Civilisés/Civilized

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Civilisés –

Chose certaine, à voir le comportement des gens sur le marché en plein air ce matin, nous serons vite fixés sur l’état de la pandémie dans la région. Les porteurs de masques dont j’étais semblaient signaler aux autres qu’ils étaient dans la catégorie “à risque”. Les autres s’agglutinaient, notamment chez le marchand d’olives et autres bouchées pour l’apéro. Certains marchands étaient masqués, d’autres, non. Les copains se claquaient la bise sur les deux joues, et allez donc, ah ce qu’il fut long, ce confinement !

Suite au prochain numéro.

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Pas besoin de remonter à 1863, année de la publication de 5 semaines en ballon par Jules Verne. Le racisme se porte à ravir ici, ailleurs et autre part. Citant le romancier William Faulkner dans son essai de 1975 intitulé Home to Roost* à l’occasion du 200e anniversaire the la république des Etats-Unis d’Amérique, Hannah Arendt écrivait: “Je suis plutôt de l’avis de Faulkner que “le passé n’est jamais mort, il n’est même pas passé” et ceci pour la simple raison que le monde dans lequel nous vivons à tout moment est le monde du passé; il se compose des monuments et des reliques de ce que les hommes ont fait, pour le meilleur et pour le pire; ses faits sont toujours ce qu’il en est advenu…En d’autres mots, il est tout à fait juste de dire que le passé nous hante; c’est la fonction du passé que de nous hanter, nous qui sommes présents et désirons vivre dans le monde tel qu’il est vraiment, c’est-à-dire, tel qu’il est devenu maintenant.”

Et donc, il ne faut pas s’étonner d’entendre, au milieu des protestations contre encore un autre meurtre en plein jour d’une américain “noir” par un “blanc”, d’entendre un homme blanc ayant de l’influence se plaindre  “Why doesn’t anyone stand up for us, for civilization?” (“Pourquoi personne ne prend-il pas notre part, pour nous, pour la civilisation ?” )

Je doute fort que le monsieur en question soit à risque de se faire assassiner en pleine rue, en plein jour et devant témoins par des policiers lui appliquant des techniques de suffocation jusqu’à ce qu’ils soient certains que leur “proie” n’a plus de pouls.

Et nul besoin de voyager jusqu’aux Etats-Unis pour constater ce que la “protection des civilisés” implique.

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L’illustration n’est qu’une parmi des dizaines dans un livre consacré aux revues populaires vendues entre 1907 et 1959  à travers les Etats-Unis et l’Europe. Notez bien la couleur de peau des “hordes sauvages” s’en prenant aux “fleurs de la civilisation”, homme et femme.

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Ce qui me ramène à l’esprit autre chose écrit par Hannah Arendt (mais je ne me souviens plus dans lequel de ses livres) au sujet de la facilité avec laquelle les Allemands ont “rebondi” après les années de nazisme pour reprendre leur “nouveau normal”, comme si tout ce qui a trait aux moeurs et aux coutumes (y compris la morale) n’était que des accommodements superficiels aux vents dominants. Pour certains, peut-être même pour la majorité. Heureusement, pas pour tous, même si on a souvent l’impression que le “pire” l’emporte sur le “meilleur”.

* Hannah Arendt, Home to Roost, in Responsibility and Judgment, Random House, 2003

**Philippe Mellot, Les maîtres de l’aventure sur terre, sur mer et dans les airs, 1907-1959, éditions Michème Trinckvel, 1997.

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Civilized –

One thing is certain: seeing people’s behavior at the outdoor market this morning, we will soon have an idea of where the pandemic stands in the region. People wearing masks, I was one of them, seemed to be signalling to others that they belonged to the “at risk” category. The others clumped together, notably at the merchant selling olives and other tidbits for “l’apéro.”Some merchants wore masks, others, not. Buddies were exchanging “la bise” on both cheeks and away we go, gosh the confinement lasted such a long time!

To be continued.

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No need to go back to 1863, the year of publication of Jules Verne’s 5 Weeks in a Hot Air Balloon. Racism is in the best of health, here and elsewhere. Quoting the American novelist William Faulkner in her 1975 essay titled Home to Roost, on the 200th birthday of the Republic of the United States, Hannah Arendt wrote: “I rather believe with Faulkner, ‘The past is never dead, it’s not even past,’ and this for the simple reason that the world we live in at any moment is the world of the past; it consists of the monuments and the relics of what has been done by men for better or worse; its facts are always what has become….In other words, it is quite true that the past haunts us; it is the past’s function to haunt us who are present and wish to live in the world as it really is, that is, has become what it is now.”*

And so, it is no surprise to hear during the protests following yet another cold-blooded murder of a “black “American by a “white” one,  one white and influential man  moaning”Why doesn’t anyone stand up for us, for civilization?”

I doubt very much the gentleman is at risk of being assassinated on the street, in broad daylight and in front of witnesses by policemen applying unacceptable strangle holds until they are certain their “prey” no longer has a pulse.

And no need to travel all the way to the States to see what “protecting the civilized” implies.

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The illustration is but one in a book dedicated to penny magazines sold between 1907 and 1959 across the United States and Europe. Note the color of the ‘savage hordes” attacking the male and female “flowers of civilization”.**

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Which reminds me of something else Hannah Arendt wrote (I don’t recall in which of her books) concerning the ease with which Germans “bounced back” from the Nazi years into their “new normal”, as if everything relative to customs and mores (including morality) was nothing but a superficial accommodation to the prevailing winds. For some, perhaps for most. Luckily, not for all, even if the “worse” so often seems to prevail on the “better”.

* Hannah Arendt, Home to Roost, in Responsibility and Judgment, Random House, 2003

**Philippe Mellot, Les maîtres de l’aventure sur terre, sur mer et dans les airs, 1907-1959, éditions Michème Trinckvel, 1997.

 

 

 

 

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