
Bribes éparses –
(La photo date d’hier. Aujourd’hui, la pluie tombe drue à nouveau. La traversée par la passerelle n’est pas recommandée.)
*
Lu sur The Guardian (avec vidéo à l’appui, dont je vous fais grâce): “Shanghai Disneyland Reopens: Symbol of Return to Normal” (“Le Disneyland de Shanghai ré-ouvert: symbole d’un retour à la normale”). Une démonstration parmi d’autres qu’il est “normal” donc, d’exploiter par l’infantilisation.
*
En France, les associations patronales n’y mettent pas les formes; c’est le “travailler plus” qui est de retour parce qu’il faut “sauver l’économie”. Apparemment, les gens en chair et en os ne font pas le poids contre les symboles.
*
Le commentaire provient d’un médecin parisien, cité sur Médiapart: “J’ai le sentiment que le sens du collectif a été tellement attaqué depuis des décennies, qu’il est devenu très difficile d’assurer collectivement notre sécurité, en se protégeant soi-même et en protégeant les autres.”
Situation atteignant des proportions ubuesques aux Etats-Unis, par exemple, où le port du masque est devenu une bataille politique et idéologique, ceux qui s’y opposent prétextant d’une atteinte à leurs droits constitutionnels… Se protéger et protéger les autres étant une forme de tyrannie exercée par l’Etat… (Soit dit en passant l’entreprise Disney contrôle désormais 45% de la production des divertissements. On peut s’attendre à de véritables orgies d’objets brillants et scintillants pendant que la pandémie poursuit sa dévastation de larges pans de l’humanité se débattant ni vue, ni connue, ni entendue.)
*
Oui, mais, que faire, entend-on, tout est tellement énorme, au-dessus de nos faibles forces, on n’y peut rien, et ainsi de suite. Je n’en crois rien. Nous pouvons au moins refuser de jouer aux trois petits singes dits “sages”. Nous voyons, nous entendons, et la transmission de faussetés n’est pas une obligation.
Et puis, avec toutes mes excuses aux mânes d’Eugenio Montale, ma traduction débile de son poème Satura dit quand même quelque chose d’essentiel:
L’Histoire n’est pas
le bélier mécanique comme ils le prétendent
Elle laisse des souterrains, des cryptes, des trous
et des cachettes. Il y a des survivants.
L’Histoire est bienveillante: elle détruit
autant qu’elle peut; en faire plus, bien sûr
vaudrait mieux, mais l’Histoire est à court
de nouvelles, ne donne pas suite à toutes ses vendettas.
L’Histoire gratte le fond
comme un filet
avec quelques déchirures et plus d’un poisson s’en échappe.
Parfois vous croisez l’ectoplasme
d’un évadé et il ne semble pas particulièrement heureux
il ne sait pas qu’il est à l’extérieur, personne ne lui a dit
Les autres, dans le sac, se croient
plus libres que lui.
Eugenio Montale
(Collectivement, ça donne beaucoup de poissons à l’extérieur des filets déchirés. Il faut juste se rappeler que l’on n’est pas seul(e), bien au contraire.
Bits and Pieces –
(The photo was taken yesterday. This morning the rain is coming down hard again. Using the footbridge is not recommended.)
*
Read the following title on The Guardian (I spare you the view of the accompanying video): “Shanghai Disneyland Re-opens: Symbol of a Return to Normal.” A demonstration among others that it is “normal” to exploit through infantilization.
*
In France, the associations of business leaders are more straightforward about it; we have the return of the “working more” ethic because we must “save the economy“. Apparently flesh and blood people don’t stand a chance against symbols.
*
The comment is by a Parisian medical doctor quoted on Mediapart: “I have the feeling that the sense of the collective has been under such attack for decades that it has become difficult to insure our safety collectively, by protecting one’s self and protecting others.”
A situation attaining grotesque proportions in the United States, for example, where the wearing of a mask has become a political and ideological battle, those against it claiming it is a blow against their constitutional rights…Protecting yourself and protecting others would be a form of tyranny exercised by the State…(In passing, Disney now controls 45% of the entertainment business, so we can expect orgies of shining glittering objects while the pandemic causes vast swaths of humanity to struggle unseen, unheard and unheeded.)
*
Yes but what can we do about it, everything is so huge, beyond our weak means, we can’t win, and so on,.I don’t believe a word of it. First of all, we can refuse to play at being the so-called three “wise” monkeys. We do see, we do hear, and the speaking and transmitting falsehoods is not an obligation.
And remember, as Montale says in the poem “Satura” :
History isn’t
the devastating bulldozer they say it is.
It leaves underpasses, crypts, holes
and hiding places. There are survivors.
History is also benevolent: destroys
as much as it can; overdoing it, sure
would be better, but history’s short
of news, doesn’t carry out all its vendettas.
History scrapes the bottom
like a dragnet
with a few rips and more than one fish escapes.
Sometimes you meet the ectoplasm
of an escapee and he doesn’t seem particularly happy
he doesn’t know he’s outside, nobody’s told him
The others, in the bag, think
they’re freer than him.
Eugnio Montale
(Collectively, it adds up to a lot of fish outside the ripped dragnets. You just have to remember you are not alone, quite the opposite.)