
En Franglich’ please –
Déjà, lorsque je mets les pieds à ma banque et que le vois l’affiche annonçant Ma French Banque, je m’interroge à savoir si le mot French fait plus français que le mot…ben, français, justement.
Et quand des gamins de ma rue se présentent déguisés à ma porte trois jours avant la fête de la Halloween dont ils ne savent strictement rien si ce n’est qu’on y reçoit des bonbons, je me dis qu’il s’agit d’un bon coup pour les commerçants et pour les dentistes.
Mais alors, quand arrive Black Friday ! Que dire. En France, Black Friday signifie simplement l’occasion de mettre en scène une semaine complète de courses aux achats et je suppose que Vendredi Noir ne donnerait pas le résultat escompté. Pour ce qui est du bénéfice net, la question fondamentale (pour moi et non pas pour les commerçants, bien sûr): s’ils peuvent faire des affaires avantageuses à des prix franglich‘ tout à fait “discount“, quelle est la nécessité des prix réguliers?
Mais je m’égare. Black Friday. Au commencement, il y eut des manifs ouvrières où les policiers tuèrent un certain nombre d’ouvriers. Rien à voir avec un écran plat de télé à moitié prix. Puis, l’encre noir représentant aussi des écritures bancaires avantageuses, les commerçants américains décidèrent de profiter du vendredi suivant la fête du Thanksgiving (la plupart des gens faisant alors “le pont”) pour organiser des ventes monstres. Les rues et les trottoirs furent alors noirs de monde et les morts furent le fait de mouvements de foule pour prendre les commerces d’assaut. L’opération commerciale étant profitable et les morts n’apparaissant pas dans les bilans financiers, le principe du Black Friday fut établi.
Ce qui me ramène à ma question initiale. De toute évidence, je n’ai pas la fibre commerçante.
*
Plus d’infos sur les malheurs et les tribulations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC)? Ici. Mais le texte est entièrement en anglais sans une seule expression en franglich’. Eh non. Désolée.
(Si vous préférez, vous pouvez relire le chapitre 16 dans le Marcovaldo d’Italo Calvino, intitulé Marcovaldo au marché: “…une queue interminable serpentait sur tous les trottoirs, sous toutes les arcades des rues et, s’engouffrant à travers les portes vitrées des magasins, se pressait autour de tous les comptoirs, poussée par les coups de coude dans les côtes de chacun comme par d’incessants coups de piston.” Quelle délice. On s’y croirait…)
Oui, je sais, on peut éviter ces inconvénients en achetant directement de chez soi. Ça s’appelle “la souveraineté du consommateur” laquelle surpasse “la souveraineté du citoyen”, bien évidemment. J’y reviendrai une autre fois.
In Frenglish please –
Already, when I set foot in my bank and see the poster proclaiming Ma French Banque, I ask myself if the word French looks more French than the word…well, the word français, precisely.
And when the kids on my street show up at my door in their disguises three days before Halloween – a holiday they know nothing about except for the fact there’s a candy handout involved, I tell myself this is a clever move by both industries and dentists.
But then, when Black Friday shows up in France ! What can I say. Over here, Black Friday simply means an opportunity to run week-long buying sprees and I suppose Vendredi Noir wouldn’t have the proper ring to it. Bottom line for me (not the merchants, obviously): if they can rake in the money at these “discounted” prices, what do they need the “regular” prices for?
But I digress.Black Friday. In the beginning, there were workers’ demonstrations where the police killed some demonstrators. Nothing to do with a race for a flat screen TV at 50% off. Then, black ink also signifying profitable banking operations, American businesses decided to take advantage of the Friday following Thanksgiving (most people then taking the Friday off for a long weekend), in order to organize massive sales. Streets and sidewalks then turned black with people and the dead resulted from the crush of bodies attempting to crowd into the stores. The financial operation proved profitable, and the dead not showing up on balance sheets, the principle of Black Friday was established.
Which brings me right back to my initial question. I clearly do not possess the commercial fiber.
*
An update on woe woe woe the WTO ? Right here. In English with not a single Frenglish term, I’m afraid. Sorry.
(Or, if you prefer, you can read chapter 16 in Marcovaldo, titled Marcovaldo at the supermarket: “…an uninterrupted line wound along all the sidewalks and under the arcades, extended through the glass doors of the shops to all the counters, nudged onwards by each individual’s elbows in the ribs of the next, like the steady throb of pistons…” How delightful. Feels as if you were there.)
Yes, I know, you can avoid all these inconveniences by shopping directly from home. It’s called “consumer sovereignty”, which outranks “citizen sovereignty” of course. I’ll come back to it some other time.