Un dimanche matin/One Sunday morning

Des trois frères, il est l’aîné; ils ont 21 ans, 18 et 15.

Assise dans un fauteuil au milieu de la rue déserte, je fais mine de regarder une télé débranchée. “Que je regarde-je?” demande-je au frère de 18 ans, en train de régler les angles de prise de vue. “Un documentaire animalier sur Arte. Sur les tigres”, me répond-il.

Face à moi, le frère aîné est assis sur une chaise de jardin et tient un chien en laisse tout en donnant ses dernières directives. Des copains jouant les durs se préparent à s’emparer des membres traînants et longilignes du frère de 15 ans avant de l’enfermer dans le coffre d’une voiture pendant que d’autres copains miment une vigoureuse partie de catch.

Presque à chaque fois qu’il faut lancer l’action, il faut d’abord faire dévier une ou deux voitures sur le trottoir et/ou attendre le passage ronronnant d’un bi-moteur nous survolant dans ses sorties du dimanche. “Comme les tigrons sont mignons,” dis-je à l’autre copain assis sur un fauteuil à côté de moi. “Des gros chatons, en somme,” me répond-il.

Je suis tellement concentrée sur les mignons tigrons que je rate la finale du clip, quand le frère de 15 ans s’évade du coffre de la voiture, poursuivi par les méchants.

Je me demande ce qu’ils deviendront tous, ces neuf garçons dont les 3 frères de 21, 18 et 15 ans.

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Puis, retour à la révision.

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post-scriptum du lundi midi : trop drôle. J’ouvre un autre des livres envoyés par une copine, le livre de chroniques d’Antonio Lobo Antunes qui s’intitue Dormir accompagné en français. Et je tombe sur la chronique “Ecrit à coups de crocs”. Dans lequel un psychiatre reçoit régulièrement un patient très correct et très poli qui lui offre toujours une orange et qui passe tout son temps libre à deviser avec les tigres du zoo. Occupation qu’il recommande fortement à son psychiatre auquel il trouve une petite mine. L’homme de science est plutôt du même avis, se fixe donc un rendez-vous dans les mois à venir et, en attendant, passe ses temps libres devant la cage des tigres au côté de son patient.

Eh oui, ça me fait rire (et Antunes l’écrit si bien que le mieux, c’est de le lire vous-même.)

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He is the eldest of the three brothers; they are 21, 18 and 15 years old.

Sitting in an armchair in the middle of a deserted street, I pretend to watch an unplugged TV. “What am I supposed to be looking at?” asketh myself to the 18 year old brother, busy adjusting the viewing angles. “An animal documentary on Arte. About tigers,” he answers.

Facing me, the eldest brother sits on a garden chair holding a dog on a leash while giving his final directives. Buddies interpret the bad guys about to grab the long and straggling limbs of the 15 year old brother before dumping him into the trunk of a car, as other buddies act out a vigorous bout of wrestling.

Almost every time the action should start, you first have to make one or two cars pass on the sidewalk and/or wait for the purring of a bi-motor plane to drift away on its Sunday outings. “How cute those baby tigers are,” I say to the other buddy sitting next to me. “Like big kittens, really,” he answers.

I am so concentrated on the cute baby tigers that I miss the clip’s finale when the 15 year old brother escapes out of the trunk of the car, pursued by the bad guys.

I wonder what they will all become, these nine boys including 3 brothers, aged 21, 18 and 15.

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Then, back to revision.

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P.S. on a Monday noon: too funny. I open another book sent by a friend, a book of columns by Antonio Lobo Antunes, titled Dormir Accompagné in French. And come across the one titled “Ecrit à coups de crocs” (Written in jags from fangs). In which a psychiatrist has a regular patient who comes in, very neat and polite and always offering him an orange. The man spends the rest of his time devising with the tigers at the zoo. He highly recommends this to the psychiatrist he finds a bit peaked. The man of science agrees and books himself for an appointment in the coming months. In the meantime, he spends his free time, sitting next to his patient in front of the tigers’ cage at the zoo.

Yes, I find this funny (and Antunes writes it so well the best you can do is read it yourself.)

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