
Au départ, je cherchais plutôt un titre en rapport avec les courses en athlétisme – notamment le steeple – parce que la sensation que j’ai lorsque j’ai affaire aux administrations, c’est de courir dans un tel événement mais… où tous les participants ont le dos tourné à l’obstacle. Un monde à la Alice au pays des merveilles, mais en temps réel.
Mais alors, je suis tombée sur cette photo que j’avais prise durant ma période en tant qu’accompagnatrice scolaire et je me suis dit qu’elle ferait l’affaire puisque dans ma vie, il m’a semblé constamment devoir remplir des formulaires officiels comportant de petites cases à cocher pour me définir ou décrire mon parcours de vie. Une expérience risquée même si vous avez vécu toute votre vie, prudemment à l’intérieur des limites de la case – et presque impossible sinon.
Au moment de chercher à résoudre une autre série de problèmes de la vie hors-case, j’ai un souvenir ému pour la fonctionnaire canadienne qui n’arrivait pas à comprendre que, trente ans après un voyage qui m’avait éloignée du pays pendant trois ans, je n’aie pas conservé le bordereau d’achat de mon billet d’avion, à défaut de la carte d’embarquement elle-même. Je l’ai imaginée, jeune femme méthodique et rangée, avec ses tickets de caisse classés par ordre alphabétique dans un casier ignifuge à la banque, et ce, depuis sa majorité. L’ordre, ah, l’ordre, le garant d’un sommeil lénifiant, même en plein jour.
Ce moment passera, lui aussi ? Bien sûr, ainsi que les heures innombrables gaspillées à rassembler le récit de vie, tel que confirmé par des papiers de différents pays (chaque pays ayant sa propre “meilleure manière” de faire les choses, cela va sans dire.)
Pendant ce temps, selon son tempérament, on peut soit se divertir ou se désoler à l’idée qu’un chef de gouvernement, tueur patenté à coup d’empoisonnement de ses adversaires, souhaite “une bonne santé” à l’un de ses vis-à-vis étrangers. Et qu’un jeune homme n’ait rien trouvé de mieux pour résister à la “tentation” des salons de massage que d’en trucider certaines des employées. Comme quoi les best-sellers plongent leurs racines dans un terreau des plus fertiles. Raison pour laquelle je comprends – et comment – les aspirations du personnage fictif à une vie meilleure pour tous.
Bonne chance aux uns. Pour ce qui est des autres… l’expérience personnelle à l’intérieur des petites cases qu’ils fabriquent pour les autres, peut-être ?
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At first, I was looking more for a title related with running events in athletics – notably the steeplechase race – because whenever I have to deal with administrations, I have the feeling I’m running in one such event but…with all the participants running with their backs turned away from the obstacles. An Alice in Wonderland type world, but in real time.
But then, I came across this old photo I had snapped in my school coaching days and thought it would do just fine, since my lifetime experience has been with little boxes on official forms, where you must check out the appropriate definition or description of your life journey. A fraught experience even if you’ve carefully lived within the confines of the box all your life – and close to impossible if you haven’t.
As I attempt to resolve yet another series of problems from a life lived outside the box, I have an emotion-filled memory of the Canadian civil servant who could not understand how, thirty years after a trip that had kept me outside the country for three years, I had not kept a receipt, barring my boarding pass, of my purchase of the plane ticket. I imagined her, a young woman both methodical and neat, with her purchase slips sorted by alphabetical order inside a fire-proof locker at the bank, and this, ever since her majority. Order, ah, order, the guarantor of soothing slumber, even in the light of day.
This too shall pass? Yes of course, and so will the countless number of hours wasted on assembling the life journey as confirmed in paperwork from different countries (each country having its own “best way” of doing things, this goes without saying.)
Meanwhile, depending on one’s temperament, we can either be saddened or amused to learn that one world leader, a patented killer of his political opponents, wishes “a good health” to one of his foreign counterparts. And that a young man could find nothing better to resist the “temptation” of massage parlors than to kill some of its staff. Illustrating the fact that best-sellers plunge their roots into a most fertile soil. Reason for which I understand – and how – my fictitious character’s aspirations to a better life for all.
Good luck to some. As for the others… personal experience of the confines within little boxes which they set up for others, maybe?