“quand les hommes vivront d’amour…/”when humans will live on love…”

Il a fait exceptionnellement beau, hier. J’ai pris une journée de “congé” (ni écriture, ni traductions); ça m’a fait l’effet de quinze jours de vacances. J’ai terminé la lecture de A People’s History of the United States. Dans l’un des derniers chapitres, Howard Zinn se prend à rêver, un peu à la manière de Martin Luther King, et à espérer des jours meilleurs. En le lisant, la chanson de Raymond Lévesque s’est mise à tourner dans ma tête: “Quand les hommes vivront d’amour, il n’y aura plus de misère, les soldats seront troubadours, mais nous, nous serons morts, mon frère.” Bref, plus je vieillis et plus j’ai le sentiment très affirmé qu’il ne s’agit pas de rester debout en vue de lendemains meilleurs – qui sont comme la ligne imaginaire de l’horizon. Je vois mal ceux et celles qui profitent à plein du “système” se réveillant un bon matin, illuminés par une prise de conscience radicale et entonnant “si tous les gars du monde décidaient d’être copains…”

Bref. Le chapitre 23 de Zinn m’a fait l’effet d’une sorte de nostalgie inversée par laquelle certains rêvent d’un avenir fait entièrement d’amour et de paix pendant que d’autres se réfugient dans des souvenirs d’un âge d’or révolu et d’autres encore s’en mettent plein les poches en considérant tous les autres comme des imbéciles et des bénêts. Grand bien leur fasse tous, car le seul bien dans “l’avenir”, est à venir maintenant, puisque c’est le seul endroit d’où l’on puisse agir.

Aujourd’hui, les merles et les mésanges sont de retour dans ma cour à festoyer autour de trois pommes qui s’avachissaient au fond d’une corbeille. Je reprends écriture et traductions. Les bulletins d’informations distillent leur venin habituel, mélange de peur, de futilités et de pubs de pubs de pubs. Le conseil le plus avisé que j’aie jamais lu venait d’un bulletin publié lors d’un des festivals des arts de la rue à Aurillac. Il parlait de: “tenir debout dans le chaos”, ou quelque chose du genre. Ça me paraît judicieux comme conseil car je ne suis pas très douée pour les sermons, les généralités, et les vastes perspectives et mouvements, historiques ou autres.

Les merles et les mésanges sont de retour dans ma cour, et festoient autour de trois pommes. Et grand bien leur fasse pendant que je chasse les chats bien gras du voisinage qui veulent les attraper, et que je m’occupe de ce qui se trouve dans mes champs de compétence.

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Weatherwise, yesterday was exceptionally fine. I took a day “off” (from writing, translations…); this felt like a fifteen-day holiday. I finished reading A People’s History of the United States. In one of the last chapters, Howard Zinn allows himself to dream, a bit in the manner of Martin Luther King, and to hope for better days. In reading this, Raymond Lévesque’s song started playing in my head: “When all men will live of love, there will be no more misery, soldiers will become troubadours, but we will be dead, my brother.” In short, the older I get and the stronger my belief becomes that it’s not about standing upright for the better days to come – they are like the imaginary line on the horizon. I have trouble imagining those fully profiting from the “system” waking up one morning, illuminated by a radical new awareness and starting to sing “if all the guys in the world decided to be buddies…”

In short, Zinn’s Chapter 23 struck me as an inverted form of the nostalgia by which some dream of a future made of peace and love while others take shelter in dreams of a bygone golden age, and others are busy filling their pockets and considering everybody else as idiots and lame brains. All the best to them all, because whatever good is to happen, happens now, since “now” is the only place from which we can act.

Today, the blackbirds and chickadees are back in my yard, feasting on three apples that were languishing and beyond salvation in my fruit basket. I’ll be back into writing and translating while the daily bulletins continue to exude their usual venomous mix of fears, trivia and ads ads ads. The wisest advice I ever read was published a few years ago in a bulletin put out for Aurillac’s Street Arts Festival. It spoke of “staying upright in the chaos” or something of the sort. It strikes me as judicious advice especially since I am not very gifted for sermons, generalities, movements and vast perspectives, be they of historical import or other.

The blackbirds and chickadees are back and feasting on three apples in my yard. All the best to them while I chase away the fat neighborhood cats out to get them and deal with whatever is in my range of capabilities.

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