
Habituellement, le titre est en français et en anglais, mais ce matin, le mot “expendable” me paraît tellement mal traduit en français que je m’en tiens à celui-ci dont le sens est clairement de denrées et de personnes consommables et jetables après usage.
Pourquoi ? Parce que le blog de ” contractuelle ” sur Médiapart me remet en mémoire ma propre expérience – courte et ubuesque – avec cette vénérable institution qu’on nomme l’Education nationale. Très brièvement: les écoles de la ville où j’habite s’étaient retrouvées sans personnel pour les classes d’anglais. Quelqu’un s’était rappelé de mon expérience avec cette langue. Appels et courriers s’en étaient suivis, j’avais envoyé mon curriculum vitae et on m’avait priée de commencer les cours, en attendant l’arrivée imminente de mon contrat d’embauche. Chose faite. Au matin du troisième jour, mon téléphone sonne comme je m’apprête à partir: voici, voilà, nos excuses les plus plates mais l’Education nationale ne peut pas vous embaucher car vous avez dépassé l’âge de la retraite française (à laquelle je n’ai pas droit, par ailleurs). Apparemment, personne n’avait pensé à consulter mon curriculum vitae où mon âge apparaissait clairement. L’excuse loufoque de l’inspecteur : “C’est que vous paraissez tellement jeune que personne n’a pensé à vérifier votre date de naissance…”
Bref: contractuelle et ses 5 000 compagnes et compagnons ont toute ma sympathie pour la façon cavalière et irrespectueuse dont on les traite (ainsi que les enfants laissés en rade dans ces aventures). Pour ma part, le personnage et la voix principale de l’histoire en cours (qui est beaucoup plus jeune que moi) fait bon usage de son énervement profond envers la vénérable institution et certains de ses représentants que je ne nommerai pas.
Et comme je viens de lire l’un de ces “best-sellers” qu’on m’a donnés – vous savez, l’un de ces livres où les humains doivent s’entretuer à toutes les deux pages – j’ai l’impression que la notion des “autres” comme de simples lignes de codes dans un jeu qu’on peut vaporiser d’un clic de souris a encore plus d’adeptes que je ne le pensais.
La mission de l’Education nationale étant de… ? (Si le coeur vous en dit, consultez les beaux principes qu’on déroule sur les sites consacrés à la vénérable.)
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Usually, the title is in both French and in English but, this morning the word “expendable” strikes as so poorly translated in French that I’m sticking to this one, the meaning of which is clearly that of goods and persons to be used then thrown out after use.
Why? Because Contractuelle’s blog on Médiapart brings back the memory of my own – brief and ubuesque – experience with the venerable institution called Éducation nationale. Very briefly: the schools in the town where I live found themselves without a teacher for the English classes. Someone remembered my experience with this language. Phone calls and emails followed, I had sent my cv and been asked to start the classes while awaiting the imminent arrival of my contract. Which I did. On the morning of the third day, my phone rang as I was about to leave: hem, haw, our lamest of lame apologies but Éducation nationale cannot hire you because you are beyond the age for a French pension (to which I’m not entitled, by the way.) Apparently, no one had thought to look over my cv where my age was clearly stated. The inspector’s ludicrous excuse: “It’s because you look so young that no one thought to check your birth date…”
So contractuelle and her 5 000 companions have my full sympathy for the off-handed and disrespectful way they (and the children they teach) are treated and left stranded in this adventure. As for me, the main voice and character in the story I’m currently writing (who is much younger than I am) makes good use of her deep annoyance toward the venerable institution and some of its representatives who shall remain nameless.
And as I have just read a best-seller someone gave me – you know, one of those books in which humans must kill one another every two pages or so – I get the feeling that the notion of “others” like lines of code in a computer game that you can vaporize with one click of the mouse is even more prevalent than I thought.
And the mission of Éducation nationale is…? (You can look up all the fine principles on the websites devoted to this venerable one.)