insondable/unfathomable

j’ai accepté de traduire un texte, magnifiquement bien écrit, mais qui se révèle être d’une noirceur insondable. Personnellement, je suis incapable de passer des périodes interminables dans la noirceur insondable. Au bout de deux heures dans une journée, je ressens le besoin de passer à autre chose. Que toute cette noirceur existe, c’est indéniable et il vaut mieux ne pas l’ignorer. Mais ça ne résume pas toute l’histoire, sinon la vie se serait éteinte d’elle-même il y bien longtemps déjà.

Assez bizarrement, l’un de mes personnages fictifs – et dont la vie n’a pas été un lit de roses – a l’habitude de souligner des phrases dans ses livres préférés. Dans le deuxième paragraphe du chapitre 23 de Moby Dick, il a souligné ce qui suit: “Les choses les plus merveilleuse sont à jamais indicibles; les souvenirs les plus profonds ne produisent pas d’épitaphe.”

Ça aussi c’est vrai. Et entre les deux formes d’insondable, ma foi, il y a tout le reste que nous appelons aussi “vivre” dans les zones intermédiaires – là où la pluie tombe quand on souhaiterait du soleil, et où l’exaltation est rarement au rendez-vous, et l’anéantissement aussi d’ailleurs. Et si votre ambition n’est pas d’écrire un best-seller frénétique à dévorer en trois heures, vos personnages aussi connaissent des moments comme ceux-là.

Illustration: apparemment, la photo participe de cet état d’esprit car le programme a la flemme d’appliquer les corrections que je lui demande de faire. Donc, trop d’éclairage ici, mauvais cadrage là. Photo lambda prise un jour de pluie.

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I’ve accepted to translate a text, magnificently well written, but that reveals itself to be of unfathomable darkness. I’m personally unsuited to endless periods in unfathomable darkness. I can’t spend more than two hours a day on it without feeling the need to move on to something else. That all this darkness exists is undeniable and it’s best not to ignore the fact. But this doesn’t tell the whole story, or life would have snuffed itself out a long time ago already.

Oddly enough, one of my fictional characters – whose life has not been the proverbial bowl of cherries – has the habit of underlining sentences in his favorite books. In the second paragraph of Chapter 23 in Melville’s Moby Dick, he has underlined the following: “Wonderfullest things are ever the unmentionable; deep memories yield no epitaph;”

This is also true. And between the two forms of the unfathomable, well, there’s everything else we also call “living” in the intermediary zones – where rain falls when you’re hoping for sunshine and where exaltation is rarely shows up, and nor does annihilation for that matter. And if your ambition isn’t to write a frenetic best-selling page-turner to be gobbled down in three hours, those kinds of days happen to your characters too.

Illustration: apparently, the photo is in the same mindset because the computer refuses to execute the corrective commands I send it. So, too much glare here, bad cropping there. A snapshot done on a rainy day.

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