“Bénissez-moi mon père, parce que j’ai péché” –
Donc, après les accents guerriers, hier soir, le président des français s’est essayé au mode “humilité et candeur”. J’ai perdu le décompte du nombre de fois où il a répété la date du 11 mai, selon la bonne vieille technique lors de ces vols transatlantiques interminables où on nous découpe le temps en petites portions depuis l’embarquement jusqu’à l’arrivée.
Ce matin, ses adjoints s’empressaient de relativiser ce 11 mai magique. Mais nous le savions déjà, n’est-ce pas? Sans parler de nous, “les vieux” qu’on entend confiner pour leur plus grand bien jusqu’à…jusqu’à… Quant aux écoliers, voyons… un déconfinement par groupes de 5 ? par classe sociale ? À voir, comme pour tout le reste car, comme d’habitude, le président des français fait ses annonces et l’intendance n’a qu’à suivre dans l’ordre ou le désordre, selon les talents respectifs des chefs de troupes.
Non, rien de neuf dans tout ça, ni dans la fausse candeur de ses yeux bleus qui me faisaient l’effet de suivre leur propre image défilant dans la tête du discoureur.(La comédienne Helen Mirren dit qu’un acteur ne devrait jamais répéter devant un miroir, mais j’ai l’impression que cet homme se promène avec un miroir intérieur en tout temps). Quant à ce “moi le premier”, c’est le moment précis où les premières paroles du pénitent au confessionnal me sont revenus. Ce “bénissez-moi mon père, parce que j’ai péché” que nous prononcions vendredi après vendredi, avant de recevoir l’absolution et une ‘pénitence’ symbolique…puis de repartir allégrement pour une autre semaine vautrée dans les turpitudes induites par le péché originel.
Bref. Je rêve éveillée d’un discours qui viendrait annoncer les réalisations avant de les claironner urbi et orbi en tant que pas-encore-mais-bientôt… Et je me demande ce qu’il en sera vraiment le 11 mai, pas seulement sous les ors de l’Elysée mais partout en France et à travers le monde où les belles paroles ne sauront remplacer les mesures de prophylaxie de base.
Entretemps, la bienheureuse Germaine et son agneau devront peut-être attendre la saint-glinglin avant d’être remis à leur destinataire (une amie qui habite à six maisons d’ici, fabrique des marionnettes formidables pour le théâtre et collectionne des trésors de kitsch religieux. Celui-ci fut trouvé dans un vide-grenier. Je crois que la bienheureuse a été promue à la sainteté depuis, et j’attends pour voir si la sainteté en question est plus ou moins contagieuse que le coronavirus. Si le confinement des vieux dure trop longtemps, je lui adjoindrai une icone de Saint Siméon le stylite.)
“Bless me Father, for I have sinned…” –
So, following on the warlike pronouncements, last night the President of all the French tried his hand at the “humility and candor“mode. I lost count of the number of times he repeated the date of May 11, using that good old method prevalent on endless transatlantic flights where time gets chopped down into small portions from boarding to arrival.
This morning, his assistants are busy relativizing this magical May 11th. But we already knew that, didn’t we? Not to mention us, the “old people” who should be confined for their own good until…until… As for schoolchildren, let’s see…deconfinement by groups of 5? by social class? We’ll see, because, as usual, the President of the French makes announcements ,and supplies will follow in order or disorder, depending on respective talents of the troop leaders.
No, nothing new in all that, nor in the phony candor in his blue eyes that struck me as following their own reflection in his own head. (Actress Helen Mirren says an actor should never practice in front of a mirror, but I get the feeling this is a man who carries an internal mirror around at all times). As for his “I before anyone else”, it marked the precise moment when the first words pronounced by a penitent in the confessional came back to me. That “bless me father for I have sinned” we mouthed Friday after Friday, before receiving the absolution and a symbolic ‘penance’…then sailing off, light-hearted for another week of wallowing in the turpitudes induced by original sin.
To summarize. I daydream of a speech that would announce realizations prior to trumpetting them urbi et orbi as not-done-yet-but-soon… And I wonder how things will truly stand on May 11th, not only in the gilded chambers at the Elysée but everywhere in France and across the world where fine words cannot replace basic prophylactic measures.
In the meantime, the blessed Germaine and her lamb may have to await the day the pigs fly before reaching their destination (a friend who lives six houses away from here, who makes fantastic puppets for the theater and has a collection of the finest in artefacts of religious kitsch. This one was found in a garage sale. I believe the blessed one has been bumped up to sainthood since, and I’m waiting to see if said sanctity is more or less contagious than the coronavirus. If old people’s confinement lasts too long, I’ll add an icon of Saint Simeon the Stylite)