“Normal”

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“Normal” –

Donc, dépité par le mur de critiques unanimes, le petit Donald s’en est allé bouder dans sa chambre d’où il peut exhaler son amertume sur twitter. On serait tenté de lui envoyer une traduction du El Desdichado de Nerval (“Je suis le Ténébreux – le Veuf – l’Inconsolé …”) Pauvre petit Donald. Il est tel la pomme qui a réussi l’exploit de blettir avant même que de mûrir.

Pendant ce temps, son adversaire potentiel aux prochaines élections, confiné dans son sous-sol, s’inquiète de magouilles éventuelles qui le priverait  de la victoire. Victoire, signalant selon lui et ses alliés, le “retour à la normale” tant souhaité. Ah, le temps d’avant, celui dont on nous disait que le temps passé ne reviendrait plus. Raison suffisante pour que la nostalgie gagne comme la mer sur la terre ferme. Finalement, on n’était pas si mal, pas vrai? Oui, les injustices, oui, les inégalités, oui, les soucis petits et grands, mais tout ça, c’était “normal”.

Sauf que, même de ce “normal” là, je doute fort qu’on y revienne.La pandémie ne fait que commencer et, avec elle, l’autoritarisme ne fait que s’étirer les muscles et de découvrir son potentiel aussi. Les mesures d’urgence ne sont pas empreintes d’une quelconque vision d’un “après” plus réjouissant. La Chine est en tête de peloton dans la définition de la “nouvelle normalité”, y compris une surveillance constante allant jusqu’à pénaliser ceux qui ne portent pas de masques ou ces hommes qui – Mao va surgir de sa tombe – roulent leur T-shirt afin d’exhiber leur ventre. Arrêtez, mon pouls va s’accélérer.

Bref, on s’apprête à nous rejouer la fameuse histoire du pauvre juif habitant un taudis d’une pièce avec sa femme, sa belle-mère et ses trois filles. Exaspéré, il va voir le rabbin. “Je n’en peux plus,” dit-il. “Pas un moment de tranquilité, pas une…” – “As-tu des poules?” lui demande le rabbin. Oui, il a des poules. “Alors, prends-les dans la maison aussi et reviens me voir dans une semaine.” Et ainsi de suite, se rajoutant la chèvre et la vache. Puis, un à un, le rabbin lui conseille de remettre les animaux à l’extérieur jusqu’à ce que l’homme se retrouve avec…sa femme, sa belle-mère et ses trois filles. “Ah, rabbin, mon rabbin, quel soulagement, si vous saviez. Depuis que les animaux sont sortis? Je nage dans le bonheur.”

(J’ajouterais que, pendant ce temps, la mer près du taudis du pauvre homme, avait continué à monter de façon inéxorable, elle.)

*

So, greatly vexed by the wall of unanimous criticism, little Donald has gone off to sulk in his room, from where he can exhale his bitterness on twitter. One is tempted to send him a translation of Gérard de Nerval’s El Desdichado (“Twilight-black am I in my cheerless widowhood…” . Poor little Donald. Like an apple that managed to rot before it even ripened.

Meanwhile, his potential adversary in the next elections, confined in his basement, worries about eventual underhanded tricks that might snatch victory from his grasp. According to him and to his allies, his victory would signal a much-desired  “return to normal”. Ah the good old days, those we were told would never come back again. Levels of nostalgia rise like the sea. Finally, things weren’t so bad, were they? Yes, injustices, yes, inequalities, yes, hassles big and small, but all that is “normal”.

Except that I greatly doubt we will move back even to that “normal”. The pandemic has only just begun and authoritarianism has only just begun to fully flex its potential also. Those “bail-out measures” taken so far don’t demonstrate any intention of moving toward an “after” any more delightful.   China seems to be leading the pack in defining the “new normal”, including constant surveillance including those who don’t wear masks or – Mao must be ready to rise up from his grave – men who roll up their T-shirt to display their midriff. Be still, my foolish heart.

In brief, we are about to get a replay of that famous story of the poor Jew who lived in a one-room hovel with his wife, his stepmother and his three daughters. Exasperated, he goes to see the rabbi. “I can’t take it anymore”, he says. “Not one moment of peace, not one…” – “Do you have chickens?” asks the rabbi. Yes, he has chickens. “So, take them into the house and come back to see me in a week.” Then, one by one, the rabbi tells him to add the goat and the cow. Following which, one by one every week, he has the man remove the animals until the man finds himself with…his wife, his stepmother and his three daughers. “Ah, rabbi, my rabbi, what a relief, if you only knew. Since the animals are gone? I am swimming in happiness.”

(I would add that, during that time, the sea close to the man’s hovel had continued its inexorable rise.)

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