“Arc”

Si dans votre vie, vous avez lu le moindre manuel à l’intention des écrivains, vous êtes familier avec ce concept. En fiction, nous dit-on, l’histoire doit dessiner un “arc”. D’autres conseils précieux s’agglutinent autour de ce principe de base. Apparemment, le lecteur s’attend à un certain déroulement et rechigne à lire les fictions qui ne sont pas conformes à un certain modèle – ne serait-ce que parce que le modèle en question se présente comme la recette universelle du livre à haut potentiel de vente.

Evidemment, tout le monde sait aussi que, dans la “vraie vie”, les événements ont rarement l’extrême courtoisie de se présenter au bon moment dans “l’arc” d’une vie. En fait, ils ont plutôt tendance à se présenter pêle-mêle – des réponses avant des questions qui leur correspondraient, notamment, des incidents tragiques, d’autres comiques, et le chaos qui se présente, non invité, dans les moments les moins opportuns.

(De toutes façons, ces jours-ci, le plus difficile, c’est la monotonie des jours vidés d’une part importante de leur saveur: celle que procure la variété et la possibilité de choix personnels dans les activités extérieures – déplacements, spectacles, rencontres, discussions autour d’un verre ou d’un café, bref, les inattendus qui servent à distinguer les jours, les semaines, les saisons…)

(Sans parler des conséquences financières pour nombre d’entre nous dont une part des revenus – ou la totalité – provenait d’activités liées au secteur culturel. Secteur que le gouvernement a rangé au rayon ‘falbalas’ because…because c’est comme ça et basta. La vie n’est pas une partie de plaisir, tonnerre de galère, rentrez chez vous et laissez-nous gérer le merdier à notre manière, parce que gérer les merdiers, on connait – et les créer aussi !)

De quoi est-ce que je parlais? Ah oui, de “l’arc” du récit. Franchement, ces jours-ci, l’arc en question ressemble davantage au jouet cassé de mon frère que les déménageurs se sont lassés de transporter d’une ville à l’autre au temps jadis de ma lointaine enfance.

Mais, courage, les fictifs ! Depuis les rives du réel-sous-covid, l’auteur de vos jours fait tout ce qu’elle peut pour vous ! (Il vous faudra tout simplement accepter le fait que toutes les intrigues ne naissent pas égales, comme l’a judicieusement remarqué l’une des vôtres dans les premières pages de l’ébauche en cours; conséquemment, l’arc n’est pas toujours au rendez-vous dans les méandres d’un récit.)

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If in your life, you have read the least bit of how-to information for writers, you are familiar with this concept. In fiction, we are told, the story must form an “arc”. Other precious bits of advice gather round this basic premise. Apparently, the reader expects a certain unfolding and balks at reading fiction not in conformity with a certain model – if only because said model is brandished as the universal recipe for a book with a high sale potential.

Of course, everyone also knows that in “real life”, events rarely show the extreme courtesy of presenting themselves at the right moment in the “arc” of a life. In fact, they tend to show up in a muddle – answers before questions that would suit them, notably, tragic incidents mixed in with comical ones, and vice-versa: and chaos showing up, uninvited, at the least opportune moments.

(In any event, these days, the most difficult is the monotony of days emptied of an important part of their appeal: that provided by variety and the possibility of personal choices in outside activities – moving about, shows, meetings, discussions over a glass or a coffee, in short, the unexpected things that serve to distinguish the days, the weeks, the seasons…)

(This is without mentioning the financial consequences for a number of us with part (or all) of their revenue flowing from activities in the cultural sector. A sector the government has filed under ‘frills and flounces’ because…because, that’s all. Life is not a picnic by thunder and by gum, go home and let us handle this mess our own way, we know all about handling messes, -and creating them too!)

What was I talking about? Ah yes, the “arc” of story. Frankly, these days, the arc looks more like my brother’s busted toy the movers grew tired of moving from one town to another in the long-gone days of my childhood.

But take heart, oh fictional ones! From the shores of reality-under-covid, the author of your days is doing all she can for you! (You’ll just have to accept the fact not all plot lines are created equal, as one of your number wisely noted in the first pages of this current draft; consequently, the arc is not always available in the meanderings of a tale.)

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