Où il ne sera pas fait mention des actualités / Where there will be no mention of the news

Publié en deux volumes en 1929, le Dictionnaire encyclopédique d’anecdotes de Edmond Guérard est une brillant rappel des quantités invraisemblables d’inepties prononcées par les humains au cours des âges. Mais là n’est pas mon propos non, puisque j’ai promis de ne pas mentionner les actualités.

Je résume plutôt l’anecdote suivante parce que son image s’est gravée dans ma tête … et j’en suis fort aise :

La scène se passe dans un théâtre à Londres à l’époque où les notables portaient perruque et pouvaient se faire accompagner au spectacle par leur animal de compagnie. Un dit notable fort corpulent et à large perruque s’installe au premier rang de l’orchestre avec son bulldog aussi massif que lui. Selon son habitude, le chien s’installe sur les genoux de son maître et pose ses pattes avant sur le bord de la scène. Il suit attentivement le déroulement de la tragédie, comme s’il en comprenait chaque mot. Il s’agit de la tragédie du Roi Lear et nous en sommes au moment le plus pathétique suite à la mort de la fille préférée du roi quand le notable, voulant s’éponger la tête, pose sa perruque sur la tête de son chien. L’acteur se lamentant sur la perte de sa fille aperçoit le chien et il est pris de fou-rire. La morte soulève une paupière pour tenter de comprendre ce qu’il se passe; aperçoit aussi le bulldog à perruque. Le fou-rire la gagne et tous les acteurs quittent la scène, pliés en deux.

Malheureusement, je n’ai pas le coup de crayon nécessaire pour rendre le bulldog à perruque dans toute sa somptuosité. Mais il me fixe attentivement, ça oui. En espérant qu’il vous fixera aussi. C’est le bulldog le plus sympa que j’aie eu le plaisir de croiser.

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Published in two volumes in 1929, Edmond Guérard’s Encyclopedia of Anecdotes is a brilliant reminder that humans have been spewing incredible amounts of nonsense for ages. But that is not my topic today since I promised not to mention the news.

I would rather summarize the following anecdote because of the image it has stamped in my brain… for my greatest pleasure:

The scene takes place in a London theater at a time when notables wore wigs and could be accompanied by their pet. Such a large notable wearing a voluminous wig takes a seat in the front row seats, along with a bulldog as massive as he is. As is his habit, the dog sits on his owner’s lap and rests his front paws on the stage. From where he follows the tragedy as if he understood every word. The tragedy in question is that of King Lear and we are at the most pathetic moment when Lear loses his mind at the sight of his dead and most beloved daughter. At that precise moment, the notable wishing to wipe the sweat from his head removes the wig and sets it on his dog’s head. The actor in full lament over his daughter sees the dog and struggles to overcome the giggles. The dead daughter raises an eyelid to figure out what is going on. She also spies the bewigged dog and starts giggling. Soon the entire cast on stage must head to the wings, overcome by laughter.

Unfortunately, my drawing skills are insufficient to reproduce the bewigged bulldog in all his sumptuousness. But he is looking straight at me, of that you can be sure. Here’s hoping he looks at you too. He’s the most sympathique bulldog I have ever come across.

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