
Hier, j’ai oublié de mentionner que les vendeurs de journaux demeurent ouverts, faisant aussi office de bureau de tabac et de vendeur de sandwiches frigorifiés et sans saveur, de cafés anémiques et de boissons hyper-sucrées. J’y ai acheté une copie du Monde diplomatique de novembre sur la dernière page duquel j’ai lu un article de François Ruffin et Cyril Pocréaux intitulé 5G, la course à quoi ?
Où j’ai appris que le nouveau commissaire européen au marché intérieur (et précédemment patron de France Télécom) déclarait en janvier: « Pour que l’Union européenne continue de faire la course en tête, j’ai lancé sans attendre une initiative afin d’accompagner et d’accélérer nos efforts de recherche en Europe sur la 6G. » Et les auteurs de rappeler que, pour l’heure, « la 5G n’est pas encore arrivée, 40% du territoire français ne dispose pas de la 4G, Bussus-Bussuel – code postal 80135, dans la Somme – et des centaines d’autres communes ne disposent toujours que de la 0G, mais que les têtes pensantes de Bruxelles, décidément tournées vers l’avenir, préparent la 6G. »
Parce que, faut-il savoir, 70% de la capacité du 5G sera occupée par… les caméras de surveillance. Marché juteux, évidemment, mais on peut faire tellement plus, et tellement mieux. Voyez-vous, « on comptabilise aujourd’hui en moyenne six mille objets dans une maison, dont seulement trois – le téléphone, l’ordinateur et la télévision – sont connectés. Il en reste 5 997.” Pensez-y. Ne baignerez-vous pas dans un océan d’euphorie le jour où votre brosse à cheveux vous fournira le décompte des cheveux gris (avec suggestions de colorants à la clé, adaptés à votre morphologie), votre brosse à dent prendra rendez-vous chez le dentiste pour votre détartrage et le merveilleux anneau pénien de votre compagnon lui signalera la qualité relative de son dernier orgasme ( quoi ? les femmes, elles, devront continuer à se fier à leur ressenti personnel ? Est-ce vraiment de l’égalité, ça ?)
Bref, « Cette technologie qui promet de bouleverser la société, l’emploi, l’éducation, les transports, et jusqu’à notre intimité, ne fera donc l’objet d’aucune délibération, d’aucune consultation. Quelle est cette « course » alors, que prônent nos gouvernants ? C’est une fuite en avant. Ils sont pressés. Pas le temps de discuter. Car, dans cette « course », c’est évident: la démocratie fait perdre du temps. Et le temps, c’est de l’argent. »
(En illustration, j’ai le chat s’apprêtant à chausser les bottes de 7 lieues, simplement parce que je n’ai pas encore eu le temps de faire un collage en hommage au lapin blanc dans Alice au pays des merveilles. Vous savez, celui qui s’épuise à courir en répétant « je suis en retard, je suis en retard pour un rendez-vous très important » .)
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Yesterday I forgot to mention that newspaper and magazine vendors remain open, also providing tobacco products, stone-cold and tasteless sandwiches, anemic coffees and sugar-laden cold drinks. I bought a copy of the november issue of Monde diplomatique on the back page of which I read an article by François Ruffin and Cyril Pocréaux titled 5G, the race towards what?
In which I learned that the new head of the European Domestic Market commission (and former boss at France Télécom) declared the following in January: “In order for the European Union to pursue the race in a leading position, I have launched without further delay an initiative in order to accompany and accelerate our research efforts on 6G in Europe.” The authors provide a reminder that “5G hasn’t arrived yet, 40% of the French territory does not have access to 4G, Bussus-Bussuel – postal code 80135 in the Somme – and hundreds of other municipalities still only have access to 0G, but the great minds in Brussels, decidedly turned toward the future, are preparing 6G.”
Because we need to know that 70% of the capacity of 5G will be swallowed up by …surveillance cameras. A lucrative market, obviously, but we can do so much more, and so much better. You see “currently a household contains some 6 000 objects of which only three are connected, the phone, the computer and the television. There remains 5 997 others.” Think about it. Will you now bathe in an ocean of bliss the day your hairbrush can count the number of grey hairs and recommend the hair coloring best adapted to your morphology, your toothbrush will make your dental appointment for a tooth cleaning, and the marvelous penile ring on your companion will signal the relative quality of his latest orgasm (what? women will have to go on referring to their personal experience? Is this real equality?)
In short, “this technology promising to disrupt society, employment, education, transportation and even our intimacy will give rise to no deliberations, no consultations. What is this “race” then, advocated by our leaders? It is a headlong rush. They are in a hurry. No time for discussion. Because, in this “race” it is obvious: democracy is a waste of time. And time is money.”
(As an illustration, I have the puss about to step into the 7 league boots, simply because I haven’t had time yet to do a collage in honor of the white rabbit in Alice in Wonderland. You know, the fellow huffing and puffing “I’m late, I’m late, for a very important date“.)
I see there’s an English edition of Monde diplomatique. (I haven’t read it yet.)