
6.8.19 –
Parfois, l’œil survole quelque chose pendant la lecture des informations, et le titre seul de ‘l’opinion” ou de l'”analyse” de quelqu’un suffit largement.
L’autre jour, c’était quelqu’un qui se demandait pourquoi on a toujours de la misère à accepter les femmes dans des postes de combattantes à la guerre.
Personnellement, j’en suis toujours à me demander pourquoi on considère les hommes comme de la chair à canon, de naissance.
Non, je ne me fais aucune illusion à ce sujet, comme à bien d’autres. Aucune illusion et aucune réponse. Mais parfois, de rester avec une question, c’est le mieux qu’on puisse faire.
Peut-être était-ce là le sens des questionnements incessants de Socrate (et la raison pour laquelle les autorités lui en voulaient tant.)
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En réponse au “c’est la faute à tous ces fous et aux jeux vidéo violents”:
“Ce n’est pas le contenu du jeu, mais la stimulation même qui produit les effets de désensibilisation de l’expérience corporelle – à la fois la souffrance et le plaisir. À l’évidence, on ne devient pas un meurtrier de masse simplement parce qu’on joue à des jeux vidéo ou parce qu’on pratique d’auttres formes e stimulation numérique mais le meurtrier de masse incarne de manière exceptionnelle une tendance globale dans cette mutation générale de l’esprit humain.” (Franco Berardi, Tueries, Forcenés et suicidaires à l’ère du capitalisme absolu, Lux, Montréal 2015
Sur la question de la désensibilisation – ça me rappelle une observation d’une amie qui travaille avec de jeunes enfants en déficit d’apprentissage. Dans sa pratique, elle note un nombre croissant de très jeunes enfants qui ne savent tout simplement pas comment jouer avec des objets réels. Des blocs en plastique ou en bois, par exemple? L’enfant sait toucher un écran pour déplacer leur représentation unidemensionnelle, mais il n’a aucune aucune quoi faire avec les objets en trois dimensions. Aussi, la tendance à perdre intérêt très rapidement sans chercherune autre source de stimulation.
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Et puis, ceci, tiré d’une note inédite pour un “Projet de dictionnaire” de Guy Debord, cité par Anselm Jappe dans la société autophage: “Toutes les classes dominantes du passé ont eu au moins l’intelligence de comprendre que, dans la mesure de leurs moyens, elles n’avaient pas intérêt à répandre la peste, la lèpre, la tuberculose, etc. parce qu’elles en seraient aussi touchées. La classe dominante actuelle a répandu la non-pensée, le look spectaculaire, la connerie. Et elle est touchée elle-même d’une manière terrible : bêtise des “décideurs”.
August 6 2019 –
Sometimes, the eye skims over something while looking at the news and just the title of someone’s “opinion” or “analysis” is all you care to know about it.
The other day, it was someone asking why it is we still have trouble accepting women in combat positions at war.
Personally, I ask myself why we still consider men as natural-born canon fodder.
No, I have no illusions on this score, as on many others. No illusions and no answers. But sometimes, staying with a question is the best one can manage.
Perhaps that was what Socrates meant by his constant questioning (and why the ahtorities held such a grudge against him.)
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In response to “it’s all the fault of those crazies and violent video games”:
“It is not the content of the game, but the stimulation in itself that produces desensitization from corporal experience – both pain and pleasure. Obviously, one does not become a mass murderer simply because one has played video games or practiced other forms of digital stimulation, but the mass murderer incarnates in an exceptional manner a global tendency in this general mutation of the human mind.” Franco Berardi, Tueries, Forcenés et suicidaires à l’ère du capitalisme absolu, Lux, Montréal 2015
On the question of desensitization – I’m reminded of an observation by a friend who works with young children with learning deficiencies. In her practice, she notes a growing number of very small children who simply do not know how to play with real things. Plastic or wooden blocks, for instance? The child knows how to touch a screen to move flat digital images of them, but has no idea what to do with the three-dimensional objects. Also, their tendency to lose interest very quickly and not to do anything in search of further stimulation.
And this, from an unpublished note relating to a “Dictionary Project” by Guy Debord, quoted by Anselm Jappe in la société autophage: “All previous dominant classes at least were smart enough to understand they had no interest in spreading the plague, leprosy, tuberculosis, etc, because they would be afflicted in turn. The current dominant class has spread non-thought, the spectacular look, stupidity. And it is touched directly in a terrible way: “stupidity of “deciders”.