
Apparemment, pour certains écrivains, le plus difficile est d’écrire du dialogue. Pour d’autres, ce sont les descriptions. Personnellement, ce qui me prend le plus de temps à formuler, ce sont les déplacements des personnages, en ouverture ou en conclusion d’une scène. À moins d’un motif précis, le lecteur n’a pas vraiment envie de suivre M depuis le moment où il prend son élan pour quitter sa chaise jusqu’à sa disparition au fond du corridor ou au troisième virage après le café de la Place. Ces petites phrases pour marquer les arrivées et les départs me prennent un temps fou à formuler, à comparer avec du dialogue, par exemple.
Et pourtant. Il faut bien que le lecteur sache que M n’est plus dans la pièce ou assis face à Y lorsque Y fait un commentaire à son sujet à W, n’est-ce pas? Mais alors que l’oeil glisse sans difficulté sur un “dit-il”, tel n’est pas le cas pour ce qui est d’introduire ou d’extraire M aisément de la scène. Je ne sais pas pourquoi. C’est comme ça. Il m’arrive (par exemple, ce matin, )d’avoir les grandes lignes des deux scènes suivantes déjà formulées dans ma tête, mais impossibles à écrire parce qu’il n’est pas encore évident comment M va se rendre dans le lieu où se dérouleront les prochains paragraphes.
Il n’y a qu’une solution: une tâche ennuyeuse dans la maison pendant que le cerveau mouline en essayant différentes possibilités.
“M dormait encore quand on sonna à la porte..” ? Non, ça n’est pas ça.
Ah ! Mais oui ! J’oubliais la femme de ménage !
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Apparently for some writers, dialogue is the most difficult. For others, descriptions. Personally, what takes me the longest in formulating are the movements of characters at the opening or at the conclusion of a scene. Unless there’s a reason for it, the reader doesn’t really feel like following M from the moment he takes his impulse at rising from his chair until he disappears at the end of the hallway or after the third street corner beyond the coffee house off the Main Square. Those small sentences marking arrivals and departures take me inordinate amounts of time compared to dialogues, for instance.
And yet. The reader needs to know M is no longer in the room or sitting in front of Y when Y makes a comment about him to W, right? But whereas the eye simply glides over “he said”, such is not the case in getting M smoothly in or out of the scene. I don’t know why. C’est comme ça. It sometimes happens (this morning, for example) that the main features of two of the next scenes are already written in my head but impossible to put down because it isn’t obvious yet how M will get to the place where the next paragraphs will play out.
There’s only one solution: some boring bit of housework while the mind churns out various possibilities.
“M was still sleeping when the doorbell rang…” No, that’s not it.
Ah! Of course! I almost forgot the cleaning lady!