1er mai –
Vivre sous confinement strict, avec une force constabulaire ayant le dernier mot : pas facile. La prochaine étape, à compter du 11 mai, sera plus compliquée encore.
Que dire de ces enseignants qui devront faire la classe masqués et en faisant respecter une foule de consignes, toutes négatives et à contre-courant des comportements normaux pour des enfants ? Que faire pour ces enfants qui ont parfois besoin d’un contact physique rassurant pour retrouver leur calme ? Pour nous, les “vieux”, quid des “sorties à notre discrétion” face à un policier qui a, lui, la “discrétion” d’imposer des amendes ? Et les travailleurs menacés de perte d’emploi s’ils ne montent pas “au front” sur ordre de leur patron ?
Le fil conducteur au travers de ce labyrinthe: la “faute”, la “responsabilité de la contagion” retombera sur les individus pour non-respect d’une consigne ou d’une autre. On se croirait de retour à la vie de couventines surveillées, dirigées et punies pour la moindre infraction à l’ordre des rangs ou à la consigne de silence dans le réfectoire.
Que les incertitudes soient énormes concernant ce virus (et tout autre qui fera son apparition): c’est évident. Mais, au lieu de reconnaître leurs propres doutes et interrogations, les dirigeants les moins malhonnêtes optent pour des solutions à connotation militaire pendant que les plus pourris fomentent la discorde pour mieux se délester de leurs responsabilités.
1er mai. Sous les bâches des serres à perte de vue en Espagne ou carrément sur le sol à l’extérieur, les ‘migrants’ captifs peinent à trouver eau et nourriture. Ici, les ‘sans-papiers’ qui “n’ont pas mission” d’être en France, attendent en centre de rétention une déportation qui n’a pas lieu, faute de frontières ouvertes. On nous invite à regarder ailleurs. Ceux et celles qui insistent et disent “et pourtant, regardez, ne vous laissez pas endormir…” n’ont pas la cote, c’est le moins que l’on puisse dire. Alors, comme un leit-motiv, agacement futile et résignation tournent en boucle chez des millions d’ humains. “C’est comme ça, que voulez-vous, ça ne sert à rien de…”
De l’autre côté de la rivière, au sommet du cyprès le plus élevé dans le cimetière, il y a une branche qui dépasse. Chaque matin, un merle s’y perche avant d’entamer un autre moment dans sa journée. Le même ? Un autre ? Je ne sais pas. Dans ma cour, des mésanges font leur nid. La résignation ne fait pas partie de leur vocabulaire, et comme nous ne sommes guère plus intelligents qu’eux, je me dis qu’il n’y pas de raison pour qu’on s’y attarde non plus. Le passé ne reviendra pas ? Les luttes prendront d’autres formes, c’est tout. Rire aide beaucoup. Même et surtout quand il n’y a pas grand chose de drôle. C’est comme une gymnastique pour les circuits neuronaux encrassés.
May Ist –
Living under strict confinement with a constabulary empowered with the final word: not easy. The next step, starting May 11, will be even more complicated.
What can one say about those teachers who will have to hold classes while masked and forced to impose a bunch of directives, all negative and all going against the natural grain of normal behavior for children? What about those children who, on occasion, need a reassuring physical contact in order to calm down? For us, “old people”, what about “going out at our discretion” when faced by a policeman who has the “discretion” of imposing fines? And workers threatened with a permanent loss of employment if they don’t report for “the front” on orders from their boss?
The common thread through this labyrinth: the “fault” the “responsibility for the contagion” will fall on individuals for not respecting some directive or other. You would think we are back in a life of boarders in a convent, watched over, directed and punished for the smallest infraction to the orderliness in the ranks or to the rule of silence in the refectory.
That uncertainties are enormous concerning this virus (and any other that may appear): obviously. But instead of acknowledging their own doubts and questions, the least dishonest of the leaders opt for military-style solutions while the most rotten among them work at stirring up discord as a means of further abandoning their responsibilities.
May 1st. Under the kilometers of plastic sheeting of the greenhouses in Spain, or straight on the ground outside those structures, captive ‘migrants’ struggle to find food and water. Here, the ones “without papers” who do not have “the mission” of being in France, await deportation inside retention centers – deportations that cannot take place, given the closing of borders. We are invited to look elsewhere. Those who insist on saying “but look, don’t let them put you to sleep…” are not appreciated, to put it mildly. So, like a leit-motiv, futile annoyances and resignation churn in a loop among millions of humans. “That’s the way things are, what can I say, there’s no point in…”
Across the river, atop the tallest cypress, a branch sticks out. Every morning a blackbird perches there before getting on with the rest of the day. The same? A different one? I don’t know. Chickadees are roosting in my back yard. Resignation isn’t part of their vocabulary, and since we’re not any smarter than they are, I don’t see any reason why we should linger in it either. The past will never come back? Only means upcoming struggles will take on different forms. Laughing helps a lot, even and especially when there’s not much to laugh about. It’s like gymnastics for clogged up neuronal circuits.