
“Le travail, c’est la santé…”
…”et ne rien faire, c’est la garder” disait la chanson à l’époque. Mais toutes choses étant relatives, surtout sous le règne du champion français du “en même temps“, que vis-je hier depuis mon confinement? L’arrivée de camionnettes et d’un camion. Les portières claquèrent et six (6) jeunes hommes dans la fleur de l’âge s’escrimèrent pour décharger un énorme rouleau. Je reconnus l’un d’eux. À l’époque pré-pandémie, j’avais croisé la même équipe plus haut dans la rue et je lui avais demandé de quoi il s’agissait. Il m’avait répondu qu’ils étaient à installer la fibre optique pour la prochaine génération de services numériques.
Je découvre donc que les six (6) jeunes hommes et d’autres comme eux font partie de ce que nos dirigeants considèrent comme des “services essentiels”. Voilà qui devrait ravir notre Ministre du travail et son patron. D’un coup, je comprends mieux l’image guerrière que nous file le président à chaque occasion qui se présente: en temps de guerre, il y a des “pertes”, n’est-ce pas? “Pertes” dont la patrie reconnaissante commémore l’héroïsme chaque année. Donc, si l’un ou l’autre de ces ouvriers, membres des bataillons de choc, devait mourir des suites de son dévouement au sauvetage de l’économie, grâce à la pose de kilomètres de fibre optique “nouvelle génération”, il(s) ou elle(s) figureront parmi les sauveteurs en question, aux côtés des enseignants, du personnel médical, des travailleurs du bâtiment et des travailleurs chez Amazon qui seront morts parce qu’ils n’auront pas été congédiés pour avoir dénoncer les conditions criminelles d’hygiène faites aux travailleurs.
Et sur chaque facture de votre fournisseur de services offrant “un service instantané grâce à la fibre optique de l’avenir”, il y aura un petit émoji orange à leur douce mémoire. Si ça ne produit pas un peu d’humidité au coin de votre oeil, c’est que vous avez le coeur bien dur, allez.
“Work is Health…”
…”and doing nothing preserves it”, said the song back then. But all things being relative, especially under the reign of the French champion of “at the same time”, what did I espy from the window of my confinement yesterday? The arrival of work vans and trucks. Doors slammed and six (6) hale and hearty youths struggled to unload a huge roll. I recognized one of them. In pre-pandemic days, I had come across the same team further up on the street and I had asked him what this was about. He had told me they were installing the optic fiber required for the next generation of digital services.
This is how I discover that the six (6) young men and others like them perform what our leaders consider to be “essential services”. This should delight our Labor Minister and her boss. Suddenly, I understand better the war imagery the president keeps repeating at every opportunity: in war time, there are “losses”, right? “Losses” the grateful nation commemorates every year. So, if one or another of these workers, part of the shock troops, should die following his devotion to salvaging the economy by installing kilometers of optic fiber underground, he, she or they will be included among the said saviors, alongside teachers, medical staff, construction workers, and those who will have died from not being fired by Amazon for denouncing criminal neglect of workers’ health on the job.
And on each bill you will receive from your service provider offering you “instant service thanks to the optic fiber of the future”, there will be a small orange emoji to their loving memory. If that doesn’t produce a bit of moisture in the corner of your eye, you must have a heart of stone, really.