“Journées grises pour Mr Soleil” –

Ne riez pas. Je sais, vous l’ignoriez, et moi aussi. Mais voilà, je vous l’apprends: vous, moi, tous et toutes devrions nous mettre à l’apprentissage du turc. Pas du chinois? Que nenni, je parierais que quelque part, le chinois n’est qu’une forme déviationniste de la langue d’origine et tenez-vous le pour dit: la langue d’origine de l’humanité, celle qu’on appelle “la langue-soleil” en raison des rayons bienfaisants qu’elle répand sur l’humanité entière, c’est le turc.

C’était un “détail” qui m’avait échappé lors de ma première lecture d’un petit livre fort instructif par Hamit Bozarslan: Histoire de la Turquie contemporaine.* Comme ma copie est la troisième édition, mon apprentissage des vérités premières s’arrêtent en 2002, mais on voit que la trajectoire est bien tracée, quand même. Y compris dans les paroles d’un certain Nihal Adsiz, “figure mythique de la droite radicale” qui eut cette envolée lyrique dans la “langue-soleil” au cours des années 60: “Si les Kurdes courent après l’illusion de fonder un Etat, leur destinée sera d’être effacés de la terre. La race turque a montré la façon dont elle peut traiter ceux qui convoitent la patrie qu’elle a obtenue  au prix de son sang et d’un labeur inestimable.  Elle a effacé les Arméniens de cette terre en 2015 et les Grecs en 1922.”

Il faut croire que les négationnistes n’avaient pas encore informé leur ” figure mythique” que le négationnisme devait se pratiquer aussi dans la “langue-soleil”.

Et pourquoi donc le turc serait-il jusqu’à l’origine de la présente bafouille en français et en anglais? C’est très simple, suivez bien: les premières traces d’écriture nous viendraient des sumériens. Or, prétend la théorie en question, les sumériens étaient des proto-turcs. Ils auraient inventé   le premier mot – ag -pour désigner l’astre soleil autant dans ses effets bénéfiques que destructeurs. Bref, les proto-turcs en question inventèrent aussi les catégories du bien et du mal. Il faut croire qu’avant les sumériens, ag créa Adam et Eve, les ancêtres de tous les turcs.

J’arrête ici la “démonstration” en question puisque, dans mon cas, la seule raison qui m’incitee à apprendre le turc, c’est afin de pouvoir avoir de véritables échanges – et non pas seulement des formules de bons voeux d’usage – avec une des nombreuses jeunes femmes qui se morfondent dans les prisons de ce pays. Pays qui pourrait être bien beau, comme bien d’autres endroits où, malheureusement, c’est la bêtise au service de la force brute qui tiennent lieu d’articles fondateurs dans les principes de gouvernance.

Elections en Iran, disent-ils. Aux Etats-Unis, le président reconnaît volontiers qu’un de ses sbires a menti au tribunal et menacé l’un des témoins et la juge, mais la loi n’a pas à toucher à ses copains ; ici, le défilé des “affaires” minables se poursuit…

Les temps sont nuageux, en effet.

“La fille de la kalmouke” poursuit quand même son petit chemin? Eh oui. C’est une question d’hygiène mentale.

*Hamit Bozarslan, Histoire de la Turquie contemporaine,  3e édition, La Découverte, Paris 2016

 

” Grey Days for Mr Sun” –

Don’t laugh. I know, you were unaware of this, and so was I. But there you have it, I’m telling you now: you, I, all of us should start studying Turkish. Not Chinese? No no, I bet that somewhere, somehow, Chinese is nothing but a deviationist form of the original language, and keep this in mind from now on: the human race’s original language, the one they call “the Sun-language” because of the beneficent rays it spread on all humanity, is none other than Turkish.

This “detail” had escaped me during my first reading of a most instructive little book by   Hamit Bozarslan: Histoire de la Turquie contemporaine. As my copy is the third edition, my apprenticeship of basic truths stops in   2002, but the trajectory to now is already well established nonetheless. Including in the words of one Nihal Atsiz, “mythical figure of the extreme right” who produced this lyrical passage in the “sun-language” during the sixties: “If the Kurds chase after the illusion of establishing a State, their fate will be to be wiped off the face of this earth. The Turkish race has shown how it treats those who covet the country it earned at the cost of its blood and of priceless labor. It wiped the Armenians off this land in 1915 and the Greeks in 1922.” 

Apparently, the negationists had not yet informed “the mythical figure” that “negationism” could also be practiced in the “sun-language.”

And why would Turkish be at the origin of even the present yammering in French and in English? It’s very simple, follow closely: the first traces of writing would have come from the Sumerians. And, according to this theory, Sumerians were proto-Turks. They invented the first word – ag – designating the sun in its beneficial and destructive effects. In other words, these “proto-Turks” even invented such categories as good and evil. I suppose that prior to the Sumerians, ag created Adam and Eve as the ancestors of all Turks.

I interrupt my  “demonstration” here since, in my case, the only reason I’m considering learning Turkish is so that I may move on to real exchanges – and not just formulaic good wishes – with one of the many young women languishing in the jails of that country. A country that could be beautiful, like so many other places where, unfortunately, stupidity at the service of brute force serve as the Founding Articles in principles of governance.

Elections in Iran today, we are told. In the United States, the President willingly admits one of his henchmen lied in court and threatened both a witness and the judge, but in his opinion, the law has no business touching one of his buddies; here, the procession of sordid “affairs” continues…

Cloudy days indeed.

“The Kalmuk’s daughter” carries on, nonetheless? Yep. It’s a question of mental hygiene.