Tchin !

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Enfant, j’adorais le jeu qui consistait à trouver les sept chèvres ou les dix loups qui se dissimulaient dans un dessin. Raison pour laquelle, après en avoir lu une critique, je me devais de vérifier la page 123 du plus récent titre de Sylvain Tesson, La panthère des neiges. Eh oui, une panthère des neiges se dissimulait dans la photo ( je vous avertis, une fois qu’on la voit, on ne voit plus qu’elle.) Sur la lancée j’ai acheté le livre, évidemment. Je ne savais pas qu’il venait de remporter le Renaudot. Tant mieux pour lui. Le livre m’a bien plu.

Sylvain Tesson aime les aphorismes. Certains sont plus amusants que d’autres. L’un d’entre eux m’a semblé un peu facile: “L’homme se préoccupe de l’homme. L’humanisme est un syndicalisme comme un autre.” C’est ratisser un peu large, non? Je comprends que le livre est avant tout un hymne à la vie “autre” qu’humaine, mais je ne pense pas que l”humanisme” soit le pire des ravages qu’imposent certains humains à d’autres humains, et à notre planète commune.

M’enfin. Si vous n’avez jamais éprouvé un froid et un vent glacial qui coupe comme une lame  à -35°C, un séjour avec Sylvain Tesson, le photographe animalier Vincent Munier (et de brèves apparitions de la bête mythique) vous offrira l’occasion de vous y risquer…du moins, en imagination.

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Ce fut ma semaine pour les livres primés, on dirait. Ainsi, j’ai appris que  Jean-Paul Dubois venait de remporter le Goncourt pour son roman Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon alors que j’en terminais la lecture.  J’en suis bien contente pour lui puisque, à choisir entre un Houellebeck et un Dubois, la question ne se posera jamais pour moi;  ça sera Dubois à tout coup.

Par contre, je ne pourrai jamais prêter ma copie à qui que ce soit à cause de l’obligation dans laquelle je me suis trouvée de ré-écrire toutes les interventions d’un dénommé Patrick Horton (comme la chaîne canadienne de beignets en tous genres du même nom). Pourquoi ? Parce que ledit Horton souffre d’un défaut de langue que nul lecteur français remarquera, j’en suis certaine, mais qui pour une Québécoise de naissance saute aux yeux dès qu’il prononce son premier “putain” avant d’enchaîner avec “ne pas déconner“, “ce truc”, “le mec“, et j’en passe. Bref, Patrick Horton, Hell’s Angel québécois “pure laine” s’exprime comme s’il était natif du quartier de La Reynerie à Toulouse. Afin  de maintenir ma crédulité au niveau du reste de ma lecture , j’ai modifié ma copie personnelle du roman. Dans celle-ci, Patrick ne dit pas: “Putain, t’as vu ça?” Il dit: “Ostie, t’as-tu vu?” Il ne dit pas: “…ce qu’ont coûté ces conneries ?” Il dit: “…combien ça coûté, c’t’affaire là?” Il ne dit pas “…sacrément loin du compte, mon pote.” Il dit: “…mauditement loin du total, mon chum.” Et ainsi de suite.

Pour le reste, pas de problème. C’est “sacrément agréable” de reconnaître le boulevard Gouin et autres paysages de Montréal,  sans parler de la ville de Thetford Mines qui fait ainsi son entrée officielle dans la littérature française après que le produit de ses mines d’amiante ait connu le succès mondial que l’on sait. Bien le bonjour aux Thedfordois et aux Thedfordoises,  j’espère que les problèmes d’amiantose sont en décroissance chez vous.

Et bravo à Jean-Paul Dubois pour le Goncourt, évidemment. Il paraît que ça rapporte un “pognon de dingue.” (Ce dernier commentaire, en hommage au président des français lequel, ne craignant pas le ridicule, s’est tenu hier aux côtés du président-à-vie de ce vaste pays qu’on appelle la Chine pour lui signifier, à lui et à ses concitoyens, une invitation à “s’ouvrir sur le monde”.  Ils ont dû en rigoler un bon moment derrière son dos au petit français. N’est-il pas au courant que la Chine…euh… comment dire? En Amérique latine? En Afrique? En Asie?  Les kilo-tonnes de  conteneurs convoyés à travers la planète?  Et même, si ma mémoire est bonne, c’est bien un chinois qui a racheté l’aéroport de Toulouse, non? Le petit français avait peut-être  d’autres bonnes affaires à leur proposer dans la “start-up nation” ? Boudu, comme disait l’autre, sauvé des eaux… Au retour des hauts plateaux, l’avion de Sylvain Tesson fait escale à Chengdu,”bourg moyen” de Chine, c’est-à-dire une localité comptant un maigre petit 15 millions d’habitants… Alors, à la bonne vôtre, monsieur le président !)

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