
Normal –
Pour quatre New-Yorkais à l’aise, récemment, “normal” voulait dire se présenter sans réservations à un restaurant coté, offrir 100$ “pour les pourboires des serveurs” et se faire installer à une table pour le plus grand bonheur de tous. Alors que pour d’autres New-Yorkais moins fortunés, “normal” voulait dire une autre journée dans un appartement-piège à pollution sonore.
Pour plusieurs résidents sur ma rue, ce matin, “presque normal” consistait à balayer le verre cassé de la voiture défoncée par une jeune femme en crise. Une variante des batailles de rue que se livrent ses deux frères régulièrement. “Visant vers le normal” consistait ensuite pour moi , entre deux traductions, à planter des pensées qui devraient fleurir tout l’hiver.
À Hasankeyf en Turquie, “normal” s’est terminé en août lorsque la ville a commencé à être submergée à jamais en raison du barrage sur le Tigre, pendant que dans la région de la ville de Mexicali au Mexique, le “complètement anormal” pour les enfants se produisit le jour où les Etats-Unis relâchèrent un peu d’eau dans la rivière Colorado et qu’ils purent voir, de leurs propres yeux, l’eau couler et la végétation reprendre…avant que le voisin du nord ne ferme le robinet à nouveau.
Si je mentionne à quoi “normal” ressemble ces jours-ci dans les rues souillées d’ordures de Port au Prince en Haïti, vous me direz que vous ne voulez même pas le savoir.
Normal. Une journée dans la vie sur terre. Plein d’autres événements s’y déroulent en ce moment même. Et si vous arrivez à vous évader de la pollution sonore et visuelle des publicités qu’on vous impose (bonne chance), vous pourrez vous concentrer sur les choses qui comptent vraiment pour vous, et qui ne demandent ni argent et/ou la nécessité d’effacer les invitations agaçantes à dépenser, dépenser, dépenser.
Et puis, le journal The Guardian propose une série sur les inégalités environnementales. Une façon parmi d’autres d’améliorer son anglais et de ne pas clamer son innocence par ignorance.
Illustration: Les voyageurs immobiles. Marionnettes. Il vous faudra d’abord faire disparaître les publicités, mais vous pourrez ensuite voir une partie de leur spectacle sur youTube.
Normal –
In the case of four well-off New Yorkers recently, “normal” meant showing up without reservations at a popular restaurant, offering $100 “for the waiters’ tips” and being led to a table, to everyone’s great satisfaction. While “normal” for some not-so-well-off New Yorkers meant dealing with another day in a sound-trap apartment.
For several residents on my street, this morning “almost normal” consisted of sweeping up the broken glass from the car window a young woman smashed in a fit of rage. A variation on the street battles her two brothers stage regularly. “Aiming for normal” for me then consisted, between two translations, in planting pansies that should flower all winter.
In Hasankeyf in Turkey, “normal” ended in August when the town started being submerged forever because of the dam on the Tigris River, while for the children in the area of the town of Mexicali in Mexico, the “utterly abnormal” occurred the day they saw with their own eyes water flowing in the Colorado river and vegetation springing up again…before the neighbor up North closed the tap again.
If I mention what “normal” looks like in the garbage-strewn streets of Port au Prince Haiti these days, you’ll tell me you don’t even want to know.
Normal. A day in the life on earth. Lots of other events going on. And if you manage to escape the sound and visual pollution imposed by advertising (good luck), you may even be able to concentrate on things that truly matter to you and don’t require money and/or clicking off annoying invitations to buy more more more.
Of note: The Guardian provides a series of articles on environmental inequalities for those who would rather know than claim innocence through ignorance.
Illustration: Les voyageurs immobiles. Puppets. You’ll have to click off the ads first, but you can then catch part of their show on youTube.