Le monde selon Kapla/The World According to Kapla

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Le monde selon Kapla –

Au réveil ce matin, j’avais la tête remplie d’images…sans un seul mot. C’était plutôt agréable, comme de regarder un film sans la bande sonore.

Et puis, je me suis levée et dès les premières photos et les premiers titres des journaux…

La première photo sur The Guardian, d’abord. Où l’on voit de trois-quart les visages bouffis de graisse et de suffisance du président des Etats-Unis et de son secrétaire aux affaires extérieures. Leurs visages reproduisent en forme humaine l’apparence de ces poissons venimeux qui se gonflent comme des baudruches pour impressionner leurs ennemis.

Et qu’annoncent-ils au monde ? Que les Etats-Unis d’Amérique se retirent de l’Organisation mondiale de la santé. Basta sur le monde, il faut croire que les Etats Unis s’apprêtent à se réinstaller sur une autre planète, loin des pandémies et des grincheux qui ne reconnaissent pas la grandeur du président-baudruche et de ses acolytes.

Puis, dans une cascade, une série d’atteintes et de menaces de la part du même pour ceux qui ne supportent plus les injustices raciales et des commentaires laissant présager que le bonhomme n’a pas l’intention de respecter le jugement des urnes en novembre, s’il lui est défavorable.

Bref, le monde Kapla dans toute sa splendeur. Le monde Kapla?

Le “défi Kapla” se compose de 16 petites planchettes de bois avec lesquels on tente de reproduire 12 figures illustrées sur des cartes – certaines relativement simples, d’autres, beaucoup plus complexes, comme celle du bonhomme. Le tout demande un certain dosage de patience, de gestes sûrs et de sens de l’équilibre. Même dans ces conditions, gravité oblige, les planchettes ont une attirance certaine pour le sol et les structures plus ambitieuses ont une fâcheuse tendance à s’effondrer avant que le défi ne soit relevé, c’est-à-dire,  ” une construction stable pour plus de cinq secondes”.

Adaptez le tout au monde des civilisations et vous y verrez diverses constitutions plus ou moins complexes avec des règles de vie supposément éternelles ( héritées de dieux et/ou d’ancêtres infaillibles), puis observez la vitesse à laquelle ces structures supposément “éternelles” s’effondrent (dans le pire des cas) ou se transforment, qu’on le veuille ou non. Dans le cas des Etats-Unis, on a l’impression d’assister en direct au démantèlement d’une certaine conception de l’Amérique en faveur de tous les démons qui hantent cette société depuis sa création.

Les capacités humaines pour la patience, les gestes sûrs et le sens de l’équilibre prévaudront-ils aux Etats-Unis et ailleurs sur la rage des impuissants et la violence arrogante de ceux détenant le pouvoir? Les augures ne sont guère encourageants en ce moment. Mais je reprends la pensée de Gramsci citée par Pinar Selek, où Gramsci recommande de  combiner le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté. En d’autres mots: “Cent fois sur le métier, remettre son ouvrage“, c’est-à-dire la même règle qu’en écriture, “continuer à poursuivre le travail jusqu’à son résultat.” 

The World According to Kapla –

When I woke up this morning, my head was full of images …without a single word. It was rather pleasant, like watching a movie without the soundtrack.

Then, I got up and as soon as I saw the first photos and news headlines…

First, the photo on The Guardian. Where in three-quarter view you see the faces blurred by fat and arrogance of the President of the United States and of his Secretary of State.   Their faces like human representations  of those poisonous puffer fish that balloon out to impress their enemies,

And what were they announcing to the world? That the United States of America were severing all ties with the World Health Organization. To hell with the world, I suppose the United States are about to re-settle on another planet, far from pandemics and the kvetches who do not acknowledge the greatness of the puffer-President and his enablers.

Then, a cascade of attacks and threats from the same source against those who can no longer stand the racial injustices, and comments letting it be known that the fellow has no intention of respecting the vote in November, should it not favor him.

In brief, the World According to Kapla in all its splendor.  The Kapla World?

The “Kapla Challenge” consists of  16 small wooden boards with which you attempt to reproduce 12 figures illustrated on cards – some of them relatively simple, others much more complex, such as the one of the man. All this requires a certain dosage of patience, careful moves and a sense of balance. Even under those conditions, gravity calling, the small boards experience a clear attraction to the ground and the more ambitious structures have an unfortunate tendency to collapse before the challenge has been met, which is to say “a construction that remains stable for more than five seconds.”

Adapt the whole thing to the world of civilization and you will see various more or less complex constitutions edicting  supposedly eternal rules (inherited either from infallible gods and/or elders), then watch how quickly these supposedly “eternal”  structures collapse (literally) or transform, willy nilly. In the case of the United States, one has the impression of witnessing in real time the dismantling of a certain conception of America in favor of all the demons haunting that society since its inception.

Will human capabilities for patience, careful moves and a sense of balance prevail in the States and elsewhere over the rage of the powerless and the arrogant violence of those in power? The omens don’t look great at the moment. But I’m picking up this thought by Gramsci quoted by Pinar Selek, in which he suggests combining the pessimism of intelligence with the optimism of will.  Which leads to : “Cent fois sur le métier, remettre son ouvrage“, in other words, same as with writing, “to keep on keeping on until you reach the result.”

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