
“Les caïmans ! Les caïmans !” –
Chose certaine, Les enfants du Capitaine Grant de Jules Verne sont bel et bien l’antithèse d’une communication sur Twitter.Mais la scène où ils font du toboggan sur un tremblement de terre dans les Andes semble un peu tiré par les cheveux ? Ou le garçon de douze ans enlevé par un condor? Ou l’inondation de proportion biblique amenant la fine équipe à se réfugier dans un arbre géant qui devient la proie des flammes provoquées par les éclairs, pendant que les caïmans frôlent les orteils de tous? Ma foi, rien de tout cela n’est plus extravagant que ce qu’on appelle “les grosses productions” (qu’on retrouve sans doute sur Netflix de nos jours.) En tout cas, les extravagances sont tellement extrêmes que j’en ris toute seule et à voix haute. Ce qui vaut mieux que de se demander si ça vaut la peine de soulever les paupières sur un autre matin semblable au précédent.
Il n’empêche: lorsque j’en viens à relire du Jules Verne, c’est que le temps a tendance à stagner. Les journées se suivent et se ressemblent. La meilleure partie de cette lecture-ci, c’est de rire à voix haute des extravagances en question, ce qui explique sans doute le commentaire inscrit à côté d’une phrase de Goethe citée par Verne: “Rien de ce qui nous rend heureux n’est illusion.” Le commentaire ajouté il y a de cela plusieurs années: “En tout cas, le bonheur n’est pas illusoire tant qu’il dure et quelle qu’en soit la cause.”
Pendant ce temps, dans l’illustration, le Don Quichotte en fil de fer, échappé de l’étagère logeant les Jules Verne, poursuit sa chevauchée sur sa Rossinante en matière similaire – quelle brave jument, celle-là. D’autres temps viendront et, qui sait, peut-être dirons-nous alors en soupirant: “Ah, c’était quand même le bon temps…”
Entretemps, dans la “vraie vie”, les caïmans à figure humaine s’ébattent à qui mieux mieux. Je n’ai même pas envie de faire de commentaires sur leurs plus récentes turpitudes. Ils semblent se débrouiller très bien à faire mousser l’eau du marécage à coups de queues en battoirs.
“The caymans! The caymans!” –
One thing is certain, Jules Verne’s Captain Grant’s Children is truly the antithesis of a communication on Twitter. Does the business of sliding down an earthquake in the Andes seem far-fetched? Or a twelve-year old carried away by a condor? Or the biblical flood stranding the crew in a massive tree struck by lightning and set afire while the caymans snap at everyone’s toes? No more outlandish than what we called “big-screen productions” (now streaming on Netflix, I guess.) In this case, the extravagance is so extreme, I laugh out loud and all by myself. Which is a lot better than wondering if I’ll bother lifting an eyelid on to yet another morning just like the one that came before it.
Nonetheless when I reach the point of re-reading Jules Verne, it does means that time has a tendency to stagnate. The days go by and they all resemble one another. The best part of the reading is the laughing out loud and a pencilled in comment, next to a line by Goethe quoted by Verne: “Nothing of what makes us happy is an illusion.” To which I added, years ago: “Anyway, happiness is not an illusion as long as it lasts and no matter what it’s cause may be.”
In the illustration the twisted wire Don Quixote is caught in the act of riding away from the shelf holding the Jules Verne collection, on the back of his trusty twisted wire Rossinante – and a hardy filly is she. Other times will come and, who knows, perhaps we will then say with a sigh: “Weren’t those the good old days, though…”
Meanwhile, out in the real world, the human version of caymans rule, the more the merrier, apparently. I don’t even feel up to commenting their latest shameful deeds, they seem to manage just fine at beating the swamp water into a froth.