op.cit.

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Les mots sont-ils vraiment de Camus ? Je ne sais pas.  En tout cas, on me les a cités comme telle : “Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde.” Ce qui est exact,  tant les humains vivent grâce à la parole quand elle est précise, et malgré elle quand elle ne l’est pas.

Mais comme les mots ne sont pas nécessairement ceux de Camus, je fais une recherche rapide et je tombe sur ceci: dans le texte Sur une philosophie de l’expression, Camus écrit: “...nos paroles nous engagent et nous devons leur être fidèles. Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur du monde.” 

Sur l’essentiel, donc, le sens est respecté. Et le monde ne manque pas de fabricants de malheur, c’est le moins que l’on puisse dire.

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Un exemple parmi trente-six mille autres possibles ce matin: sur The Guardian     j’apprends qu’un certain Monsieur Zuckerberg, soucieux de son image de marque, a décidé de changer l’apparence de son logo. Les usagers de sa plate-forme ne liront plus Facebook, mais bien  FACEBOOK en couleurs chaudes “favorisant un sentiment d’optimisme.” (Le président des Etats-Unis est aussi un fervent DES COMMENTAIRES TOUT EN MAJUSCULES. Franchement, il n’en découle pas des fleuves d’optimisme ni de joie de vivre.) M’enfin. Quand on songe que la plate-forme de Zuckerberg a commencé sous la forme d’un trombinoscope sur lequel lui et ses copains évaluaient le potentiel attractif des étudiantes de leur voisinage, on comprendra qu’il ne suffit pas de devenir ENORME pour dépasser les premiers stages de l’éclosion hormonale, et évoluer dans le sens de la maturité et de l’intelligence. Et prétendre “encourager le débat civique” en publiant des publicités mensongères de candidats aux élections…euh…j’en reviens à Camus: “…nos paroles nous engagent et nous devons leur être fidèles. Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur du monde.” 

Il faut croire que Zuckerberg et son entourage sont d’une fidélité à toute épreuve à l’obscur et unique objet de leurs désirs. Quel que soit cet objet, il n’a pas grand chose à voir avec le bien-être des usagers de leur “service”.

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Are the words truly by Camus? I don’t know. At any rate, they are quoted as such: “Mis-labelling (or badly naming) things adds to the world’s misery.” Which is true, given how humans live thanks to words when they are precise, and despite them when they are not.

But as the formulation is not necessarily that used by Camus, I do a quick research and find what follows, excerpted from Sur une philosophie de l’expression (On a philosophy of expression) where Camus writes:   “...nos paroles nous engagent et nous devons leur être fidèles. Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur du monde.” (Our words are a commitment and we must be faithful to them. Badly naming an object adds to the misery in the world.)

So essentially, the meaning is respected. And the world has no dearth of misery makers, that’s the least one can say on the topic.

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One example among thirty-six thousand other possibilities this morning: on The Guardian, I learn that a certain Mister Zuckerberg, concerned about his brand’s image, has decided to change the appearance of his logo. Users of his platform will no longer read Facebook but rather FACEBOOK in warm colors “providing a sense of optimism”. (The President of the United States is also an aficionado of COMMENTS ALL IN CAPS. Frankly, they do not flow like rivers of optimism nor of joie de vivre.)But there you are. When you think that Zuckerberg’s platform began as a space on which he and his buddies rated campus female students on their attractiveness, one understands that it’s not enough to become ENORMOUS in order to move on from the first phases of hormonal blossoming and evolve in terms of maturity and intelligence.    And claiming to “foster civic debate” by publishing lies by electoral candidates…uh… I’m back to Camus:    “…nos paroles nous engagent et nous devons leur être fidèles. Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur du monde.” (Our words are a commitment and we must be faithful to them. Badly naming an object adds to the misery in the world.)

It seems that Zuckerberg and his entourage are adamantly faithful to the obscure and singular object of their desires. Whatever it may be, it has little to do with the well-being of their “service’s” users.

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