
Confusion –
Le phénomène est peut-être universel, et de tout temps. Il se remarque moins dans les périodes plus stables et devient criant dans les époques de chamboulements majeurs. Le phénomène en question: tout simplement, celui de l’éducation que les adultes dispensent à leur progéniture et qui est toujours en retard d’une génération ou deux sur le monde contemporain. Soit l’adulte, pensant bien faire, se calque sur l’éducation qu’il ou elle a reçu de ses propres parents; soit, pensant bien faire toujours, l’adulte agit en réaction à sa propre éducation et tente de faire le contraire – c’est à dire, la même chose mais à l’envers.
Heureusement, en sautant une ou deux générations, on trouve parfois des éléments plus utiles dans les comportements d’autres adultes dans le passé, vivant dans d’autres circonstances. Mais ce à quoi les plus jeunes sont exposés et comment ils traverseront les méandres et les contre-courants contemporains, mystère.
Chose certaine, le vieux monde craque de toutes parts. Les “valeurs” supposément sacrées ou permanentes ou incontestables s’effritent comme des chateaux de sable après l’été. Certains mots se vident de sens, d’autres prennent la relève. Ils n’ont rien à voir avec le sens qu’on croyait donner à notre présence sur terre et je ne crois pas qu’il suffise de crier plus fort pour les ré-imposer.
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Je pourrais faire référence à l’hypocrisie monstrueuse qui consiste à clamer que des publicités politiques remplies de faussetés sont des flambeaux de la “liberté d’expression”. Sachant que le modèle financier sur laquelle repose leur circulation consiste à engranger de l’argent pour l’entreprise qui les publie, l’hypocrisie en jeu est aussi évidente qu’un feu rouge même entouré de brouillard.
Je vais plutôt citer un extrait de Mr. Putin par Fiona Hill et Clifford G. Gaddy, non seulement pour ce que livre nous dit au sujet du président russe, mais pour ce qu’il éclaire sur une vue d’ensemble plus large :
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“…pour Vladimir Poutine, l’essentiel au sujet de l’information n’est pas de savoir si elle est fausse ou non. C’est de savoir comment les mots et les actes sont perçus par les autres. Poutine s’intéresse moins à la présentation d’une version de la réalité en particulier qu’à voir comment les autres réagissent à l’information. Pour lui, les autres sont des participants dans un jeu qu’il dirige. Il choisit les intrants, ils réagissent. Il juge. Leurs réponses à ses intrants lui disent ce qu’il pensent qu’il est lui-même – mais en répondant ils lui disent aussi qui ils sont, ce qu’ils veulent, ce qui leur importe. Pour sa part, Vladimir Poutine révèle très peu de choses en échange. En effet, il s’efforce par des moyens souvent compliqués de semer la confusion chez les autres participants.”* (traduction libre depuis l’original en anglais).
Semer la confusion. Le “gagnant” étant celui qui a le mieux perdu ses adversaires dans une combinaison de filets, de pièges et de terrains marécageux.
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Confusion. La nommer d’abord, et pour en sortir, ne pas se précipiter sur la première “vieille recette” connue.
*Fiona Hill, Clifford G. Gaddy, Mr. Putin, operative in the Kremlin, The Brookings Institute, 2015 edition.
Confusion –
Perhaps this is a universal phenomenon and always has been. It is not as noticeable in more stable periods and stands out during times of major upheavals. The phenomenon: quite simply, that of the education adults provide to their offspring, and that is always one generation or two behind the times. Either the well-meaning adult, copies the education he or she receives from his or her own parents: either, always with the well-meaning thought, the adult acts in reaction to his or her own education and attempts to do the opposite – which amounts to the same thing in reverse.
Luckily, by skipping one or two generations, one can sometimes find more useful elements in the behaviors of other adults in the past, who lived in different circumstances. But that to which the young are presently exposed and how they will negotiate the meanders and cross-currents is a mystery for me.
What seems obvious is that old world is splitting apart. “Values” that were supposedly sacred or permanent or undeniable are frittering away like sand castles once summer is over. Some words are bled from their meaning, others take their place. They have nothing to do with the meaning one thought to give to our presence on earth. I don’t think yelling louder will be enough to re-impose them.
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I could refer to the monstrous hypocrisy of claiming that political ads filled with falsehoods are beacons of “free speech”. Knowing that the business model on which their circulation rests is one of major financial gains for their publisher, the hypocrisy stands out like a red light, even in an enveloping fog.
Instead, I’ll refer to this excerpt from Fiona Hill and Clifford G. Gaddy’s Mr. Putin*, not only for what it says about the Russian President, but for what it tells us of the wider picture:
“…for Vladimir Putin the main thing about information is not whether it is true or not. It is how words and deeds are perceived by others. Putin is less interested in presenting a particular version of reality than in seeing how others react to the information. For him, others are participants in a game he directs. He chooses inputs, they react. He judges. Their responses to his input tell him who they think he is – but by responding they also tell him who they are, what theywant, what they care about. For his part, Vladimir Putin reveals very little in return. Indeed, he goes to great, often elaborate, lengths to throw other participants off track.”
Sowing confusion. The “winner” being the one who has best manage to embroil his opponents in a combination of nets, traps and swampy ground.
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Confusion. Naming it, first of all and, in order to escape it, not jumping on the first familiar “old recipe” that shows up.