Je n’ai pas de télé, je me tiens loin de facebook et, de la presse française, je ne lis que Médiapart. C’est donc par le biais de la traduction que j’effectuais d’un article sur Kedistan que j’ai appris que selon la secrétaire d’état chargée de “l’égalité entre femmes et hommes et de la lutte contre la discrimination”, que des femmes tabassées et traînées, qui par les cheveux, qui par les pieds à Paris dimanche dernier, étaient des “anti-capitalistes” et n’avaient pas respecté le parcours de la manifestation.
Je ne sais rien du parcours en question mais je ne savais pas que de marcher hors des clous entraînait comme sanction le fait d’être traitées en “punching bag” et que l’égalité entre femmes et hommes exigeait que les deux soient traités avec le même manque de respect et de dignité. Pour l’heure, je m’arrête sur cette désignation “d’anti-capitalistes” qui semblait justifier, à ses yeux, les sévices subies par ces femmes.
Le capitalisme serait donc la religion d’Etat de notre société supposémment laïque. Est-ce que sa contestation constitue un délit d’opinion ? Une infraction ? Un crime ? Un blasphème, peut-être. La question n’est pas oiseuse, car je suis à lire L’origine du capitalisme – une étude approfondie de Ellen Meiksins Wood*. J’aimerais savoir si l’auteure et moi-même sommes susceptibles de poursuite, et à quel titre, pour oser soulever des questions sur la destruction des ressources et le mépris de l’humain qui sont des éléments incontournables de ce système d’exploitation. Je me doute bien que la secrétaire d’Etat n’a pas réfléchi une seconde à cette question, l’essentiel pour elle étant de rester dans les bonnes grâces de son patron .
Ce cri du coeur de sa part en dit long sur la profondeur de pensée qui sévit dans ce lieu, tout entier consacré à la gloire d’une supposée “start-up nation” qui a déjà fait ses preuves dévastatrices and la Grande-Bretagne sous Mme Thatcher. À les entendre, le capitalisme fait partie du bagage génétique de l’espèce humaine (ce qui est faux) et constitue le stade ultime de la croissance (ce qui pourrait s’avérer juste mais pas pour les raisons qu’ils vantent.)
L’humanisme profond de “la patrie des droits de l’homme” se mesure à l’aune de ses comportements envers sa population, et son silence assourdissant sur le sort qu’on fait à la “marchandise humaine” bradée par le camarade de l’OTAN, un certain Recep Tayyip Erdogan. Les images des garde-côtes grecs repoussant des zodiacs surchargés sont des plus instructives aussi sur cette vérité-première du glorieux système capitaliste: l’objectif de la production est la valeur d’échange, pas la valeur d’usage.(Et avec le coronavirus, quelle aubaine! L’excuse parfaite pour ne pas laisser entrer les gens et les laisser devenir malades et mourir entre eux. C’est tellement plus hygiénique.)
Comme il s’agit là du fin mot du régime capitaliste, les index boursiers sont les valeurs suprêmes de cette religion-là. Alors, tous les yeux sur les marchés boursiers, tous les yeux détournés des matraques, lanceurs de grenade et balles de toutes descriptions.
Opinion-related offense? Infraction? Crime?
I have no TV, I stay clear of facebook and, of the French newspapers, I only read Médiapart. Thus, it was through the translation I was providing for an article on Kedistan that I learned, according to the Secretary of State responsible for “equality between women and men and the fight against discrimination” that women who were beaten and dragged by their hair or by their feet in Paris last Sunday, were “anti-capitalists” and had not respected the path of the demonstration.
I know nothing about the path the demonstration was supposed to follow but I didn’t know that walking outside the official WALK zones called for the sanction of being treated like a punching bag, and that women-men equality called for equal disregard for their respect and dignity. For now, I’m concentrating on this designation of “anti-capitalists” which seems to justify, in her eyes, the mistreatment to which these women were subjected.
Thus, capitalism would be the State religion of our supposedly secular society. Is contesting it an opinion-related offense? An infraction? A crime? Blasphemy, perhaps. This is not an idle question since I am reading Ellen Meiksins Wood’s The Origin of Capitalism – an in-depth study* and I would like to know if the author and myself are liable to legal restrictions, and on what grounds, for daring to ask questions about the destruction of resources and the contempt for humans that are unavoidable elements of this system of exploitation. I certainly suspect the State Secretary has not given a second’s thought to the matter, the essential ingredient, for her, being staying in the good graces of her boss.
This cry from the heart on her part speaks volumes about the depth of the thought processes occurring in that high place, entirely devoted to the glory of a so-called “start-up nation” that had already demonstrated its devastating potential in Mrs. Thatcher’s Great-Britain. Listening to them, capitalism is part of the human species’ genetic inheritance (not true) and represents the ultimate stage of growth (which may prove to be correct but not for the reasons they praise).
The profound humanism of the “birthplace of human rights” can be measured by its behavior toward its own people and its resounding silence concerning the fate of the “human merchandise” being discounted by the NATO comrade, a certain Recep Tayyip Erdogan. Images of Greek coast guards pushing back overflowing rubber dinghies also speak louder concerning this basic truth of the capitalist system: the aim of production is the exchange value, not the use value. (And with the coronavirus, such a bargain! You have the perfect excuse lock people out and let them sicken and die among themselves. So much more hygnienic.)
This being the final word of the capitalist regime, stock markets are the supreme values of that religion. All eyes on the Stock Markets, all eyes away from the truncheons, grenade launchers and bullets of every description.