
ah oui, une qualité remarquable. Hautement recommandée, surtout pour les sans-grades., les anonymes, tous et toutes éminemment “remplaçables”. Alors que les dirigeants, ah, les dirigeants. Le temps ne s’écoule pas de la même façon pour eux. Ils sont pressés, c’est leur génie qui veut ça. Et puis les délais électoraux, les réunions des actionnaires, des conseils d’administration. Vite, vite, vite. Les autres sont invités à la patience; l”arrivée des jours meilleurs ne sauraient tarder, même si les médias dégoulinent de preuves du contraire.
Ça n’est pas faute d’avoir fait preuve de patience que je m’insurge ce matin. Bien au contraire. Comme toute personne née sous gênes xx dans ma génération, on m’a inculqué la patience dès le premier biberon qui, à l’époque selon les éminents scientifiques, devait être “administré” à heures régulières. Pas question de se laisser “attendrir” par les pleurs d’un bébé. La gratification devait se faire attendre afin d’apprendre la patience à la personne-en-devenir. Les éminents scientifiques avaient changé leur fusil d’épaules lorsque je devins mère à mon tour. À nous, il était enjoint d’offrir douceur et réconfort dès le premier couinement, à toute heure du jour ou de la nuit…sans oublier de demeurer patiente et gentille malgré le manque de sommeil et de se sentir terriblement déficiente et ‘mauvaise mère’ au moindre mouvement d’impatience, littéralement assimilé à un cas d’abus sur enfant. Bref, patience et longueur de temps valait mieux que force ni que rage…sauf pour les garçons, et tout le et cetera du formatage éducatif et culturel.
Pour en arriver où? à ces jours, ces semaines, ces mois à vivre comme un chien enchaîné qui peut faire trois pas à gauche, trois pas à droite, pour ensuite se coucher et dormir, parce que c’est vraiment ce qu’il a de mieux à faire. Patience, patience, le virus court toujours et les mensonges aussi. Entretemps, il m’arrive de ne pas vouloir me réveiller parce qu’au moins, les rêves, eux, se forment et se déforment comme des nuages et procurent la sensation de variété et de diversité cruellement absente de vies passées à contempler les mêmes quatre murs, à saluer quelques amis de loin et à voir toute vie refluer hors de la rue devant chez soi, à 18h pile, de sorte qu’il n’y a même plus le son diffus de conversations ou de rires d’enfants pour rappeler que la vie est là, en-dehors des quatre murs en question.
Je suis de tempérament plutôt optimiste et, oui, je salue avec bonheur l’apparition de deux jonquilles derrière chez moi.
Mais dieu que j’en ai assez d’être patiente ! Au point de regarder mon texte et de me demander comment le sauver de l’engourdissement ambiant qui le menace, lui aussi.
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ah yes, a remarkable quality. Highly recommended, especially for the foot soldiers, the anonymous ones, all eminently “replaceable”. Whereas the leaders, ah, the leaders. Time does not flow in the same way for them. They are in a hurry, their genius requires this. Electoral deadlines, shareholders’ meetings, boards of governors, Quick, quick, quick. All the others are invited to be patient; better days should be coming soon, even if the media drip with evidence to the contrary.
It is not for lack of practicing patience that I express the opposite this morning. Quite the contrary. Like every person born a genetic xx in my generation, I was taught patience from my first feeding onward, which according to eminent scientists of that time, was to be administered according to a set schedule. Out of the question for the mother to allow herself to be “softened” by a baby’s cries. Gratification must of necessity be delayed to instill “patience” in the person-in-training. Eminent scientists had changed their tune when I became a mother. We were told to provide loving comfort at the firs mewling, no matter the time of day or night…without omitting to remain patient and nice despite the lack of sleep, and feeling horribly deficient and a ‘bad mother’ at the slightest movement of impatience which, apparently, was no different from literal child abuse. In short, patience and forbearance were better than strength and rage…except for boys, in all the et ceteras of educational and cultural formatting.
And all that to arrive where? to these days, these weeks, these months spent living like a dog on a chain who can move three steps to the left, three steps to the right, then plop down and sleep between the two, because that’s really the best option available. Patience, patience, the virus runs on, and so do the lies. In the meantime, there are moments when I don’t even want to wake up, because dreams at least take shape and dissolve like clouds, providing a sense of variety and diversity cruelly absent from lives spent staring at the same four walls, saluting friends from afar, and watching all life disappear from the street after 6 PM, so that there is not even the sound of muffled conversations or children’s laughter to remind you that life goes on outside these same four walls.
I am fairly optimistic by temperament, and yes, I greet with pleasure the appearance of two daffodils in my backyard.
But god, how tired I am of being patient! To the point of looking at my text and wondering how to save it from the surrounding environmental paralysis also threatening it.