
Le chapeau rouge – Mystère en 5 images et bouts de texte récupérés d’une revue Elle des années ’70
Personnages:
papa (en habit de travail)
maman (avec le chapeau rouge)
Clotilde (la fille aînée à la santé fragile, qui se prend souvent pour Ophélie)
Laura et Jean-Paul (les jumeaux, complices depuis toujours, c’est le cas de le dire)
Rufus Hermeticus (le chien fidèle qui pourrait en raconter des choses sur les secrets de famille, mais s’en gardera bien)
La scène, le drame ou le mystère, on n’en sait trop rien, débute sur une image troublante de “neige au soleil dans les bras chauds d’une légionnaire” en précisant “mais pour tenter de soigner maman.” Avouez que ça interroge. Ça se poursuit avec une histoire de cagoule de laine sur la bouche (dont on ne voit plus de trace; curieux.) Puis papa reçoit une lettre et dit: “Pourvu qu’elle ne m’annonce pas son intention de porter quand même son chapeau rouge.” Il lit, décontenancé. Jean-Paul ne sait plus à quel saint se vouer et Rufus Hermeticus joue les valets discrets.
À l’attitude de son père, Jean-Paul devine que la lettre est de sa mère et qu’il s’agit d’une déclaration d’amour; apparemment, cela explique l’attitude décontenancée de son papa (il cache bien son jeu sur la photo, mais les grandes douleurs sont muettes et les grandes joies z-aussi. ) Il exige le secret de son fils après lui avoir révélé que la lettre est bel et bien de sa femme. Puis il s’inquiète: surtout, surtout n’en rien dire à Clotilde. Elle est dans une de ses phases ophéliennes, elle déteste le chapeau rouge de sa mère, ça risquerait d’aller très, très mal.
Silencieuse jusqu’alors, Laura se penche sur l’épaule de son frère jumeau. “C’est insensé,” lui dit-elle. “Insensé et inquiétant“, répond-il. “Triste,” même. Quel âge au juste a maman, déjà? demande Laura. “Quarante-huit ans” dit Jean-Paul. – “C’est l’âge critique,” répond-t-elle gravement.
Les fils du drame sont noués. Fidèle à sa mission, Rufus Hermeticus fait de son mieux pour en masquer les tenants et les aboutissants. On devine que douleurs et rires en cascades se succéderont, que la maman fera son apparition (sans le chapeau) et que tout le monde s’exclamera de stupeur en la voyant arborer le joli ensemble en Tergal couleur mastic, que lui a offert le légionnaire généreux aux bras chauds dont les soins ont été efficaces. Dorénavant, le chapeau rouge et la mystérieuse cagoule sont choses du passé.
Tout est bien qui finit bien. Prochaine mission du Légionnaire: appliquer la technique des bras chauds au problème de Clotilde. Les ensembles en Tergal couleur mastic sont un “must” de la mode en cette saison.
*
Note qui n’a rien à voir: hier, pour la fameuse Journée internationale des droits de ‘la’ femme, Médiapart publiait un appel d’un homme transgenre, invitant tous les hommes à sortir dans la rue, habillés en femmes. Le spectacle aurait été intéressant, mais je tiens à préciser que, malgré ses bons conseils, toutes les femmes n’utilisent pas le mascara, le rouge à lèvre et le vernis à ongle avant d’enfiler leurs escarpins aux talons en longues aiguilles acérées. Et ce sont des femmes quand même. Qui l’eut cru?
*
The Red Hat – A mystery in 5 images and bits of text recuperated from a Elle magazine of the 70s.
Characters:
Papa: (in his work clothes)
Maman: (with the red hat)
Clotilde: (eldest daughter, of fragile health, who often takes herself for Ophelia)
Laura and Jean-Paul: (twins and close accomplices since day one, so to speak)
Rufus Hermeticus: (faithful canine who would have a lot to say but wouldn’t dream of revealing family secrets)
The scene, the drama or the mystery – hard to tell which one – opens on a troubling image of “snow in the sun in the warm arms of a Legionnaire“, adding “but in an attempt to treat maman“. This raises many questions. The scene moves on to a woolen balaclava covering someone’s mouth, but there is no further mention of it; odd. Then papa receives a letter and says: “I hope she’s not telling me she’s going to wear the red hat after all.” He reads, and looks dismayed. Jean-Paul doesn’t know where to put himself, and Rufus Hermeticus plays the silent servant.
From his father’s attitude, Jean-Paul guesses the letter is from his wife and that it’s a love letter; and apparently this explains his father’s dismay (papa hides his feelings well on the image, but the deepest sorrows and the greatest joys are mute). He asks his son to keep the secret. Then he worries: most of all, Clotilde must not know a thing about this. She is in one of her Ophelian moods, detests her mother’s red hat, and this could have very very serious consequences.
Laura who has been quiet up to this point leans on her twin brother’s shoulder. “This is insane, “she tells him. “Insane and worrisome,” he answers. “Sad, even.” “How old is maman, again?” asks Laura. “Forty-eight years old“, her brother says. “That’s the critical age,” she tells him gravely.
All the threads of the drama are now gathered and knotted. Faithful to his mission, Rufus Hermeticus does his best to hide most of the whys and wherefores. One guesses at great sorrows and gales of laughter in succession, and that maman reappears -minus the hat – with everyone exclaiming over her pretty putty-colored Tergal outfit, offered by her warm-armed and generous Legionnaire. Both the red hat and the mysterious balaclava are now things of the past.
All’s well that ends well. The Legionnaire’s next mission: applying the warm arm technique to Clotilde’s problem. Putty-colored Tergal outfits are popular fashion items this season.
*
An unrelated note: Yesterday, in honor of the International ‘Woman’s’ Day, Médiapart published an article by a transgender man in which he/she invited all men to go out on the streets, dressed as women. This would undoubtedly have made for an interesting spectacle, but I must specify that, despite his good advice, not all women wear mascara, lipstick and nail polish, nor do they all teeter on outrageously heeled spikes. And yet, they are women also. Who would have thought?