‘activer la pompe’/’priming the pump’

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‘activer la pompe’ –

Pendant qu’il rédige Les raisins de la colère, John Steinbeck note ses réflexions au jour le jour -une façon ‘d’activer la pompe’ des mots, en somme. (Ce qu’il appelle “mettre en branle quotidiennement l’utilisation des mots“.) Le 16 juin 1938, il écrit: “The race in its leaders anyway hardly deserves to survive.” (La race –humaine– en tout cas dans ses dirigeants mérite à peine de survivre.) Pour mémoire, à ce moment-là, le monde est à quelques mois du déclenchement de la 2e guerre mondiale, Hitler finasse au sujet de ses projets d’invasion et se joue de tous ceux qui sont d’accord pour se faire rouler dans la farine, pendant que Steinbeck est dévoré par le doute, le doute, le doute face à son oeuvre, ses capacités, son talent, sa force de caractère, sa valeur en tant qu’être humain, et j’en passe.

Pour ce qui est de son appréciation concernant ces ‘grands z’hom qui nous dirigent’, je suis tentée de la compléter par un questionnement sérieux sur la large part de stupidité, de laisser-faire et d’inconscience chez nous tous qui ne sommes ni grands, ni petits, mais simplement d’accord pour baigner dans les distractions aussi longtemps que faire ce peut,  avant de nous affoler et de crier “mais comment est-ce poss-poss-possiiiible !”

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Inutile de préciser (mais je précise quand même) que ma seule ressemblance avec l’auteur des Raisins de la colère c’est que, moi aussi, je m’efforce de réaliser une certaine quantité d’écriture chaque jour, simplement pour maintenir ce qu’il faut de concentration autour d’un récit pour éviter qu’il ne s’étiole. Rien à voir avec les quelques 2 000 mots qu’il alignait à chaque séance de travail. Mais dire que je ne suis pas Steinbeck, ça n’est rien dire du tout.

(Le livre est disponible en traduction française sous le titre Jours de travail chez Seghers.)

‘priming the pump’ –

While writing The Grapes of Wrath, John Steinbeck jots down his daily thoughts – a way of  “priming the pump’ on words, so to speak. (He calls it “the opening use of words every day“. ) On June 16 1938, he writes: “The race in its leaders anyway hardly deserves to survive.” As a reminder, at that point the world is a few months away from the launching of the 2nd world war, Hitler is playing mind games  with all those willing to be fooled concerning his projected invasions , while Steinbeck is devoured by doubt, doubt, doubt about his work, his abilities, his talent, his will power, his value as a human being, and then some.

As for his appreciation concerning “those greatmen leading us”, I’m tempted to complete it by serious questioning of the large share of stupidity, laisser-faire and unconsciousness on the part of all of us, either big or small, who are simply content to bathe in distractions as long as distractions will allow, before panicking and crying out “bbbut how is this poss-poss-possiblllle!”

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There’s no need to add (but I do so anyway) that my only resemblance with the author of The Grapes of Wrath is that I also attempt to get a certain amount of writing done every day, simply in order to maintain sufficient concentration around a tale so that it does not wither away – nothing like the 2 000 words he would line up almost every day. But saying that I am not Steinbeck isn’t saying anything at all.

 

 

 

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