
Au vu des dernières informations selon lesquelles le président de tous les français aurait chopé le Covid, je soupçonne les chefs d’Etat de bénéficier d’un abonnement exclusif au Covid des célébrités. Pourquoi? Parce qu’à tout coup, les annonces de ce type s’accompagnent d’assurances que le covidé se porte à ravir et qu’en fait, au moment même où l’on se parle, il est en téléconférence pour régler les questions les plus urgentes de l’heure. Suite à des agapes fraternelles qui se sont poursuivies un peu tardivement sans doute, mais il fallait bien tester le principe de la levée du confinement pour un réveillon, n’est-ce pas ? Et puis, vous êtes tous des mauvaises langues. Un homme supporte la compagnie de ses subalternes jusqu’à minuit et demi et on lui en ferait le reproche?
Traduction de tout ça: ben voyons. Bien sûr.
Entretemps, je traduis pour de vrai, seule chez moi, mais en contact virtuel avec des gens très bien. Pour un écrivain, la traduction s’apparente un peu à un exercice de copie sur modèle. Non pas pour le plagier mais pour voir jusqu’à quel point il est possible de saisir la pensée d’un autre au filet des mots d’une autre langue.
En tout cas, c’est drôlement plus intéressant que de servir de pion de service ayant mission de répéter: “le président se porte très bien et, tout en respectant les règles de distanciation, s’emploie aux affaires de l’Etat.”
En costume-cravate et avec des chaussettes propres ? Ben voyons. Bien sûr.
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Seeing the latest information according to which the president of all the French would have been infected by Covid, I suspect that heads of States subscribe to the exclusive VIP version of Covid. Why? Because, every time, these kinds of announcements come with assurances that the Covided one is doing wonderfully well and that, in fact, at this very moment he is teleconferencing in order to solve some of the world’s most urgent problems. Following brotherly feasts that lasted a bit late no doubt, but someone had to test the principle of a deconfinement later than midnight, yes? Plus you all have nasty tongues. A man puts up with his underlings past twelve thirty at night, and gets blamed for it?
A translation to all this: yes, of course. Uh-huh.
Meanwhile, I am translating for real, alone at home, but in virtual contact with some very fine people. For a writer, translation is something like an exercise in copying a model. Not in order to plagiarize it but to see how far it is possible to capture someone else’s thoughts in a net of words from another language.
At any rate, it is a lot more interesting than being the service dummy charged with saying: “The President is feeling very well, and while fully respecting distancing rules, he is busy attending to State matters.”
In his suit and tie and wearing clean socks? Yes, of course. Uh-huh.