
Calendrier perpétuel –
Madame Ursula von der Leyen
Présidente
Commission européenne
Madame:
Par les bons offices de l’agence France Presse j’apprends ce matin que vous vous confiâtes au quotidien allemand Bild, confidences publiées en ce dimanche 12 avril 2020, dans lesquelles vous glosâtes sur la durée du confinement pour les petits vieux en Europe (que vous désignâtes plus élégamment sous le vocable de “seniors”). Selon vous, étant donné leur extrême fragilité (et les coûts afférents aux divers services de santé en Europe), ils et elles, en l’absence de la découverte du vaccin-miracle, devraient rester confinés …jusqu’à la fin de l’année 2020.
Aussitôt, j’ai ressorti mon fidèle agenda Gédéon de 1997 (qui me sert de calendrier perpétuel) pour y indiquer en pointillé l’extension du confinement que vous nous préconisez, à nous, vieilles peaux, qui n’ont pas encore eu la politesse de dégager le plancher (quand on pense à ce que nous coûtons, nous les vieux, franchement, un “pognon de dingue” et je pèse mes mots. Juste d’y penser, le rouge de la honte m’en monterait aux joues si j’avais un milligramme de respect pour La Dette et ses ravages sur les portefeuilles des actionnaires – dont les plus futés profitent de l’occasion pour tripler leurs mises là où ça fait mal pour les autres).
Madame, je vous prie de recevoir, vous et vos semblables qui vous vous élisâtes (“élisîtes? élizût?) entre vous, incapables que vous êtes tous et toutes à produire autre chose que du réchauffé des idées qui transformèrent la Grèce en foire aux empoignes pour la plus grande joie des amateurs de braderies et autres ventes au rabais, je vous prie donc de recevoir l’expression de mon mépris le plus virulent.
Mais comme nous sommes patients et respectueux, dans l’ensemble, nous les vieilles peaux, je terminerai, après quelques bonnes respirations de détente et une invocation à la bienheureuse Germaine et son agneau pascal (dont je reparlerai un autre jour), avec une petite historiette tirée de mon cher calendrier perpétuel. Elle est tirée des Histoires naturelles de Jules Renard et s’intitule
La chèvre
Personne ne lit la feuille du journal officiel affichée au mur de la mairie. Si, la chèvre.
Elle se dresse sur ses pattes de derrière, appuie celles de devant au bas de l’affiche, remue ses cornes et sa barbe, et agite la tête de droite et de gauche, comme une vieille dame qui lit.
Sa lecture finie, ce papier sentant bon la colle fraîche, la chèvre le mange.
Tout ne se perd pas dans la commune.
Revevez,
et cetera
Perpetual Calendar –
Mrs. Ursula von der Leyen
President
European Commission
Madame:
Through the good services of the France Presse news agency, I learn this morning that you confided in the German daily Bild, confidences published on this Sunday, April 12 2020, in which you extemporized on the duration of the confinement for old biddies in Europe (more elegantly, you spoke of “seniors”). In your opinion, given our extreme fragility (and the cost we represent for the various health services in Europe), we – males and females both – in the absence of the discovery of the miracle-vaccine, should remained confined…until the end of 2020.
I immediately pulled out my faithful Agenda Gédéon 1997 (it also serves as my perpetual calendar) to extend the dotted confinement line you advocate for us battered old skins who have yet to show the common courtesy of clearing out (when you think of what all we old people cost, frankly, “crazy amounts of moolah”, and I weigh my words. Just the thought should bring the crimson of shame to my cheeks, if I had even a milligram of respect for The Debt and its ravaging effects on shareholders’ portfolios – except for those little clever devils who take advantage of where it hurts for others. )
Madam, please receive, both you and your peers all elected among yourselves, and all of you incapable of coming up with anything other than warmed-over leftover ideas which transformed Greece into a bonanza of fire sales and other bargains for amateurs of cheap buy-outs, yes, please receive the expression of my most virulent contempt.
But, as a whole, we are a patient and respectful lot, us worn-out skins so, after a few deep breaths and an invocation to the Blessed Germaine and her Easter lamb (of whom I will talk some other day), I will end on a little story out of my dear perpetual calendar. It is an excerpt from Jules Renard’s Natural Histories and it is titled
The Goat
No one reads the page from the Official Gazette posted on the wall at City Hall. Yes, the goat does.
She stands on her hind legs, rests the front ones on the bottom of the placard, wiggles her horns and her beard, and moves her head from right to left, like an old woman busy reading.
Once finished with her reading, since the paper has an appetizing scent of fresh glue, the goat eats it.
Not everything is lost in the commune.
With sincere
et ceteras