaire à Ottawa qui s’était épanché au sujet des coupures de budget et de leurs conséquences fâcheuses sur son emploi du temps (il passait beaucoup de temps à recevoir des commentaires indignés de la part de vieux croutons qui n’appréciaient pas le fait qu’un système informatique pouvait se dérégler, non mais, était-ce de sa faute à lui???? (comme les conversations sont enregistrées – au cas où le “prestataire” se montrerait désagréable – il faut espérer que le lamento du fonctionnaire ne lui a pas causé de soucis…)
L’intérêt de ceci ? Se remémorer d’anciens soucis pour se distraire de préoccupations courantes. Le principe du coup de marteau sur un doigt pour oublier une rage de dents.
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cet autre extrait de notes, cette fois en 2010:
pensée au sujet de la rancune: on dirait un espace émotionnel coincé entre le chagrin et la colère. Le chagrin/sentiment de perte, top intense et trop douloureux qu’on ne veut pas explorer, et la colère/rage, trop dangereuse à exprimer. Alors, si l’esprit se dirige vers la tristesse, il se remémore un truc vraiment stupide qu’a dit l’autre ce qui rallume de la colère et éloigne la tristesse. Puis, quand la colère prend de l’ampleur, et que l’esprit commence à lancer des signaux d’alarme sur des gestes ou des paroles qui seraient regrettables, on se re-balance vers quelque chose qui ramène un souvenir triste. Et nous revoici dans la zone de la rancune.
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L’avantage de traces écrites. Rappels. Pendant que dossiers et documents sont “en cours de traitement” avec des réponses à venir “dans les meilleurs délais”.
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“In the best delays”
If the file is not taken care of in “the best delays”, it can only be because it is “currently under treatment.”
And the only consolation: while sorting through “other papers” – those that don’t interest bureaucrats, finding a lamento jotted down in 2009 or early 2010 when, following an unexpected cut in the payment of my pension, I contacted a civil servant in Ottawa who let forth on budget cuts and their unfortunate consequences on his time (he was spending a lot of it receiving indignant comments from old fuddy-duddies who did not understand that a computer system could have glitches, I mean really, was it his fault??? (as those conversations are recorded – in case the “beneficiary” should prove unpleasant, one can only hope that the civil servant’s lamento did not get him into any trouble…)
The interest in all this ? Remembering old problems as a distraction from current preoccupations. It’s the principle of hitting a finger with a hammer, in order to forget a raging toothache.
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this other jotting, this time from 2010:
Thought about resentment: it feels like an emotional space stuck between sorrow and anger. The sorrow/sadness/grief feeling too intense and too painful to explore, and the anger/rage too dangerous to let loose. So whenever the mind starts veering toward the sadness, it reminds itself of some really stupid thing that other person said or did, which rekindles some anger and keeps the mind clear of the sorrowful place. Then, when the anger starts building up a head of steam, and the mind starts flashing warnng signs about doing or saying something regrettable, it pitches back in with one of the more painful recollections and you teeter-totter on resentment.
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The advantage of written traces. Reminders. While files and documents are “under treatment” with answers forthcoming “in the best delays.”